Laboratoires incontournables que ceux des FREDON. 1- Expérimentation en milieu confiné. ph. FREDON NPDC
Que sait-on de la FNLON ? Citée dans l'« ours » de Phytoma p. 38, c'est un des organismes patronant la revue. Certains de nos lecteurs se souviendront de la raison de ce patronage : la FNLON, dite alors FNGPC, éditait la revue La Défense des Végétaux fusionnée avec Phytoma en 1990. Ils savent aussi que la FNLON fédère des FREDON et FDGDON et que « les luttes collectives contre les ragondins ou la flavescence, c'est eux ».
Ont-ils noté que de nombreux BSV, les fameux « Bulletins de santé du végétal », sont réalisés avec la participation de FREDON ? Que les laboratoires de FREDON deviennent incontournables ? Pour en savoir plus, Phytoma a interrogé le président de la Fédération nationale de lutte contre les organismes nuisibles.
Tous les végétaux, et écophyto
PHYTOMA : Jean-Paul Dalies, vous êtes depuis bientôt deux ans président de la FNLON, avec un nouveau directeur depuis un an. Ce double changement de tête va-t-il tout chambouler dans cette fédération ?
– Tout, non. Il y a une réalité et une qualité du travail de terrain dans les régions et les groupements de base qui ne demandent qu'à continuer. Ce qui change, c'est d'abord que nous voulons faire connaître nos réalisations bien plus qu'avant. Et aussi que, par ailleurs, la refondation de la politique sanitaire du végétal fondée sur les états généraux du sanitaire nous conforte dans notre nouvelle dynamique. C'est pour accompagner cela que nous avons fait appel à Olivier Pechamat, Directeur de la FNLON depuis septembre 2011.
Pourquoi ?
– Pour comprendre, il faut faire référence à toute l'évolution que nous avons connue aux côtés des services de l'Etat et dans l'intérêt public de nos concitoyens.
En 1927, nous étions Syndicat de défense contre les ennemis des cultures.
En 1992, nous sommes devenus Fédération de défense contre les organismes nuisibles pour la surveillance biologique du territoire (SBT) en tant qu'organisme à vocation sanitaire (OVS) pour le végétal. De facto, le champ de notre intervention concernait les problématiques phytosanitaires tant rurales qu'urbaines.
Désormais, nous sommes en charge de la SBT contre des dangers sanitaires liés au végétal, concept défini plus largement comme étant de nature – notamment – à porter une atteinte grave à la santé publique ou à la santé des végétaux. Cette évolution caractérise le champ de notre activité professionnelle : une vocation sanitaire végétale générale et transversale.
D'où l'élargissement aux zones non agricoles... Il y a un exemple récent dans Phytoma : on a découvert en Gironde des vignes de particuliers porteuses de flavescence dorée, due à un organisme de lutte obligatoire nuisible à la viticulture et contre lequel le GDON local s'est mobilisé(1).
– Cela illustre la capacité à agir que permet notre structuration. Un autre exemple, c'est la gestion des foyers de capricorne asiatique en Pays-de-la-Loire. Les FREDON, FDGDON et leurs échelons locaux, avec leur expérience de la gestion des foyers d'organismes invasifs, ont puissamment contribué à organiser et mener à bien la lutte et la surveillance.
Il faut aussi noter l'importance des efforts de recherche et développement des fédérations sur les diverses problématiques de terrain, parfois en avance sur la loi et toujours dans le souci de la préservation et la surveillance du patrimoine naturel et la préoccupation du bien-être de nos concitoyens.
Pour illustration, peu de gens savent que notre réseau est l'inventeur du concept initial du Bulletin de Santé du Végétal (BSV) dont les données d'épidémiosurveillance qu'il contient servent ensuite aux conseillers.
Autre exemple : du fait de notre élargissement aux zones non agricoles et dès avant le plan Ecophyto 2018, il a créé de longue date des chartes induisant des démarches de réduction des produits phytosanitaires. L'une d'elle a reçu le trophée Territoria 2008 « Projet innovant » du Sénat. Elle est actuellement déployée dans plusieurs régions de France et totalise pour l'instant 1 400 communes adhérentes.
L'expérimentation (en produits phytosanitaires et en mesures de biocontrôle) est aussi un axe important de travail.
Cette qualité d'organisme à vocation sanitaire du réseau des FREDON et FDGDON a été réaffirmée officiellement à l'occasion de l'ordonnance de juillet 2011. Il est temps de le faire savoir.
Mission : le faire savoir
Le faire savoir auprès de qui ?
– Auprès des acteurs et décideurs du monde rural et du monde urbain.
Plus précisément ?
– Votre lectorat est constitué surtout de spécialistes du végétal connaissant assez bien les champs d'interventions de nos fédérations. C'est moins le cas lorsque l'on sort de cette sphère professionnelle. L'éventail de nos activités mérite d'être connu par les spécialistes mais aussi ailleurs.
Où donc ? Auprès de quels publics ?
– Le sanitaire, en termes de surveillance, de prévention et de lutte, c'est une question de collectif : de nos concitoyens, propriétaires ou détenteurs de végétal, aux opérateurs spécialisés en recherche. Pour ce qui concerne l'État et nos fédérations, il faut développer la portée opérationnelle dans la mise en place de la SBT, dont l'épidémiosurveillance(2) n'est qu'une brique. Il faut sensibiliser les élus des collectivités locales bien sûr, mais aussi les Agences de l'eau, les entreprises d'assainissement, sans compter le monde économique et associatif. C'était – à l'évidence – le sens général des conclusions des états généraux du sanitaire.
Que voulez-vous faire savoir à ces publics ?
– C'est important de dire qui nous sommes. La FNLON – réseau des FREDON et FDGDON – a une vocation philanthropique sur les questions opérationnelles du sanitaire du végétal. C'est un réseau d'organismes à vocation sanitaire (OVS) marqué par son indépendance, son intégrité et son impartialité.
Il est désormais en charge, par le biais des associations sanitaires régionales (ASR) créées avec nos homologues OVS de l'animal (le réseau des GDS, groupements de défense sanitaire), de mettre en oeuvre les schémas régionaux de maîtrise des dangers sanitaires en associant tous les acteurs qui ont un intérêt aux questions sanitaires.
Impartialité et compétence
C'est un axe majeur de la refondation de la politique sanitaire en France qui prévoit que la mise en opération doit être encadrée par des garanties d'impartialité économique et politique. Par exemple, notre déontologie fait que nos actions marchandes (ex : diagnostic laboratoire, formation) ne sont pas liés à des intérêts commerciaux.
Autrement dit, le réseau facture le diagnostic de ses laboratoires et les formations dispensées par ses agents, mais ni l'un ni l'autre ne sont liés à la vente d'autre chose ?
– Exact. Nous garantissons ainsi notre impartialité.
Et quand vous distribuez des produits pour une lutte collective, vous ne gagnez pas d'argent dessus ?
– Nous sommes composés d'organisations non capitalistiques. S'il était décidé d'une marge sur la revente de produits liée à une lutte collective encadrée, elle servirait à financer des actions sanitaires qui ne s'autofinancent pas.
Donc vous avez à faire connaître non seulement vos champs d'activité – la surveillance de la santé végétale, le diagnostic et la formation dans ce domaine – mais vos atouts dans ce domaine. Outre l'impartialité, quels sont-ils ?
– La compétence et la présence opérationnelle ! Nous faisons profession du sanitaire sur les axes de la surveillance, de la prévention et de la lutte depuis 1927 sur l'ensemble du territoire avec un maillage pertinent d'élus, de bénévoles et de salariés.
Nos salariés représentent un remarquable vivier de compétences avec des spécialités rares en malherbologie, phytopathologie (bactériologie, virologie, mycologie, nématologie), entomologie et même ornithologie. Nous avons des laboratoires avec des spécialités variées.
Ah oui, dans l'article sur l'épidémiosurveillance de juin dernier(3), le tableau récapitulant les outils de diagnostic et analyse en routine liste 12 laboratoires de Fredon.
– Exact. Il s'agit-là de laboratoires de premiers diagnostics. Mais nous avons aussi des laboratoires agréés. Tous permettent d'accompagner la SBT des organismes nuisibles, soit par une démarche de diagnostic différentiel, soit par une confirmation des suspicions. Ils sont ouverts aussi aux particuliers qui constatent des dépérissements et qui s'interrogent.
C'est un rôle comparable à celui de l'épidémiosurveillance animale par le réseau des vétérinaires ou, plus modestement bien sûr, comparable à celui des médecins généralistes, les spécialistes étant les unités spécialisées en santé végétale des instituts techniques et centres de recherche. Nous participons à la professionnalisation de la SBT.
Nous voulons faire connaître aux décideurs les riches savoirs et savoir-faire de notre réseau.
Organiser, accompagner, créer la fierté
Bon, rien ne va changer dans le travail des FREDON, FDGDON et GDON ? Et votre travail c'est juste le faire savoir ? Ou bien il y a autre chose en plus ?
– Il y a autre chose. La FNLON va accompagner les fédérations dans une étape supplémentaire de la professionnalisation de la SBT via la mise en place des schémas sanitaires régionaux. C'est un axe fort de mon mandat, et je veillerai à la participation active des divers partenaires nécessairement associés.
Au-delà, la FNLON est là pour épauler notre réseau dans son développement. Elle veille aux synergies internes et à structurer la créativité. Elle accompagne nos décideurs pour qu'ils optimisent les compétences et qu'ils prennent conscience de celles qu'ils ont déjà. Cette professionnalisation et cette fierté sont un point fort de notre projet d'entreprise.
Projet d'entreprise ?
– C'est une notion nouvelle pour notre fédération. Oui, j'ai souhaité que nous utilisions les mêmes outils de gestion de projet que dans les grands groupes. Les centaines de collaborateurs du réseau doivent pouvoir continuer à se définir par rapport aux valeurs du groupe dans notre nouvelle évolution. Notre démarche d'entrée en système d'assurance qualité sur une norme métier accélérera cela.
Vous avez dit synergies. Des exemples ?
– Par exemple, les fédérations savaient déjà réaliser des formations sur des thèmes liés à la santé végétale, à l'usage des produits phytos et aux méthodes alternatives. C'était logique que le réseau propose de réaliser des formations de préparation au Certiphyto. La FNLON a coordonné les fédérations intéressées pour déposer des dossiers de façon concertée et en commun. Résultat : notre réseau est habilité pour les sept catégories de certificat dans lesquels c'est actuellement possible(4), sur l'ensemble du territoire métropolitain, directement ou indirectement.
Il en a été de même lorsqu'il s'est agi de gérer les indemnisations liées aux conséquences des luttes obligatoires que le réseau est chargé de coordonner et organiser sur le terrain.
En bref, la FNLON a mission d'être une tête de pont adaptable et réactive, au service de son réseau de terrain, avec un rôle premier de coordination, développement et surtout valorisation. J'espère que cet entretien y contribuera !
<p>(1) M. van Helden - Flavescence dorée en viticulture, une fatalité durablement gérable ? <i>Phytoma</i> n° 654, mai 2012, p. 24-27.</p> <p>(2) N.D.L.R. L' épidémiosurveillance des cultures existe depuis longtemps (ancien article L 201-1 du code rural) et consiste en la collecte, le traitement et la diffusion d'informations d'ordre épidémiologique. Depuis le lancement du plan Ecophyto 2018, elle a été intensifiée et le réseau d'épidémiosurveillance en zone agricole et non agricole remodelé. Les BSV (<i>Bulletins de santé du végétal</i>), alimentés par les partenaires du réseau d'épidémiosurveillance et coordonnés par les FREDON dans de nombreuses régions, ont succédé aux AA (<i>Avertissements Agricoles</i>). Ces bulletins étaient édités par les SRPV (Services régionaux de la protection des végétaux) avec l'aide de réseaux de correspondants locaux (dont de nombreux membres maintenant engagés dans les réseaux de SBT) et, déjà, de FREDON. Ils étaient de qualité variable, excellente pour certains, mais de notoriété trop faible.</p> <p>(3) J. Jullien – Epidémiosurveillance des cultures : du diagnostic au résultat d'analyse dans le BSV. Phytoma n° 655 , juin-juillet 2012, p. 44-51</p> <p>(4) NDLR - Il y a 9 catégories de Certiphyto (certificat individuel obligatoire pour exercer des professions liées à l'usage des produits phytopharmaceutiques). Mais, lors de l'entretien avec J.P. Dalies (et même de la rédaction de ces lignes début septembre 2012), les conditions d'habilitation des centres de formation aux deux catégories de personnels de collectivités locales n'étaient pas encore finalisées... Donc aucun centre de formation n'avait pu être habilité.</p>
2 - FNLON, explication de sigle : rappel historique et sémantique
La FNLON, Fédération nationale de lutte contre les organismes nuisibles aux végétaux, a succédé en 2005 à la FNGPC, Fédération nationale des groupements de protection des cultures, elle-même créée en 1927.
Ce changement de nom a suivi celui des groupements que fédère ce syndicat(1). De GPC (groupements de protection des cultures) avec leurs fédérations départementales (FDGPC) et, à partir de 1980(2), leurs fédérations régionales (FRGPC, dans certaines régions FREDEC, Fédération régionale de défense contre les ennemis des cultures), on était progressivement passé aux GDON (Groupements de défense contre les organismes nuisibles aux végétaux), avec leurs fédérations départementales (FDGDON) et les FREDON, Fédérations régionales de défense contre les organismes nuisibles. Ces changements traduisent une évolution de fond.
À l'origine, les groupements et leurs fédérations organisaient les luttes collectives contre certains bio-agresseurs des cultures. Ces luttes sont nécessaires dans les cas où l'action individuelle et non coordonnée est inefficace (ex. pullulation de campagnols sur tout un canton...) et obligatoires dans le cas de lutte... légalement obligatoire contre un organisme dit « de quarantaine » ou « de lutte obligatoire » (ex. flavescence dorée de la vigne, sharka du pêcher, plus récemment chrysomèle du maïs Diabrotica virgifera virgifera, etc.)
Mais on s'est aperçu progressivement que certains organismes nuisibles débordent de l'agriculture.
Dans les années 2000, les groupements et leurs fédérations se sont donc préoccupés aussi des végétaux autres que ceux des « cultures » : en forêts, villes et jardins, voire espaces naturels non cultivés même si ces derniers sont rares en France.
Ils ne regroupaient déjà plus seulement des agriculteurs.
De plus, ils ont élargi leurs activités aux actions de surveillance des végétaux et de leurs bio-agresseurs agricoles et non agricoles, et à la formation.
Restait à le faire savoir.
(1) Au sens de la Loi de 1884.
(2) J.M. Landureau, 1988 - Les Groupements de défense contre les ennemis des cultures et leurs fédérations : les luttes collectives. Phytoma n° 400, juillet-août, p. 28.