Ce bilan sanitaire a été réalisé à partir des synthèses élaborées par les animateurs filières vigne des réseaux d'épidémiosurveillance et des Bulletins de santé du végétal (BSV). Il repose sur un réseau de plus de 2 500 parcelles (de référence, d'alerte, de témoins non traités et de sites de piégeages). De nombreuses structures professionnelles participent aux observations.
La vigne malmenée par la météo
Hiver : féroce février
Durant la campagne 2012, le ciel n'aura pas épargné la vigne. C'est sans doute la météo qui aura fait le plus de ravages par ses impacts directs, sans doute plus que par les pressions de mildiou et d'oïdium qu'elle a engendrées... et qui ont pourtant atteint un niveau historique ! Bilan : une des plus petites récoltes depuis 40 ans, 20 % de moins qu'en 2011, 13 % par rapport à la moyenne des 5 dernières années(1).
Après les vendanges particulièrement précoces de 2011, les pluies d'automne ont permis de rattraper une situation plutôt déficitaire, mais pas dans toutes les régions. Alors que l'automne est globalement humide en Champagne, Val-de-Loire, Poitou-Charentes et Sud-Est (où on enregistre en novembre de 120 à 415 mm, soit 2 à 5 fois la normale), les vignobles de Bourgogne et d'Aquitaine enregistrent de forts déficits : le Beaujolais accumule trois mois et demi de déficit hydrique sur l'automne et l'hiver. L'hiver, plutôt sec dans la plupart des régions, se caractérise par un mois de janvier plutôt clément suivi par un mois de février très froid, notamment pendant les deux premières semaines où les températures descendent partout en dessous des –10 °C : jusqu'à –15,4 °C en Arbois, –16,5 °C en Dordogne, –15 °C en Champagne.
Les vignobles du Sud-Est ne sont pas épargnés : jusqu'à –19 °C localement.
La vigne subit ainsi sa première agression. Sans être généralisés, les dégâts de gel se traduisent par une mortalité totale ou partielle des ceps, essentiellement sur les vignes âgées ou sur jeunes plantations.
Printemps : gels d'avril et mai
Le mois de mars redevient excédentaire au niveau des températures avec un contraste saisissant ; cela précipite le débourrement : l'avance est en général d'une semaine.
Les mois d'avril et de mai sont pluvieux et froids. Après le gel hivernal, c'est le gel de printemps qui menace les vignes. Deux épisodes touchent pratiquement tous les vignobles : les 16 et 17 avril et le 17 mai. Ils sont à l'origine de dégâts importants.
Sinon, les températures restent basses et des excédents de pluviométrie sont enregistrés dans tous les vignobles : les 151 mm tombés en Gironde en avril 2012 sont à comparer aux petits 12 mm d'avril 2011 !
Les pluies continuent en mai, juin et même juillet (sauf Sud-Est). Des exemples : Touraine : + 90 mm en juin, + 75 mm en juillet. Champagne : jusqu'à deux fois les quantités normales entre mai et juillet.
Conséquences : une floraison poussive, étalée, parfois sur plus d'un mois, avec des conditions peu favorables à la fécondation ou à la nouaison ; coulure et millerandage sont responsables d'une part importante du déficit quantitatif qui sera noté à la récolte.
Quand la grêle se met de la partie
Déjà affaiblie, la vigne subit des attaques orageuses importantes, souvent accompagnées de grêle, dont il serait difficile de faire l'inventaire tellement ces épisodes ont été nombreux. Les dégâts sont souvent importants. 16 communes du Var sont touchées le 27 mai. Les vignobles de l'est subissent des grêles fréquentes au cours du mois de juillet. Le 29 juillet, après petit épisode caniculaire (38,9 °C) qui a généré de nombreux « coups de soleil » un orage particulièrement destructeur s'abat sur le Beaujolais.
Les conditions météorologiques continuent d'influer sur les stades : la véraison est très hétérogène. Il est souvent difficile de la déterminer avec précision tant cette hétérogénéité est importante entre parcelles, à l'intérieur d'une même parcelle et même à l'intérieur des ceps voire des grappes.
Si les vignobles méditerranéens ne sont pas épargnés par les orages (80 % de dégâts dans l'Ouest Audois), le temps est nettement plus sec avec une pluviométrie déficitaire en juin, juillet et août.
Les conditions de maturation sont jugées plutôt bonnes dans la plupart des vignobles avec un mois de septembre assez ensoleillé jusqu'au 20 septembre.
Année historique pour le mildiou
Les pluies de printemps voire d'été ont tout fait
2012 est (hélas) un grand millésime mildiou ! Suite aux conditions hivernales, les modèles annonçaient un risque potentiel mildiou plutôt faible. Mais les pluies qui se sont succédé tout au long du printemps et – pour certains vignobles – de l'été ont fait progresser puis renforcer la virulence de la maladie.
L'Est a plus souffert qu'en 2008 et presque comme en 1997
Ce sont les vignobles de la façade Est qui ont le plus souffert. Les foyers primaires ont été observés dans la première quinzaine de mai, parfois directement sur grappes, comme en Champagne.
Le cas du Beaujolais est symptomatique de cette progression. Les premières contaminations se produisent le 14 avril ; les premiers foyers primaires sont découverts le 3 mai ; les premiers repiquages significatifs sont observés entre le 12 et le 19 mai. Le 29 mai, toutes les parcelles des témoins non traités sont touchées. Puis, jusqu'au 15 août, 30 contaminations majeures affectent le vignoble. Du jamais vu !
Seule consolation pour ce vignoble : le feuillage reste préservé jusqu'aux vendanges, d'où de bonnes conditions de maturation… pour une toute petite récolte.
Un peu plus au nord, en Bourgogne, la situation est différente. Si les modèles appelaient à la vigilance, les sorties de taches ont été peu nombreuses au mois de mai, situation liée sans doute à la fraîcheur des températures et aux travaux de rognages qui ont pu éliminer les foyers primaires.
Ainsi, les pluies des 8 au 11 et du 14 au 19 juin, survenues sur des situations plutôt saines n'ont pas fait progresser la maladie (sauf sur les témoins non traités à partir du 21 juin). Au final, selon les situations et la survenue d'épisodes pluvieux, le faciès rot brun a pu évoluer sur quelques parcelles mal protégées dans l'Yonne suite aux pluies des 10 et12 juillet et dans le sud de la Saône-et- Loire sur une situation déjà dégradée.
En Champagne, la situation est toute autre ; des taches sont signalées sur tout le vignoble dès le 18 mai. La succession de pluies amplifie le risque par les repiquages et nouvelles contaminations primaires : au 13 juin, 60 % des parcelles du réseau d'observation comportait au moins un cep sur 5 avec des symptômes de mildiou. Au final, en Champagne où 97 % des parcelles sont concernées par la présence de mildiou sur grappes, seules deux tiers d'entre elles ont plus 10 % de grappes attaquées. Mais dans beaucoup de situations, les intensités restent heureusement limitées.
Pression très forte également dans le Jura où 100 % des témoins non traités présentent du mildiou avec une intensité moyenne sur grappes de 90 %.
L'incidence négative du mildiou sur la récolte caractérise les vignobles de l'Est, les épisodes contaminants ayant eu lieu durant la période de grande sensibilité (floraison à nouaison) : rot gris et surtout rot brun amputent le rendement de 5 à 10 %.
Cette intensité exceptionnelle du mildiou est supérieure à celle de 2008 et se rapproche de celle de 1997.
Dans l'Ouest aussi, une activité intense
Dans les vignobles de l'Ouest, l'activité du mildiou a également été intense.
En Charentes, les témoins non traités étaient proches de la destruction totale avec une intensité moyenne d'attaque sur grappes de 81 %. Les premières taches ont été observées le 12 mai suite aux contaminations du 28 avril. Mais ce sont les pluies du 19 au 21 mai qui engendrent des contaminations de forte intensité et généralisées dans ce vignoble à partir de début juin, à un stade particulièrement réceptif.
Comme dans l'Est, les contaminations se poursuivent courant juin et juillet. Au final, pertes de récoltes en quantité (5 à 10 hl/ha) mais aussi en qualité.
Cette progression est caractérisée par les sorties de modèle : en Aquitaine, le risque était qualifié de faible le 6 juin sur la plupart des situations. Une semaine plus tard (voir carte page suivante), il était moyen à fort ! Puis il a encore progressé. Le 26 juin, on notait l'explosion de symptômes dans les témoins non traités : 23 parcelles sur les 29 montraient des symptômes sur grappes avec des fréquences allant de 1 % jusqu'à 98 % en Libournais et Montagne-Saint-Émilion. Le modèle a offert deux semaines d'anticipation.
Évolution semblable en Valde-Loire…
Dans tous ces vignobles, les incidences sur les parcelles protégées dépendent surtout de la qualité de protection (répartition sur la végétation, absence de trous de protection) : incidences quantitatives (selon les attaques sur inflorescences et la présence de rot brun) et qualitatives (selon la présence de mildiou mosaïque pouvant retarder voire bloquer la maturation du raisin).
En Midi-Pyrénées, les situations sont assez variables. La pression du mildiou a été moins soutenue sauf dans certains secteurs des Côtes de Gascogne. Le mois d'août a stabilisé la maladie à un niveau assez bas.
Près de la Méditerranée, mildiou au printemps mais (quasiment) pas en été
Les vignobles de la façade méditerranéenne montrent un profil différent de l'évolution de la maladie. En Provence et basse vallée du Rhône, les premiers événements contaminants sont les pluies de la fin du mois d'avril. Le risque mildiou devient fort à la fin du mois de mai. La maladie progresse sur feuilles principalement, mais aussi sur grappes dans des situations tardives mal protégées. L'intensité est qualifiée de moyenne (forte dans le sud de l'Ardèche).
Les conditions estivales généralement sèches bloquent l'évolution de la maladie. Les intensités moyennes d'attaque sur grappes ne dépassent pas les 10 % et l'absence de rot brun et de mildiou mosaïque limitent les pertes quantitatives et qualitatives. Les pluies de la fin du mois d'août auront peu d'impact sauf sur les parcelles mal protégées au moment des risques élevés (dans l'Hérault notamment).
De l'oïdium, malgré le mildiou
Pression globalement plutôt forte
2012 est une année où la pression oïdium a été plutôt forte. L'explication qui peut être avancée est un démarrage précoce de la maladie, générée par les contaminations primaires des pluies d'avril. Cet oïdium, resté discret, a pu exploser à la suite de conditions météorologiques favorables sur cépages sensibles et dans les secteurs à historique oïdium mais également dans des situations plus inhabituelles : cela a été signalé dans plusieurs vignobles.
On sait que la qualité de la pulvérisation est prépondérante pour lutter contre l'oïdium. En 2012, les décalages importants constatés au niveau des stades phénologiques ont pu compliquer la mise en œuvre de la protection.
L'Est ajoute l'oïdium au mildiou…
Ce sont les vignobles de l'Est, particulièrement frappés par le mildiou, qui ont été les plus touchés. En Alsace, 50 % des parcelles montraient de l'oïdium sur grappes, avec une fréquence de 9 %. Mais l'intensité est restée faible. En Champagne, Franche-Comté et Beaujolais, la pression a été forte à très forte. Dans le vignoble jurassien, elle était annoncée par le modèle SO V. Si les premières taches sur feuilles ont été découvertes précocement (vers le 20 mai), c'est surtout à partir du 20 juin que la situation a le plus progressé avec des attaques significatives sur grappes observées dans les témoins non traités.
Si en Champagne 43 % des parcelles avaient des symptômes sur grappes, seules 17 % avaient des niveaux d'attaque supérieurs à 10 % généralement de faible intensité. En Beaujolais, l'année est exceptionnelle en termes de précocité des symptômes sur feuilles et sur grappes ainsi qu'en fréquence et intensité finale : des parcelles ont été détruites en totalité par la maladie. En Savoie, la maladie s'est manifestée assez tardivement ; il a fallu attendre le 10 août pour voir des symptômes apparaître sur grappes. Le vignoble bourguignon a maintenu une situation globalement saine, sauf en Côte-d'Or et dans le Sud Mâconnais, secteurs touchés précocement. L'incidence a été globalement faible, sauf sur les parcelles particulièrement atteintes.
En Champagne, l'oïdium a sans doute fait plus de dégâts que le mildiou.
Ouest et Sud-Ouest, moins d'oïdium qu'en 2011
Dans les vignobles de l'Ouest et du Sud- Ouest, la pression de l'oïdium a été plus faible qu'en 2011 : il a été également constaté, sur observation des parcelles non protégées ou mal protégées, une progression de l'oïdium sur feuilles et grappes essentiellement à partir de mi-juillet. Mais la pression est néanmoins qualifiée de faible dans le Centre et dans le vignoble de Cognac.
Elle a été plus importante sur les vignobles du Haut-Poitou et du Val-de-Loire où, à la véraison, 25 % des parcelles présentaient des symptômes sur grappes (impact néanmoins très localisé).
Notons que les Chardonnay du vignoble de Saint-Pourçain ont subi des pertes de 50 % du fait de l'oïdium.
En Midi-Pyrénées, la situation est globalement saine. Quelques parcelles touchées sur Chardonnay ou Colombard.
Sud-Est, année oïdium plutôt moyenne
Globalement, dans les vignobles de la façade méditerranéenne et du sud de la Vallée du Rhône, zone de prédilection de l'oïdium, les pressions sont restées plutôt moyennes. Les Carignan ont arboré leurs drapeaux à partir du 10 avril et les symptômes sur feuilles ont été visibles le 15 mai. L'oïdium a ensuite progressé sur feuilles jusqu'au 20 juin, avant de se manifester sur grappes.
En Languedoc-Roussillon, 50 % des parcelles présentaient des dégâts sur grappes avec une situation très hétérogène. Si, logiquement, les Carignan et Chardonnay sont les plus concernés, il a été surprenant de voir l'oïdium se développer sur Grenache. En Sud Drôme, 21 % des parcelles présentaient plus de 10 % de grappes attaquées. En Provence, 76 % des parcelles ne montraient pas de dégâts.
Autres maladies du feuillage et des grappes
Botrytis assez discret
Concernant la pourriture grise, la campagne 2012 a été marquée, dans plusieurs vignobles (Champagne, Alsace et même en Languedoc !) par l'apparition de symptômes précoces dès fin juin sur pédoncules et début juillet sur baies vertes.
En Champagne, 50 % des parcelles présentaient des foyers de botrytis début août. Mais ensuite la situation s'est globalement assainie. Dans quelques situations, certains foyers ont néanmoins été réactivés suite aux pluies de fin septembre dans les secteurs non encore vendangés ou à forte attaque d'oïdium comme en Champagne.
Du côté du black-rot
La météorologie de l'année a engendré des pressions relativement élevées de black rot. Mais ce dernier ne s'est manifesté de façon significative que dans les vignobles du Jura, d'Alsace, où les pertes dues au black-rot ont pu atteindre 50 % sur certaines parcelles. En Beaujolais, si le nombre de ceps touchés est élevé (80 %), les attaques sur grappes ont été très rares.
Maladies du bois
Une tendance à la progression, à vérifier
À l'heure de la rédaction de cet article, nous ne disposons pas de tous les éléments pour tirer un bilan détaillé. Néanmoins, les premiers retours ainsi que les constats de terrain montrent une progression du syndrome esca-black dead arm. Ceci que ce soit sous forme lente ou forme apoplectique.
Ces deux formes d'expression ont sans doute été favorisées par les conditions printanières humides et estivales (période chaude et sèche suivant une période plus humide…). Le constat reste préoccupant.
Recherche mobilisée
La recherche, avec le soutien des pouvoirs publics et des organisations professionnelles, demeure fortement mobilisée autour de cette thématique.
L'objectif est la recherche de solutions curatives mais aussi de solutions permettant de limiter l'expression des symptômes de la maladie et de la mortalité. Un bilan du programme de recherche CASDAR « Maladies du bois » doit être présenté en cette fin d'année 2012.
La flavescence dorée, autre sujet de préoccupation
À ce jour, même si les résultats des prospections ne sont pas tous connus, il faut noter une progression significative sur des situations historiques comme le Sud Drôme et Midi-Pyrénées... Mais aussi dans de nouveaux secteurs comme en Saône-et-Loire. Un point spécifique sur cette maladie sera réalisé prochainement.
Front plus calme du côté des ravageurs
Eudémis et Cochylis, suivies partout et globalement faibles
Le bilan qui suit n'est pas exhaustif car chaque vignoble « choisit » de suivre les ravageurs les plus susceptibles de présenter une risque économique.
Les tordeuses (ou vers) de la grappe sont suivies dans toutes les régions. En effet, les deux espèces, Eudémis (Lobesia botrana) et Cochylis (Eupoecilia ambiguella), sont présentes dans tous les vignobles. L'Eudémis est prépondérante dans la plupart des vignobles à l'exception de ceux de Bourgogne, de Savoie, du Diois, des Pays de Loire, de Lorraine, du Centre, d'Alsace et du Haut-Poitou, dans lesquels la Cochylis domine.
Globalement, la pression moyenne annuelle « vers de la grappe » a été faible dans tous les vignobles avec bien sûr quelques exceptions.
Eudémis surtout au sud
Ainsi, en 2012, l'Eudémis a sévi surtout dans les vignobles du sud, de l'Aquitaine au sud de la région Rhône-Alpes. Ces attaques se sont développées plus particulièrement dans le nord de l'Aquitaine, le Gers, l'Hérault, les Pyrénées-Orientales les Bouches-du-Rhône et la Drôme.
En Aquitaine, les conditions climatiques ont été défavorables aux deux premières générations qui n'ont eu aucun impact économique. En revanche la troisième génération s'est fortement développée en particulier dans le nord de la région dans l'Entre-Deux-Mers et la Dordogne.
Dans le Gers, la pression du troisième vol a été modérée affectant 3 % des grappes en moyenne. Ces perforations ont été à l'origine de quelques foyers locaux de botrytis.
En Languedoc-Roussillon, même si dans certaines situations de l'Aude des dépôts de pontes ont été importants, c'est dans l'Hérault et les Pyrénées-Orientales que la pression a été la plus soutenue en troisième génération avec 40 pontes/grappe.
Dans la Drôme et les Bouches-du-Rhône, des perforations étaient visibles dès la fin de la deuxième génération, avec certains foyers déjà accompagnés de pourriture grise et parfois d'Aspergillus. Dans la Drôme, 54 % des parcelles dépassaient le seuil de nuisibilité en première génération (toute espèce confondue) et 30 % des parcelles en troisième génération d'Eudémis.
Ce papillon semble en extension, en particulier dans le Beaujolais.
En 2012, la lutte contre l'eudémis a été particulièrement difficile dans les vignes du sud de la Drôme conduites en agriculture biologique.
Cochylis, discrète
Cochylis, bien que restée relativement discrète à l'échelon national, s'est manifestée de façon plus marquée dans les vignobles des Pays-de-Loire et de Lorraine. Les attaques de deuxième génération ont eu une importance qualifiée de moyenne par les animateurs des réseaux.
En Lorraine jusqu'à 20 % des grappes ont présenté des perforations.
Cochylis a développé une troisième génération dans ces deux vignobles ainsi que dans le Haut-Poitou.
Un parasitisme actif a été relevé dans le Beaujolais qui, complété par des conditions climatiques défavorables, a contribué à la maintenir à un niveau de population heureusement inoffensif dans un vignoble particulièrement touché par les maladies.
Cicadelle dite de la flavescence dorée, elle n'a pas l'Alsace et la Lorraine
Le vecteur de la flavescence dorée (Scaphoideus titanus) n'est pas directement nuisible à la vigne, qui peut supporter des populations élevées sans afficher aucun dommage. Cet insecte est cependant attentivement surveillé car il peut transmettre le phytoplasme de la flavescence dorée, maladie réglementée de lutte obligatoire.
Un suivi biologique permet de déterminer les dates de traitement des vignes-mères, des pépinières et des vignes situées dans les périmètres de lutte obligatoire. Il permet aussi de développer, à partir d'analyses de risque, des stratégies de lutte obligatoire visant à limiter les applications d'insecticides au strict nécessaire. Ainsi en 2010, il a été possible de réduire de 92 % les surfaces développées traitées en Drôme par rapport à la stratégie qui était appliquée en 2004.
Cette année encore, seuls les vignobles d'Alsace et de Lorraine restent exempts de cet insecte.
Les vignobles du Beaujolais et du Sud Ardèche affichent les populations les plus importantes. Présentes dans plus de 80 % des parcelles, les populations peuvent dépasser 60 larves pour 100 feuilles.
La Franche-Comté signale également une présence importante du vecteur hors réseau de surveillance.
Cicadelle des grillures
La cicadelle des grillures (Empoasca vitis) est omniprésente sur le territoire français. Elle est observée en moyenne dans plus de 50 % des parcelles, tous réseaux d'observation confondus. Les populations ont été parfois très importantes dans les vignobles du Diois, Franche-Comté, Champagne et Aquitaine, dépassant les 100 larves pour 100 feuilles avec des pointes ponctuelles à 200. Des symptômes de grillures ont été signalés en Alsace, également dans les Charentes et en Aquitaine mais sans impact sur la qualité. Globalement, la pression est inférieure ou égale à celle de 2011.
Phytoptes de l'acariose et de l'érinose
Les phytoptes de l'acariose (Calepitrimerus vitis) et de l'érinose (Colomerus viti) sont des acariens minuscules d'importance inégale. L'acariose, rarement signalée en 2012, peut parfois être à l'origine de pertes de rendement et de manque de maturité importants, alors que l'érinose, omniprésente dans tous les vignobles, est rarement la cause de problèmes qualitatifs ou quantitatifs de la récolte.
Le premier, surtout présent dans les vignobles rhône-alpins n'a affecté qu'au maximum 3 % des ceps. En Aquitaine, des dégâts ont été observés de la fin avril à la fin mai en différents secteurs, principalement sur le Colombard et le Sauvignon, les plantiers et parcelles sensibles. La croissance végétative particulièrement lente à cette période a favorisé l'expression des symptômes.
L'érinose s'est parfois fortement développée, affectant ponctuellement 60 à 70 % des ceps, comme en Savoie par exemple. Elle est en augmentation dans le vignoble champenois où elle affecte 81 % des parcelles et semble également apprécier le cépage Riesling et les jeunes vignes d'Alsace.
Acariens jaune et rouge, pas eu besoin d'acaricide
Aucun vignoble de France n'a fait état d'attaque d'acariens jaunes quelle que soit l'espèce considérée, sauf de façon anecdotique dans les vignobles de l'Aveyron et de Fronton (Eotetranychus carpini).
En revanche, l'acarien rouge (Panonychus ulmi) est régulièrement signalé en région Rhône-Alpes ainsi qu'en Champagne.
Cependant ces infestations, signalées dans le Forez et le Roannais, le Diois, la Savoie, le Sud Ardèche et les Côtes-du-Rhône septentrionales, varient au maximum de 8 à 12 % de feuilles occupées par une forme mobile et atteignent localement 36 % en Champagne.
Les populations de cet acarien phytophage sont bien régulées par les typhlodromes observés dans la très grande majorité des parcelles des réseaux d'observation. Ces acariens prédateurs maintiennent les acariens phytophages en deçà du seuil de nuisibilité et rendent le recours aux acaricides inutile.
Cochenilles et virus
Les cochenilles sont responsables pour la plupart des espèces de la transmission des virus de l'enroulement. Elles sont l'objet d'un suivi attentif dans certains vignobles, en particulier de la région Rhône-Alpes, du Centre, de l'Aquitaine, de la Champagne, de la Bourgogne, et sur raisin de table (Moissac).
C'est la Savoie qui affiche le taux de présence le plus élevé avec 46 % des parcelles hébergeant au moins un représentant de ce type de ravageur ; puis le Diois, la Champagne et enfin le Beaujolais avec respectivement 18 %, 16 % et 14 % de parcelles hôtes.
Les infestations peuvent être localement importantes et dépasser les 70 % de ceps attaqués comme en Champagne et dans le Beaujolais, voire 40 % dans le Libournais en Aquitaine.
Phenacoccus aceris, Parthenolecanium corni et Heliococcus bohemicus sont les principales espèces observées, cette dernière étant la plus souvent citée. La cochenille farineuse progresse dans le Centre, la lécanine domine en Aquitaine. La présence de cochenilles farineuses avec développement de fumagine a été signalée en Corse sur Chardonnay et Pinot noir.
Cicadelle pruineuse, pyrale, thrips, mange-bourgeons, noctuelles...
La cicadelle pruineuse (Metcalfa pruinosa) est signalée en Sud Ardèche, Savoie, Beaujolais, Charentes, Aquitaine et Gard, et enfin dans les Côtes-du-Rhône septentrionales où elle est très présente avec 50 % des parcelles qui en hébergent.
La pyrale de la vigne préfère la Champagne : elle s'est installée dans 91 % des parcelles du réseau colonisant en moyenne 21 % des ceps, jusqu'à 100 % dans certaines parcelles. Elle est signalée en Val-de-Loire (14 %) et Beaujolais (26 %).
On la trouve également en Bourgogne et Franche-Comté sans incidence notoire. La pression de ce ravageur est identique à celle des années précédentes.
Les thrips sont traditionnellement bien implantés dans le Sud Ardèche, le Beaujolais, les Charentes, le vignoble de Gaillac et le Tarn-et-Garonne. Leurs niveaux de population restent limités. Ils ne dépassent pas 20 % de pousses occupées.
Les mange-bourgeons ont été particulièrement actifs dans les monts du Forez et du Roannais, en Savoie et en Champagne avec respectivement 83 et 89 % des parcelles présentant au moins un dégât.
Certaines parcelles champenoises ont subi des attaques de noctuelles et de boarmies sur plus de 45 % des ceps.
L'Alsace signale des attaques de noctuelles qui durent, en particulier dans les parcelles conduites en agriculture biologique. Le cigarier roule ses cigares dans quelques parcelles d'Aquitaine, d'Alsace, de l'Aude, d'Anjou et du vignoble du Muscadet.
Alerté par les dégâts subis en 2010, le Minervois surveille l'évolution de Xylena exsoleta (Linnaeus, 1758), noctuelle à l'origine de graves dégâts en 2010 mais sans incidence en 2012.
En vrac, quelques ravageurs signalés localement
Citons également en vrac la présence de forficules au niveau des grappes de quelques parcelles alsaciennes, de hannetons des jardins qui s'étaient donnés rendez-vous sur toute une commune d'Alsace, des dégâts de larves de hannetons sur jeunes plantations d'Aquitaine, la présence de méligèthes dans les vignobles de Fronton et du Haut-Poitou, d'altises dans l'Aude, de cécidomyies des feuilles en Pays-de-Loire, d'Eulia dans le vignoble de Fronton, de galles phylloxériques sur feuilles dans 3 % des parcelles d'Aquitaine, la présence d'escargots en Aquitaine, Champagne et plus particulièrement dans le Val-de-Loire à l'origine d'attaques importantes dans les situations fortement enherbées.
Drosophila suzukii en Aquitaine
Pour terminer, signalons le piégeage significatif fin août d'un ravageur émergent à surveiller de près : Drosophila suzukii a été observée dans le vignoble aquitain, sans dégâts signalés. Cette mouche, récemment introduite, est à l'origine de dégâts importants sur fraise, framboise et cerise.
<p>(1) Source : Agreste Infos rapides - Viticulture - Octobre 2012 - n° 4/5.</p>
Fig. 1 : Le risque mildiou flambe avant les symptômes. Ici en Aquitaine.
À gauche : Risque potentiel au 6 juin 2012 (avec 76 points), calculé avec les modèles Potentiels Systèmes 2012.
À droite : Risque potentiel au 13 juin 2012 (avec 76 points), calculé de la même façon. On voit la rapide progression du risque ; les symptômes ont suivi 15 jours plus tard.
N'oublions pas les auxiliaires !
Les insectes auxiliaires sont surveillés et la grande majorité des vignobles sont attentifs à la présence de ces précieux amis.
Parmi eux, il est possible de citer les larves de chrysopes et coccinelles signalées en Aquitaine, Pays-de-Loire et Midi-Pyrénées.