Ci-dessus, parcelle d'essai en Ukraine. Ci-contre, symptôme foliaire de carence en potassium. À ce stade, on pourra la corriger, mais il aurait été préférable de la prévenir par un apport d'engrais adapté avant son apparition. Photos : Tessenderlo Group
Le bon état sanitaire des pommes de terre dépend de leur protection contre les bioagresseurs, et aussi de la nutrition des plants au champ. Ceci en termes de quantité d'éléments nutritifs mais également d'équilibre entre eux avec l'objectif de prévention et correction des carences, et sous réserve de bien raisonner les moments d'application. Démonstration à propos d'un nouvel engrais foliaire à base de sulfate de potasse.
Nutrition, la voie de l'équilibre
Pourquoi apporter du potassium en végétation
La fertilisation est basée sur trois éléments majeurs : azote (N), phosphore (P), potassium (K). La connaissance préalable de la teneur des sols en phosphore et potassium est un des piliers de la fertilisation raisonnée, largement pratiquée en cultures de pomme de terre. Mais, si l'on se contente des engrais apportés au sol, ces cultures peuvent subir des carences en potassium.
Le potassium a en effet un rôle important dans la physiologie des plantes et des fonctions métaboliques majeures : synthèse de protéines, d'enzymes, de vitamines, photosynthèse, fonctions de transport et contrôle de la transpiration des plantes.
Sur pomme de terre, les besoins augmentent avec le développement de la culture. La demande en potassium est particulièrement forte à partir de la tubérisation, c'est-à-dire de la formation des tubercules, et continue durant la croissance de ces tubercules et l'accumulation de l'amidon. On estime que les besoins maximum se font sentir entre 4 et 10 semaines après plantation. Ils peuvent atteindre 10 kg/ha de K2O par jour.
À ce moment, même si le potassium présent naturellement dans le sol ou apporté par les fumures réalisées auparavant est en quantité suffisante, la capacité d'absorption racinaire peut devenir un facteur limitant. Des carences peuvent apparaître. Elles peuvent se traduire par des symptômes foliaires (photo ci-dessus). La croissance de la plante est ralentie et le rendement final s'en ressent. Un apport est donc souvent nécessaire.
Pourquoi sous forme de sulfate
L'ion potassium (K+) ne s'applique pas seul, mais sous forme de nitrate, chlorure ou sulfate de potassium. Or, le choix de la forme d'engrais potassique a une incidence directe sur la qualité des pommes de terre. D'une part, apporter du nitrate de potassium au moment de la formation des tubercules risque d'entraîner un excès d'azote. Celui-ci a des inconvénients : déformation des tubercules et mauvaise conservation notamment.
D'autre part, le chlore contenu dans les chlorures peut perturber la croissance des plants et leur transpiration, ce qui les rend plus sensibles aux périodes sèches.
Le soufre contenu dans le sulfate de potassium (en abrégé SO P, formule K2SO 4) n'a pas ces inconvénients. Pas de risque de déformations et une alimentation en eau mieux régulée, réduisant l'effet de périodes plus sèches. De plus, ce soufre est considéré, avec le magnésium, comme un des éléments secondaires les plus indispensables à la pomme de terre. À noter : on signale une augmentation des carences en soufre dans certains sols. Le sulfate de potassium est donc intéressant, dans le respect des principes de la fertilisation raisonnée, pour garantir le rendement.
De plus, il a une action bénéfique sur la qualité, au travers notamment du calibre des tubercules. Celui-ci est plus régulier, et en moyenne plus gros, que celui obtenu avec les autres formes de potassium.
Enfin, le K2SO4 favorise le métabolisme de l'azote : les tubercules se conservent plus longtemps. Il réduit le noircissement interne des tubercules.
Intérêt des applications foliaires
Le sulfate de potassium peut être apporté au sol, soit sous forme solide (granulés) soit dans l'irrigation goutte-à-goutte. Mais des applications foliaires aux périodes de forts besoins en potassium peuvent être un complément très utile.
Ce mode d'application, réalisé avec un pulvérisateur, assure une biodisponibilité des éléments nutritifs, une absorption et une assimilation rapides au moment des forts besoins de la plante. C'est un excellent complément aux apports transitant par le système racinaire (granulés et irrigation). Ceci pour une faible quantité d'éléments nutritifs épandus.
Un nouveau produit adapté aux applications foliaires
Nouvelle formulation, vraiment soluble
Mais les SOP destinés aux applications foliaires, produits solides à dissoudre dans l'eau, sont réputés poser des problèmes de solubilité, avec des risques de précipitation et de bouchage des buses.
Tel n'est pas le cas de K-Leaf(1), nouveau sulfate de potassium proposé par Tessenderlo. Cette poudre très fine et homogène se dissout bien plus rapidement que les SOP standards et, surtout, ne laisse pas de résidu décelable dans la cuve. À 20 °C, il suffit de quelques minutes pour une dissolution complète à une concentration de 100 g/l.
Recommandations
Quand et combien de fois l'appliquer
Cet engrais foliaire s'appliquera à partir du début de la tubérisation, en complément des apports préalablement faits au sol. Il faut respecter un intervalle de 10 à 15 jours entre deux applications (Figure 2).
Il est préférable d'appliquer le produit le soir ou tôt le matin, quand les plantes sont turgescentes.
La dose conseillée est de 8 à 12 kg/ha par application. Cette dose correspond à 2 % à 3 % (20 à 30 g/l) dans 400 l d'eau/ha, ou bien à 4 à 6 % (40 à 60 g/l) si l'on applique 200 l d'eau/ha.
K-Leaf est compatible avec la plupart des produits phytopharmaceutiques ainsi qu'avec les autres engrais aux concentrations habituelles d'emploi, mais avec deux restrictions :
d'une part une exception a priori : il ne faut pas le mélanger avec des spécialités contenant du calcium. En effet, comme tout sulfate, il réagirait avec l'ion calcium pour former du sulfate de calcium (CaSO4) autrement dit du gypse, qui précipiterait dans la cuve ;
d'autre part, il est nécessaire dans tous les cas de faire un essai préalable pour vérifier la compatibilité du mélange (stabilité physique notamment) avant toute application sur grande surface.
Conseils de conservation et de préparation
Cet engrais, proposé en sacs de 20 kg, doit être conservé dans un endroit sec, à l'abri des températures extrêmes.
Pour préparer la solution, il est conseillé de verser l'engrais dans la cuve remplie aux deux tiers d'eau.
Le temps de dissolution varie selon la qualité de l'eau. Par ailleurs et très logiquement, le processus est d'autant plus rapide que l'agitation de l'eau est continue.
<p>(1) Marque déposée Tessenderlo Group.</p>
Fig. 1 : Effets de K-Leaf sur le rendement.
Résultats d'un essai mené en Pologne en 2011 sur des applications foliaires de K-Leaf sur pomme de terre. Première application au stade floraison, à la dose de soit 4 kg/ha soit 8 kg/ha. Puis intervalle de 10 jours entre applications. Volume d'eau : 200 l/ha à chaque application. Des lettres différentes signalent une différence significative.