Flavescence dorée. Rougissement foliaire sur Cabernet sauvignon en Gironde. Photos : FREDON Aquitaine.
La flavescence dorée (FD) est une maladie de la vigne causée par un phytoplasme (pathogène assimilable à une bactérie sans paroi). Elle se propage de cep en cep par l'intermédiaire d'un insecte vecteur, Scaphoideus titanus, la cicadelle de la flavescence dorée (CFD).
La maladie étant incurable, on ne peut agir que contre son vecteur. Et on le doit car, si S. titanus n'est pas maîtrisée, la flavescence peut entraîner la destruction totale d'un vignoble en quelques années. La lutte est donc obligatoire.
L'expérience du Libournais, avec le travail mené depuis 7 ans par le GDON créé pour cela, donne des idées sur la façon d'améliorer cette lutte.
Rappel sur la flavescence dorée
Aspects réglementaires
La flavescence dorée est inscrite sur la liste des organismes nuisibles de quarantaine au titre de l'arrêté ministériel du 9 juillet 2003. La lutte est mise en œuvre à l'échelle départementale par le biais d'un arrêté préfectoral de lutte collective obligatoire. Les modalités peuvent légèrement varier entre départements mais reposent sur une logique similaire :
définition d'un « périmètre de lutte obligatoire » (PLO) dès la découverte d'un pied positif à la FD. Ce périmètre recouvre en général la commune concernée (dite contaminée) et ses communes limitrophes ;
mise en œuvre d'un régime de traitement obligatoire, variant selon les cas entre une et trois applications insecticides par an sur le PLO. Cette lutte ciblant le vecteur est reconduite chaque année sans limite de durée si aucune action complémentaire de prospection n'est menée. Les populations de S. titanus éventuellement observées n'entrent pas en compte dans le choix du régime de traitement.
Prospecter consiste à traverser le vignoble pour rechercher les pieds exprimant les symptômes, les analyser en laboratoire et les arracher s'ils s'avèrent contaminés. L'organisation des prospections est à la charge des professionnels.
La lutte insecticide ne peut être stoppée que si les prospections ont permis d'assurer l'absence de pieds contaminés sur le PLO, sur une période d'un à deux ans (selon les cas).
Des limites en pratique
Malgré leur efficacité théorique, les plans de lutte menés à travers les arrêtés préfectoraux ont montré des limites : la maladie poursuit son expansion en France, en particulier dans le vignoble bordelais (en 2012, plus de 90 % des communes bordelaises sont en PLO).
La méconnaissance des obligations issues des arrêtés préfectoraux, l'absence de contrôle du respect des consignes de traitement, la difficulté à organiser les prospections, ont contribué à l'avancée régulière de la maladie en Gironde depuis la fin des années 90, comme publié dans Phytoma (M. Van Helden, 2012).
Nouvelles méthodes de vigilance
L'apport du piège tri-Δnglué
Bien que conscients du danger que représente la flavescence dorée, les viticulteurs s'inquiètent de l'impact des protocoles de lutte face aux enjeux environnementaux, de prévention des risques professionnels et de santé publique. Le retour à l'usage d'insecticides neurotoxiques est mal vécu par les vignerons ayant voulu abandonner ce type d'insecticide.
Le piège jaune tri-Δnglué proposé par M. Van Helden, enseignant chercheur à Bordeaux Sciences Agro, a permis de proposer un scénario de lutte collective « alternatif » : à l'échelle d'un territoire, le réseau de pièges permet de définir la nécessité d'un traitement supplémentaire sur adultes ; en deçà d'un seuil de capture, ce traitement n'est pas obligatoire.
La première tentative basée sur ce principe a été réalisée en 2004 sur le secteur de Léognan. Le suivi de S. titanus à l'aide d'un réseau de pièges a été associé à la prospection du vignoble par des élèves ingénieurs de Bordeaux Sciences Agro.
Malgré des résultats techniques encourageants, le projet s'est essoufflé, notamment parce qu'il ne fédérait pas durablement les professionnels (Van Helden, 2012).
Création du GDON
Le Groupement de défense contre les organismes nuisibles (GDON) du Libournais s'est créé en 2007 sur la base d'une collaboration tripartite : syndicats viticoles du Libournais, SRAL/FREDON Aquitaine et Bordeaux Sciences Agro. Il propose pour la première fois un scénario de type dérogatoire à l'arrêté préfectoral Flavescence dorée Gironde.
Couvrant 16 communes (12 200 ha de vignes), le GDON, administré par des vignerons représentant les syndicats viticoles, s'impose comme le nouveau maillon local de l'organisation de la biovigilance en Gironde. Ses objectifs se résument en trois points : maîtriser le risque sur le court terme (assainir les foyers), le faire sur le long terme (prévenir le risque de réapparition), limiter au strict minimum le recours aux pesticides.
Original, le périmètre circulaire
Outre la création d'une structure locale, l'originalité du scénario repose sur la gestion de PLO circulaires. Un cercle tracé autour de chaque foyer de FD délimite la zone de traitements obligatoires. La lutte n'est plus gérée à l'échelle de la commune mais selon une distance au foyer, définie au cas par cas en fonction des risques (Verpy, 2008).
Cette démarche a permis de fortes réductions de traitements insecticides (60 % de réduction en 2007 en Libournais) tout en évaluant précisément les risques en présence. Elle a intéressé d'autres ODG (Organismes de défense et de gestion) qui ont constitué leurs propres GDON. Cinq ans après, 99 % des surfaces viticoles girondines adhèrent à un GDON et le processus s'étend à d'autres départements (Charentes, Dordogne).
Les protocoles du GDON du Libournais sont pensés pour faire coexister l'approche concrète de gestion en temps réel de la maladie et une approche plus expérimentale visant à mieux comprendre les mécanismes de contamination de la flavescence dorée à l'échelle de plusieurs communes.
Après 6 ans d'acquisition de données, nos travaux sont des références techniques pouvant servir de base à l'élaboration de nouveaux plans de lutte.
Six campagnes d'observations
Suivi des populations de S. titanus, le réseau de surveillance
L'ensemble des observations relatives au suivi des populations de S. titanus et les résultats de prospection sont issus de travaux menés annuellement depuis 2007 (6 campagnes).
Le suivi des populations de S. titanus est principalement réalisé à l'aide de pièges jaunes de type tri-Δnglué. Ces pièges chromo-attractifs sont constitués d'une paroi jaune de forme triangulaire et d'une plaque engluée sur laquelle sont capturés les insectes. Les pièges sont placés sur les fils de palissage de la vigne et relevés à raison d'un ou deux suivis hebdomadaires. Le réseau de pièges est constitué de parties distinctes :
Réseau ravageurs : pièges installés en partenariat avec les châteaux des ODG adhérents au GDON. Ces pièges, suivis du 1er avril jusqu'au 15 septembre, servent aussi à recenser les tordeuses (attraction phéromonale). Ils sont répartis afin de couvrir le territoire de façon homogène (densité : 1 pour 40 ha de vignes). Certains sont donc positionnés hors des zones de traitement obligatoire. En 2012, ce réseau comportait 230 pièges répartis sur 12 200 ha de vignes.
Réseau CFD : pièges supplémentaires placés dans les zones où un traitement sur adulte est susceptible d'être déclenché. Ils viennent renforcer le réseau existant pour atteindre une densité d'un piège pour 5 ha. Placés aléatoirement, sans concertation avec les vignerons, ils assurent une fonction de contrôle aléatoire des populations de CFD sur les secteurs en traitement obligatoire (186 pièges en 2012),
En 2012, il y avait 416 pièges en suivi, tous réseaux confondus.
Action en cas de dépassements de seuil
Tout piégeage supérieur au seuil toléré est suivi d'une enquête du GDON pour en chercher la cause technique. Le GDON vérifie le cahier de traitement et les factures d'achats de l'insecticide utilisé ainsi que les conditions d'applications du produit et les causes possibles d'un échec de traitement auprès du vigneron.
Méthode de prospection
La prospection avait été menée en 2007 en inspectant un fond sur huit dans la vigne. À partir de 2008, les prospections ont été réalisées de manière plus resserrée en traversant le vignoble un fond sur quatre. Les parcelles contaminées ou anciennement contaminées sont prospectées chaque année un fond sur deux. L'intégralité du vignoble (12 200 ha) a été prospectée en 2007. Par la suite (2008-2012), environ 25 % de la superficie a été suivie annuellement afin de couvrir l'intégralité du vignoble en 4 ans. Des prospections ont également été reconduites annuellement sur les secteurs les plus contaminés.
En moyenne, 5 538 ha sont prospectés chaque année, équivalent à 46 % du vignoble.
Contrôle des arrachages
Les pieds infectés de flavescence dorée identifiés pendant les prospections font l'objet d'un contrôle d'arrachage au cours du mois d'avril suivant leur découverte. Le GDON du Libournais peut ainsi s'assurer de l'arrachage effectif de tous les pieds de FD découverts sur sa zone depuis 2007.
Analyses statistiques des données de piégeages
Pour l'analyse, les pièges ont été regroupés en classes en fonction de l'ancienneté du dernier traitement contre S. titanus. N correspond à la dernière année de traitement obligatoire. La classe Tr (en traitement) est celle des pièges situés sur des parcelles traitées l'année N, la classe N+1 celle des pièges situés sur des parcelles non traitées depuis 1 an, N+2 les pièges situés sur des parcelles non traitées depuis 2 ans…
La catégorie Tr regroupe les parcelles traitées pour la première fois et d'autres traitées depuis plusieurs années, quel que soit le nombre de traitements appliqués. La classe « Non Traitée » correspond à des parcelles où aucun traitement obligatoire n'a jamais été demandé, ni avant ni depuis 2007.
Une grande part du réseau de pièges est située en zone de traitement obligatoire où les résultats de piégeage sont en général nuls, ce qui tend à influencer de manière excessive les moyennes calculées. Ces pièges placés en zones de traitements (réseau CFD) ont donc été exclus des analyses afin de limiter le nombre de valeurs nulles.
Les cumuls totaux des piégeages varient fortement entre années. En effet, l'abondance de l'insecte et la durée de son vol sont influencées par l'année climatique. Pour standardiser les données de piégeages entre les différentes années, seuls les résultats de 6 semaines de captures ont été conservés : les piégeages des 4 semaines de surveillance obligatoire définies par le SRAL étendues à deux semaines supplémentaires. Les données finales comportent 1 259 résultats de piégeages entre 2008 et 2011, dont 623 résultats nuls. La distribution des données suit une loi de Poisson avec surdispersion.
Les données ont été analysées avec un modèle mixte conjuguant un effet fixe, le nombre d'années depuis le dernier traitement obligatoire et un effet aléatoire, celui de l'année climatique. Les différences de moyennes sont caractérisées à l'aide d'un test post hoc de Tukey.
Analyse des résultats du réseau de pièges
Caractérisation d'un niveau de risque initial
Dès la première année (2007), on constate une nette opposition dans les moyennes des cumuls de captures entre les communes ayant déjà fait l'objet de traitement obligatoire par le passé (valeurs faibles ou nulles) et les communes historiquement non soumises à des obligations de traitement, où les captures sont bien plus importantes (Figure 1, Tableau 1).
Les résultats de captures analysés à l'échelle pluriannuelle permettent de tirer plusieurs conclusions :
dès la mise en œuvre d'un premier traitement larvaire à l'échelle de la commune, les résultats de piégeage deviennent nuls pour l'année en cours ;
dans les zones qui n'ont jamais été traitées, les piégeages de S. titanus se maintiennent d'une année sur l'autre et semblent même augmenter au cours du temps (Puissegin St-Em.) ;
dans les zones traitées, la répartition de S. titanus est essentiellement liée à l'historique de l'utilisation de neurotoxiques à l'échelle communale. Les communes de Pomerol et des Artigues de Lussac illustrent ce propos : le début des traitements en 2008 a un effet direct sur le niveau de population dans ces communes. Malgré un arrêt de la lutte insecticide sur la quasi-totalité de la commune en 2009, on n'observe aucune recolonisation en 2010.
Recolonisation des parcelles par S. titanus suite aux traitements obligatoires : une dynamique pluriannuelle
Ces premiers constats ont amené à étudier la dynamique de recolonisation de l'insecte après l'arrêt des traitements obligatoires. Nous avons donc mesuré et analysé l'évolution de la moyenne de S. titanus en fonction de l'antériorité du dernier traitement obligatoire.
Les résultats de l'analyse statistique mettent en évidence 13 pièges sur lesquels les dynamiques de recolonisation sont très différentes du reste du jeu de données. Ces valeurs ont été retirées des analyses statistiques et étudiées séparément. La significativité des résultats reste toutefois inchangée en réincorporant ces 13 valeurs dans l'analyse.
Les pièges situés dans les zones n'ayant jamais reçu de traitement captent plus de CFD que les pièges des zones traitées l'année en cours (modalité Tr). Il n'y a pas de différence significative de captures entre les pièges « Tr » et ceux des zones dont le dernier traitement remonte à un an (Figure 2).
En revanche, les pièges des zones non traitées depuis 2, 3 ou 4 ans présentent des captures significativement différentes des pièges des zones traitées l'année en cours. Néanmoins, quatre ans après le dernier traitement, le niveau de populations de cicadelles capturées reste significativement inférieur au niveau de captures en zones non traitées (Figure 2).
Résultats des pièges atypiques : l'importance du respect des consignes
L'étude des 13 pièges ayant des dynamiques de recolonisation différentes a permis de mettre en évidence leurs particularités :
les captures de l'année de traitement sont significativement plus élevées que celles des autres pièges. Elles augmentent très vite d'une année à l'autre après l'arrêt des traitements.
L'historique des traitements réalisés sur les exploitations viticoles a montré que 10 pièges sur 13 étaient situés sur des châteaux où des problèmes techniques avaient été relevés par enquête lors de contrôle : échec ou absence de traitement, sous-dosage, inefficacité de la roténone…
Ainsi le piège triΔnglué peut être considéré comme un outil de contrôle des bonnes pratiques. Il permet de détecter les problèmes de gestion de la lutte contre l'insecte vecteur. Des résultats de piégeage supérieurs aux valeurs attendues sont en général expliqués lors des vérifications de terrain.
L'échec ou l'absence de traitement sur une parcelle (ou exploitation) sont à l'origine de zones sources, réservoir de population de CFD, qui peuvent modifier la dynamique globale de recolonisation de l'insecte après la fin des traitements sur une zone en lutte obligatoire.
Ils mettent à mal l'efficacité d'un protocole de lutte collective. Cela démontre l'importance du respect des consignes à l'échelle individuelle pour parvenir à une réelle efficacité collective.
Analyse croisée des résultats de piégeage et des résultats de prospection
Le piégeage permet l'anticipation de l'expansion des foyers découverts
En l'absence de traitement, la dispersion d'un foyer de flavescence dorée peut être évaluée de manière simplifiée en prenant en compte 3 critères déterminants : la taille du foyer au moment de la découverte, les populations de CFD présentes sur la zone et le cépage de la parcelle foyer (Morone, 2007).
Foyers à expansion rapide et foyers à expansion lente
Entre 2007 et 2011, les prospections ont mis à jour 86 parcelles nouvellement contaminées sur notre zone. Les deux cas de prolifération de FD les plus rapides présentaient des profils très similaires résumés dans le tableau 2. Le tableau 3 présente quant à lui le niveau moyen de prolifération retrouvé sur les parcelles nouvellement contaminées en 2011.
Si le foyer de FD est trouvé à proximité de pièges ayant fortement capté (un cumul de 12 est supérieur à la moyenne des captures en zone non traitée, voir figure 2), une multiplication très forte de la maladie est prévisible (Tableau 2). Pour une analyse plus précise, le cépage devrait être pris en compte.
Si le foyer de FD est découvert sur des zones où les populations de CFD (évaluées par piégeage) sont faibles, la maladie a toujours une dynamique de propagation beaucoup plus lente, indépendamment du cépage. Il est alors possible d'assainir les zones avec une utilisation modérée d'insecticide.
Ces résultats démontrent qu'un faible niveau de population, traduit par un petit nombre de captures de cicadelles par piège, ne permet pas une propagation rapide de la maladie.
Les piégeages du « réseau ravageur » (densité 1/40 ha viticole) participent à la prévision des risques et permettent d'adapter les protocoles de lutte au cas par cas. Plus la densité de pièges est importante et plus la prévision d'expansion des foyers (donc l'adaptation du régime de traitements) sera précise.
Conséquence pour la mise en place d'un plan de gestion adapté
Dans les cas de proliférations les plus rapides, la découverte et la maîtrise des foyers de FD avant arrachage exigent des prospections très régulières. Un foyer dépassera le seuil de 20 % de pieds contaminés (exigeant l'arrachage de la parcelle) en l'espace de 3 à 4 ans après son apparition.
Vu le coût économique des chantiers de prospections, il semble difficile d'adapter leur fréquence à la vitesse de propagation de la maladie, en particulier si les niveaux de populations de cicadelles de la flavescence sont forts.
Dans des départements où la présence de FD est généralisée, la question de la mise en œuvre de traitements insecticides obligatoires sur la base unique de piégeages significatifs (quels que soient les résultats de prospection) doit être sérieusement envisagée. Ces traitements auraient un but préventif visant à abaisser les seuils de populations de cicadelles et à éviter des propagations rapides de la maladie.
La recolonisation des parcelles par l'insecte semble relativement lente ; le régime de traitement pourrait être adapté en conséquence. Par exemple, on pourrait déclencher un traitement obligatoire à l'échelle communale tous les 4 ans.
Limite dans le contrôle de dispersion de la maladie : un piège sans capture n'est pas une garantie
L'utilisation du piégeage pour évaluer la dispersion de la maladie possède également ses limites. Les prospections ont mis en évidence des cas d'apparition et de dispersion de la maladie avec foyers de faible ampleur (une dizaine de ceps au maximum) sur des communes où le réseau de piégeage n'enregistre aucune capture depuis plusieurs années ; c'est le cas à Artigues-de-Lussac (Figure 3).
Même en cas de capture nulle sur un large territoire, le réseau de piégeage ne constitue pas une garantie contre le développement et la dispersion de petits foyers de flavescence dorée. Plusieurs hypothèses peuvent être proposées :
Piège peu sensible aux faibles populations.
Empiriquement, on trouve des piégeages élevés d'adultes si d'importantes populations larvaires étaient observées en début de saison dans les parcelles. A contrario, il est possible que le piège montre ses limites face à de faibles populations de CFD. L'estimation de faibles populations est un problème complexe. Ainsi, les comptages larvaires réalisés en saison sur les parcelles des Artigues-de-Lussac n'avaient pas permis de montrer la présence de CFD. Les pièges pourraient ignorer les populations de faible densité.
Contamination « longue distance ».
Les résultats observés à Artigues-de-Lussac pourraient aussi s'expliquer par des phénomènes de contamination longue distance via des déplacements actifs ou passifs de l'insecte. Les migrations passives peuvent être dues à des déplacements de populations de cicadelles porteuses du phytoplasme d'un secteur à l'autre via les effeuilleuses agricoles ou des phénomènes météorologiques ponctuels (grands vents).
Autres sources possibles.
Des sources de contamination initiale indépendante de l'insecte peuvent aussi être envisagées : plantation de jeunes ceps atteints de la maladie (le traitement à l'eau chaude n'est pas obligatoire en Gironde) ou transfert du phytoplasme via le compartiment sauvage (Malembic-Maher, 2007).
Toutefois, la répartition spatiale des foyers est typique de déplacement de proche en proche et il semble probable que la contamination soit ensuite relayée par l'insecte.
Évolution des protocoles de gestion communale de la FD
Les travaux menés sur cette thématique par notre Groupement débouchent sur plusieurs apports. Point essentiel : davantage que la fréquence des traitements, le respect des consignes par tous les viticulteurs est une priorité pour une lutte efficace.
Si les traitements ont été correctement effectués sur un vaste territoire, la recolonisation des parcelles par l'insecte prend plusieurs années.
Les pièges jaunes peuvent servir d'outil de contrôle des populations de S. titanus mais ne garantissent pas l'absence de progression de la maladie sous forme de petits foyers. Le maintien d'une prospection régulière est donc nécessaire même en l'absence de capture.
Dans les zones où les populations de CFD sont importantes , la progression de la maladie peut être très rapide et on ne peut pas adapter la fréquence des prospections en conséquence. L'instauration d'un traitement obligatoire positionné cycliquement permettrait de résoudre ce problème.
Quatre scenarii de lutte différenciés peuvent être proposés sur la base d'une année de prospection et de piégeage (Figure 4).
<p><b>Remerciements :</b> Aux vignerons de St Georges Saint-Émilion, Montagne Saint-Émilion, Lussac Saint-Emilion, Puisseguin Saint-Émilion, Saint-Émilion, Pomerol et Lalande de Pomerol. À M. Philippe Jarrige pour son aide de terrain. À l'ensemble des partenaires financiers de la structure : le Conseil Général de Gironde, l'Agence de l'Eau Adour Garonne, le CIVB, le SRAL Aquitaine et le FEDER : l'Europe s'engage dans le Libournais avec le FEDER.</p>
Fig. 1 : Effet des traitements sur la cicadelle.
Moyenne des captures de S. titanus, cicadelle de la flavescence dorée, sur quatre communes soumises à des régimes de traitement différents (détaillés tableau 1) .
Tableau 2 : Cépage et moyennes de piégeage en cas de forte multiplication d'un foyer de flavescence dorée.
Fig. 2 : Arrière effet des traitements passés.
Moyenne des captures de cicadelle de la flavescence dorée (sur 6 semaines) en fonction du nombre d'années depuis la sortie de la zone de traitement obligatoire (processus de recolonisation).
Fig. 3 : Les Artigues-de-Lussac
Évolution de la situation flavescence dorée entre 2007 et 2012 (niveau de contamination et niveau de capture de S. titanus).