Expérimentation

Vigne : peut-on baisser les doses de fongicides ?

CLAIRE COTTET *, PIERRE-HENRI DUBUIS**, OLIVIER VIRET ***, ALEXANDRE DAVY** ** ET MARC RAYNAL *** ** - Phytoma - n°674 - mai 2014 - page 37

Le réseau InVivo Agro évalue des stratégies d'adaptation de doses des fongicides anti-mildiou et anti-oïdium.
Visite d'un essai. Ceux rapportés ici ont eu lieu dans cinq régions viticoles différentes, de 2011 à 2013, chez des viticulteurs adhérents à des coopératives du réseau InVivo Agro. Photo : InVivo

Visite d'un essai. Ceux rapportés ici ont eu lieu dans cinq régions viticoles différentes, de 2011 à 2013, chez des viticulteurs adhérents à des coopératives du réseau InVivo Agro. Photo : InVivo

Symptômes d'oïdium sur grappes. L'oïdium et le mildiou sont les deux maladies contre lesquelles on a fait les tests d'efficacité. Photo : InVivo

Symptômes d'oïdium sur grappes. L'oïdium et le mildiou sont les deux maladies contre lesquelles on a fait les tests d'efficacité. Photo : InVivo

En viticulture, 80 % des intrants phytosanitaires consommés sont des fongicides, principalement antimildiou et anti-oïdium vu la fréquence et la nuisibilité de ces maladies sur l'ensemble du vignoble français.

Les objectifs environnementaux de réduction des intrants phytosanitaires du plan Ecophyto 2018 suggèrent donc de gérer en priorité ces maladies.

Remplacer, c'est difficile, mais on peut réduire

Trois voies de réduction

Il existe à ce jour peu de solutions pouvant se substituer à la lutte conventionnelle en garantissant une production compétitive et qualitative en cultures pérennes. En revanche, il existe trois voies permettant de diminuer les quantités de fongicides apportées :

– pratiques visant à réguler la vigueur (taille, pratiques en vert, fertilisation...) pour diminuer la sensibilité de la plante ;

– modélisation des maladies, notamment le mildiou, pour éviter les traitements d'assurance inutiles ;

– diminution des doses de tout ou partie des traitements réalisés.

C'est de cette dernière voie dont nous allons parler ici. En effet, au cours de sa croissance, le développement végétatif de la vigne évolue considérablement. Il est donc rationnel d'adapter le dosage des produits à cette évolution (Codis et al., 2012, Raynal, 2002, Viret et al., 2005).

Adapter les doses, travaux suisses et français

L'adaptation du dosage des fongicides à la surface foliaire réelle à protéger est une voie précieuse et rigoureuse pour réduire la quantité de produits utilisée tout en garantissant une protection efficace. Cette adaptation a fait l'objet de travaux menés respectivement en Suisse (Agroscope, Agrometeo, Encadré 1 p. 38) et en France (IFV, Optidose®, Encadré 2 p. 39).

Leurs résultats montrent qu'il est possible de réduire significativement la quantité d'intrants phytosanitaires sans diminuer l'efficacité d'un programme de manière préjudiciable. Aujourd'hui, ces OAD (outils d'aide à la décision) sont à la disposition des viticulteurs via une interface internet dédiée.

Essais « valeur pratique » des deux outils dans cinq régions viticoles

Afin d'accompagner durablement les viticulteurs orientés vers ces démarches de progrès, le réseau des coopératives vigne InVivo Agro a mis en place, dès 2011, des essais de « valeur pratique ». Ils ont été implantés dans cinq régions viticoles distinctes (Bourgogne, vallée du Rhône, Cognac, Val de Loire et Sancerre). Les objectifs de ces essais étaient doubles :

– comparer la performance des deux OAD avec celle mesurée sur la stratégie de référence ;

– évaluer la faisabilité des méthodes proposées et identifier les freins et risques éventuels encourus par les viticulteurs.

Trois ans de travaux dans cinq vignobles

Choix des parcelles... et des pulvérisateurs

Les essais « valeur pratique » conduits de 2011 à 2013 chez des viticulteurs adhérents aux coopératives du réseau InVivo ont eu lieu à Crézancy-en-Sancerre (18) (Sancerrois, coopérative Espace Vigne, pinot noir), à Viré (71) (Mâconnais, Ecovigne BM, chardonnay), à Saint-Germain (07) (vallée du Rhône, Natura Pro, grenache), Saint-Germain-de-Lusignan (17) (Cognac, Charentes Alliance, ugni blanc), ainsi qu'à Chançay (37) (vallée de la Loire, Viti. Vini, chenin).

Les parcelles ont été choisies en fonction du niveau de production régional (rendement moyen), de l'âge (20-30 ans), du mode de conduite (cépage, taille), de l'historique mildiou et oïdium (faible à moyen, hors faciès drapeaux), ainsi que du matériel de pulvérisation viticulteur (face par face).

Quatre modalités testées, mesures effectuées

Quatre modalités ont été testées : un témoin non traité pour observer la dynamique d'apparition du mildiou et de l'oïdium, un programme de référence viticulteur utilisant les doses/ha homologuées, le même programme mais avec des doses/ha adaptées selon l'OAD Agroscope ou l'OAD Optidose. Pour faciliter la mise en œuvre des interventions, un dispositif en bandes couplé avec des placettes d'observations fixes a été retenu. Un bilan sanitaire mildiou et oïdium (fréquence et intensité sur un échantillon de 100 organes, feuilles et grappes par modalité) a été réalisé aux stades fin floraison, fermeture complète puis à maturité. L'efficacité des différents programmes a été calculée par rapport au témoin non traité.

L'analyse de récolte (rendement, sucres et acidité totale sur 20 pieds homogènes par modalité) était effectuée dès lors que l'intensité d'une maladie (mildiou et/ou oïdium) dépassait 10 % dans les modalités à doses adaptées.

Un traitement statistique des résultats a été réalisé (test de comparaison de moyenne Newman Keuls, au seuil de 5%).

Conditions de réalisation des essais

Le choix des spécialités, le démarrage de la protection ainsi que son renouvellement ont été laissés au libre choix du viticulteur en fonction des conditions de l'année (pluviométrie, vitesse de pousse, pression maladies...) et de l'historique parcellaire. Le protocole consiste à appliquer systématiquement les produits à leur dose/ha homologuée (cuivre et soufre inclus) sur la modalité de référence afin d'apprécier la baisse d'IFT et l'efficacité des programmes à dose/ha adaptée. Cette dose/ha adaptée ne doit pas dépasser la dose homologuée.

Le volume de bouillie nécessaire à l'application des produits est fonction du type de pulvérisateur.

Paramètres conditionnant la dose/ha à appliquer

Le paramètre « mesure du volume de haies foliaire » est utilisé par les deux OAD. Il a été obtenu par une série de 10 mesures de la largeur (dans la zone des grappes) et de la hauteur de la haie foliaire la veille de chaque traitement. Les valeurs moyennes mesurées ont permis de déterminer le Tree Row Volume (TRV(1)) exprimé en m3/ha via les interfaces internet des OAD.

Pour l'OAD Optidose, le calcul du pourcentage de la dose homologuée à appliquer est également fonction du stade phénologique (sensibilité) et de la pression maladie estimée (faible, moyenne, forte) au moment du traitement et pour les jours à venir. Le niveau de risque est apprécié par les données météo locales et le suivi des modèles épidémiologiques (cycles de contaminations) couplés à des observations terrain.

Cette différence entre OAD explique les écarts de doses appliquées en début et/ou fin de cycle (voir Figure 1 : un essai 2013).

Résultats

Volume de haie foliaire : à voir dans chaque vignoble

L'évolution du volume de haie foliaire est dépendante du site (cépage, mode de conduite...) ainsi que des conditions climatiques du millésime. La Figure 2 représente les volumes de haie foliaire calculés la veille des traitements successifs sur les cinq essais en 2013.

Au démarrage des interventions, le volume foliaire varie entre 69 m3/ha et 950 m3/ha selon les situations.

En fin de cycle, on distingue quatre groupes d'essais ou paliers végétatifs, à savoir : vallée de la Loire (< 2 800 m3/ha), puis Cognac et Sancerre (< 4 000 m3/ha), puis Bourgogne (proche 4 800 m3/ha) et au-delà, vallée du Rhône (> 4 800 m3/ha).

Dans le cas du modèle Agroscope, la dose/ha fongicide appliquée atteint 100 % de la dose/ha homologuée (référence) dès lors que le volume foliaire atteint les 4 500 m3/ha. Ce seuil n'a été atteint que pour les essais situés en Bourgogne et dans la vallée du Rhône. Pour les autres sites, chaque application (antimildiou et anti-oïdium) de la modalité OAD Agroscope a été effectuée avec une dose réduite.

Une réduction d'IFT notable, plus forte avec la méthode suisse

Les résultats pluriannuels (2011, 2012, 2013) des essais d'adaptation de doses fongicides obtenus par le réseau d'essais InVivo Agro sont présentés en Figures 3 et 4. Ils mettent en évidence les principales tendances suivantes :

La réduction de l'IFT (indice de fréquence de traitement) est conséquente. Elle a été calculée, par maladie et pour chaque modalité à doses adaptées, en prenant pour référence le programme du viticulteur (dose/ha homologuée). La réduction d'IFT est plus importante dans la modalité Agroscope : la réduction moyenne par rapport à la modalité de référence est respectivement de 40 % et de 34 % sur le mildiou et l'oïdium. Pour les modalités pilotées avec Optidose, la baisse d'IFT est en moyenne de 35 % sur mildiou et 26 % sur oïdium. Cette différence est principalement liée à l'absence de prise en compte du risque parasitaire dans l'OAD Agroscope. À noter que cette baisse de l'IFT s'accompagne d'une économie moyenne, en coût des produits, de 123 €/ha/an pour les modalités OAD Agroscope et de 102 €/ha/an pour les modalités Optidose.

Une efficacité mildiou et oïdium proche du programme de référence

Les millésimes 2012 et 2013 ont été favorables à l'expression du mildiou (9 références) et à l'oïdium (5 références) sur la plupart des essais. La pression parasitaire a été appréciée grâce à un témoin non traité inclus dans le dispositif. Ainsi, les essais ont été classés selon l'intensité de destruction mesurée sur le témoin lors des notations sanitaires (stades fermeture complète ou maturité) : pression faible (10-15 % d'intensité), pression moyenne (< 45 % d'intensité) et pression forte (> 45 % d'intensité).

Globalement, si l'on compare la performance des programmes à doses adaptées à celle mesurée sur le programme de référence, on s'aperçoit que les niveaux d'efficacité sont très légèrement inférieurs (perte d'efficacité moyenne de l'ordre de 2 à 5 % selon l'OAD et la cible considérée). Les différences de performance observées entre les sites dépendent de la pression parasitaire annuelle ainsi que du programme de protection retenu (choix des spécialités et conditions de renouvellement).

Ces résultats, non significatifs, doivent cependant être relativisés car ils ont été obtenus dans des conditions optimales de pulvérisation (traitements face par face). Les facteurs « pulvérisation et réglages » étant déterminants dans toute démarche de gestion des intrants.

Des récoltes équivalentes

Pour les trois années d'essais, le développement des maladies dans les modalités traitées a été suffisamment contenu pour qu'il ne soit pas nécessaire de réaliser une pesée systématique de récolte (pas de différence).

Sur les deux essais récoltés et pesés dans le Sancerrois (Espace Vigne 2012) et en vallée de la Loire (Viti. Vini 2013), aucune différence significative n'a été mesurée, que ce soit tant au niveau de la quantité que de la qualité.

Rappelons que les derniers millésimes ont été marqués par des incidents physiologiques fréquents (coulure et millerandage) qui ont rendu plus difficile l'interprétation des bilans de récolte.

Conclusion : deux OAD intéressants

Bénéfices prouvés

L'adaptation de doses, en viticulture, constitue un outil précieux pour réduire les intrants phytosanitaires dont les fongicides antimildiou et anti-oïdium constituent la très grande part.

Deux modèles différents existent : l'OAD Agroscope et Optidose. Pour le calcul des doses, le premier modèle tient compte du volume de haie foliaire mesuré au champ. Le modèle Optidose, intègre quant à lui deux paramètres supplémentaires : le stade phénologique et le risque potentiel au moment du traitement. Cette différence de paramétrage explique les écarts de doses observés en début et/ou en fin de végétation.

Ces essais « de valeur pratique », conduits par le réseau InVivo Agro, dans cinq régions viticoles distinctes (Cognac, Sancerre, Bourgogne, Val de Loire et vallée du Rhône) entre 2011 et 2013 ont mis en évidence les bénéfices suivants :

– une baisse de l'IFT d'environ 30 % selon l'OAD utilisé et la cible considérée (mildiou ou oïdium) ;

– une efficacité de lutte comparable à la référence (2 à 5 % d'écarts en moyenne), sans perte de rendement significatif ;

– une économie moyenne de protection de l'ordre de 102 €/ha (OAD Optidose) à 123 €/ ha (OAD Agroscope).

Attention : il y a des conditions indispensables à respecter

Comme toute pratique visant à optimiser (donc souvent diminuer) l'usage des intrants phytosanitaires, l'adaptation des doses nécessite une bonne maîtrise des fondamentaux de raisonnement de protection des cultures.

Ils sont de trois ordres : une bonne connaissance du parcellaire à protéger, un positionnement optimum des traitements (pluies contaminatrices, stades phénologiques sensibles...) et surtout une pulvérisation de qualité (traitement face par face indispensable). Un accompagnement terrain peut faciliter la mise en œuvre de ce type de démarche.

<p>(1) TRV (m3/ha) = hauteur de feuillage (m) x largeur de feuillage (m) x 10 000 (m²)/ distance interrang (m).</p>

1 - Méthode suisse d'adaptation des doses (Agroscope)

La Suisse a été pionnière en adaptant les doses en vergers depuis près de 20 ans (Viret et al., 1999) et sur vigne depuis une dizaine d'années.

Le but de la méthode du dosage adapté, développée par Agroscope (Siegfried et al., 2007), est d'obtenir un dépôt constant de matière active par unité de surface foliaire tout au long de la saison afin de garantir une bonne efficacité avec une quantité de fongicide optimisée.

Pour ce faire, il faut :

– d'une part disposer d'une méthode précise mais simple d'évaluer la surface foliaire présente le jour du traitement,

– d'autre part connaître le dépôt moyen obtenu par un pulvérisateur de la pratique.

Les surfaces foliaires peuvent être déterminées indirectement avec précision en mesurant le volume de la haie foliaire en m3/ha. Une dizaine de mesures de largeur et hauteur du feuillage à l'aide d'un double-mètre suffisent pour apprécier de manière fiable le volume foliaire à traiter.

D'autre part, la quantité de produit déposée par différents pulvérisateurs de la pratique a été mesurée tout au long du développement végétatif de la vigne. Une étroite corrélation a été obtenue entre développement de la surface foliaire et dépôt de matières actives.

La méthode de dosage adapté d'Agroscope intègre ces informations pour déterminer la quantité de produit à pulvériser afin d'obtenir le dépôt de la quantité de matière active souhaitée par unité de surface foliaire à partir de la dose homologuée.

De par sa précision, l'adaptation de dose exige une technique d'application irréprochable en particulier un traitement face par face avec un pulvérisateur parfaitement réglé et calibré.

Des essais pratiques conduits de 2005 à 2013 dans une situation particulièrement favorable au mildiou, ont permis de démontrer en moyenne une réduction de 21,5 % de la quantité de fongicides tout en obtenant un niveau de protection similaire.

Au plan financier, l'économie se montait en moyenne à 17 % soit 163 francs suisses/ha/an (Viret et al., 2010).

En Suisse, les nouvelles homologations de fongicides intègrent la méthode, cela figure sur les emballages.

Un outil de calcul disponible sur www.agrometeo.ch permet de calculer facilement le dosage du produit adapté au volume foliaire à traiter.

Fig. 1 : Évolution de la dose/ha appliquée en utilisant les deux OAD

Exemple sur l'essai Espace Vigne (18), cible mildiou, 2013.

Fig. 2 : Évolution du volume de haie foliaire au cours du cycle végétatif de la vigne

Cinq essais du réseau InVivo Agro, 2013.

2 - Méthode Optidose d'adaptation des doses en France (IFV)

Contrairement à d'autres pays (Suisse, Allemagne...) où la dose homologuée évolue avec la croissance végétative, l'homologation des fongicides demeure, en France, exprimée en unité de produit par unité de surface au sol, quel que soit le stade d'application ou le développement de la végétation. La dose autorisée est déterminée pour rester efficace lorsque l'ensemble de ces facteurs sont favorables au développement de la maladie, ce qui est rarement le cas dans la pratique. Cela suppose l'existence de marges de progrès en matière d'intrant phytosanitaire.

L'objectif du projet Optidose était de concevoir puis de valider une méthode d'adaptation de la dose de produit en fonction :

– de la surface de feuillage à protéger ;

– du stade phénologique ;

– de la pression parasitaire évaluée au moment du traitement.

Les règles de décision créées par l'IFV ont été testées depuis 2002 en microparcelles mais aussi avec du matériel grand travail chez des viticulteurs au sein d'un réseau national comportant de nombreux partenaires. Cela a permis de les faire évoluer.

Nous avons pu constater sur ce réseau d'essais qu'une réduction moyenne des doses sur la saison de l'ordre de 35 % conduit généralement à une baisse d'efficacité faible, dans des marges qui restent tolérables en pratique. Le risque majeur résulte d'une réduction des doses en conditions difficiles dans lesquelles même la pleine dose donne souvent des résultats peu satisfaisants. La réduction des doses va de pair avec celle des marges de sécurité. Dans ces conditions, l'utilisation d'un pulvérisateur performant et bien réglé est impérative.

L'abaque de calcul Optidose pour adapter la dose de produit à ces divers facteurs est en ligne sur le site www.vignevin-epicure.com. Le nombre de connexions (plus de 15 000 en 2013) toujours croissant témoigne de l'intérêt de la profession pour cet outil.

3 - Témoignages en Cognac, Sancerre et Mâconnais

L'essai conduit au lycée viticole de Jonzac depuis 2010 a été riche en enseignements. Le responsable de l'exploitation s'appuie sur ce travail pour répondre aux exigences de l'axe 16 du plan Ecophyto.

Pour notre coopérative, c'est un véritable support d'échanges pour nos différents rendez-vous techniques avec nos adhérents (plateformes techniques annuelles, réseau Ferme Ecophyto et groupes dédiés à la lutte raisonnée).

Sylvie Liaigre, animatrice technique du dossier Ferme Ecophyto pour Charentes Alliance (16-17).

Malgré les risque s de perte de récolte, le viticulteur s'est fortement impliqué dans cet essai. Cette approche lui a donné une autre vision de son métier : « La réduction de dose exige de bien maintenir les cadences et d'avoir une pulvérisation irréprochable, dans ces conditions il semble possible de le faire sur les premiers stades de la vigne. » (M. Sautereau, viticulteur à Crézancy-en-Sancerre). Aujourd'hui il applique la méthode sur toutes ses vignes pour les premiers traitements et relativise la présence de taches de mildiou.

Guillaume Laloy, technicien d'Espace Vigne (18).

Ces essais ont montré la nécessité d'accompagner nos viticulteurs ouverts à ce type d'approche. La qualité de pulvérisation, notamment pour gérer le risque oïdium, reste déterminante.

Les volumes de végétation de notre vignoble étant parfois importants, le modèle Optidose paraît le plus approprié. En effet, il prend en compte à la fois le volume de végétation à protéger ainsi que les facteurs de risques liés au stade phénologique et à la pression du moment.

Jean-Claude Laugère, technicien d'Ecovigne Beaujolais-Mâconnais (71).

Fig. 3 : IFT et efficacité mildiou (%) calculés à fermeture complète ou maturité, 9 références, de 2011 à 2013

Essais InVivo Agrosolutions.

Fig. 4 : IFT et efficacité oïdium (%) calculés à fermeture complète ou maturité, 5 références, de 2011 à 2013

Essais InVivo Agrosolutions.

RÉSUMÉ

CONTEXTE - Avec le plan Ecophyto 2018, la viticulture doit raisonner davantage l'usage des intrants phytosanitaires, dont les principaux consommables sont les fongicides antimildiou et anti-oïdium. L'adaptation des doses fait partie des leviers pour la profession viticole.

Deux OAD différents sont actuellement disponibles : OAD Agroscope et Optidose®.

TRAVAUX - Afin d'accompagner les viticulteurs ouverts à ce type de démarche, le réseau des coopératives vigne InVivo Agro a mis en place des essais de « valeur pratique » dans cinq régions viticoles distinctes de 2011 à 2013.

RÉSULTATS - Les résultats, principalement acquis en 2012 et 2013, montrent qu'il est possible de réduire l'IFT fongicide d'un tiers environ selon l'OAD et la cible considérés. Les baisses d'efficacité qui en découlent sont faibles : de 2 à 5 % en moyenne par rapport au programme de référence. De même, aucun impact notable sur le rendement n'a été mis en évidence. Une qualité de pulvérisation élevée/irréprochable est indispensable si l'on souhaite s'ouvrir à ce type de démarche.

MOTS-CLÉS - Vigne, mildiou, oïdium, fongicides, adaptation de doses, OAD (outil d'aide à la décision), volume de haie foliaire, OAD Agroscope, Optidose.

POUR EN SAVOIR PLUS

AUTEURS : *C. COTTET, responsable technique Vigne, InVivo Agrosolutions, 83, av. de la Grande-Armée 75016 Paris.

**P.-H. DUBUIS, phytopathologiste, Agroscope à Changins, 1260 Nyon 1 Suisse.

***O. VIRET, chef de division de recherche Protection des végétaux, viticulture et oenologie, Agroscope à Changins, 1260 Nyon 1 Suisse.

** **A. DAVY, ingénieur Protection du vignoble, IFV Pôle Bordeaux Aquitaine, 39, rue Michel-Montaigne 33290 Blanquefort. *** **M. RAYNAL, manager d'opération, IFV Pôle Bordeaux Aquitaine, 39, rue Michel-Montaigne 33290 Blanquefort.

CONTACT : ccottet@invivo-group.com

LIENS UTILES : www.vignevin-epicure.com

www.agrometeo.ch

BIBLIOGRAPHIE : - Codis S., Douzals J.-P., Davy A., Chapuis G., Debuisson S. & Wisniewski N., 2012. Doses de produits phytos autorisées en Europe, vont-elles s'harmoniser ? Phytoma 656, août-septembre 2012, 37-41.

- Davy A., Raynal M., Vergnes M., Claverie M., Codis S., Bernard F.-M. et al., 2011. Optidose® : un outil d'aide à la décision pour moduler les doses de fongicides. Colloque Euroviti, Montpellier 1er décembre 2011.

Davy A., Raynal M., Vergnes M., Claverie M, Codis S., Bernard F.-M. et al., 2011. Trials results of the Opti-dose ® method using an adjustment of the pesticide dose for control of downy mildew and powdery mildew. Proceedings of the 11th international workshop on sustainable plant protection techniques in fruit growing, Lanxade, France, 8-10 June 2011, CTIFL, 80-81.

Raynal, M. 2002. Downy and powdery mildew : adaptation of the doses of pesticides according to risks of epidemics and total leaf surface developed in the vineyard. Meeting on powdery & downy mildew in grapevine. 87-88.

Siegfried W., Viret O., Hubert B. & Wohlhauser R., 2007. Dosage of plant protection products adapted to leaf area index in viticulture. Crop Protection 26, 73–82.

Viret O., Rüegg H.-J., Siegfried W., Holliger E. & Raisigl U., 1999. Pulvérisation en arboriculture. Adaptation de la dose de produits phytosanitaires et de la quantité d'eau au volume des arbres fruitiers à pépins et à noyaux. Revue suisse de viticulture arboriculture horticulture 31 (3), 1–12.

Viret O., Siegfried W., Wohlhause R. & Raisigl U., 2005. Dosage des fongicides en fonction du volume foliaire de la vigne. Revue suisse de viticulture arboriculture horticulture 37 (1), 18-19.

Viret O., Dubuis P.-H., Bloesch B., Fabre A.-L., Dupuis D. 2010 Dosage des fongicides adapté à la surface foliaire en viticulture : efficacité de la lutte. Revue suisse de viti arbo horti. 42, (4), 226-233.

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