Basé à Bordeaux au SRAL(1) Aquitaine, Philippe Reulet consacre depuis 2003 80 % de son temps à la DGAL, en tant qu'expert pesticides, eau et environnement.
Comme tous ses collègues, experts filière ou experts sur des thématiques plus transversales, les 20 % restants sont réservés à des missions régionales, « histoire de garder un pied sur le terrain ».
En tant que représentant de la DGAL, Philippe Reulet a ainsi pris part à la validation des systèmes de traitement des effluents phytosanitaires avec des experts du ministère de l'Environnement et de l'Ineris(2). Avec les bureaux de la DGAL, il a contribué au suivi post-homologation des substances actives et à l'élaboration de mesures de gestion des produits, notamment des herbicides retrouvés dans les eaux, pour proposer des recommandations de modifications des pratiques.
Ecophyto 2018
Dans le cadre d'Ecophyto 2018, notre expert a fort à faire et participe au groupe de travail « Indicateurs des risques et impacts des pesticides dans l'air et l'eau » et sur les risques santé et sécurité au travail pour les opérateurs.
Objectifs de ces indicateurs (qui ne mesurent pas les impacts réels sur le terrain mais servent à les prédire grâce à la modélisation) : voir l'évolution dans le temps et pouvoir proposer des recommandations en matière de pratiques permettant de réduire ces impacts.
« Il nous fallait des indicateurs plus larges que l'IFT(3) pour juger l'évolution des pratiques et leur pertinence en termes de réduction d'impacts. Il faut maintenant que les structures comme l'Inra, l'Irstea(4) et l'Ineris les utilisent et procèdent à une interprétation partagée des résultats obtenus par modélisation. »
Philippe Reulet prend également part à la collecte d'informations à caractère exemplaire sur toutes les régions en matière de réduction de l'utilisation des phytos et étudie les moyens de diffusion et de communication les plus appropriés pour ces pratiques.
Impact en milieux aquatiques
Il suit également les groupes de travail de l'Onema, l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques.
Toujours dans le domaine de l'eau, Philippe Reulet collabore au dossier Mercat'eau. Il s'agit d'élaborer un modèle national pour l'évaluation des risques de contaminations diffuses des milieux aquatiques par les produits phytopharmaceutiques. Ce modèle servira à valider les mesures de gestion adaptées à chacune des molécules concernées.
Performance des pulvérisateurs
Mais le sujet qui le tient certainement le plus à cœur est l'optimisation de la pulvérisation. « La mise en place de méthodes alternatives n'étant pas toujours possible, du moins dans l'immédiat, si nous voulons limiter l'impact des phytos sur l'environnement et le voisinage, il faut également, et certainement, commencer par améliorer les pratiques de pulvérisation, notamment la performance des pulvérisateurs. Avec l'IFV(5) et le CTIFL(6), nous nous sommes penchés en premier sur la viticulture et l'arboriculture, productions qui concentrent le plus de traitements. »
Un banc de mesure de la qualité de la pulvérisation et de la performance agroenvironnementale des matériels a été mis au point et validé(7).
Il va maintenant permettre d'évaluer les pulvérisateurs vigne et arboriculture, les classer les uns par rapport aux autres, et demain ceux des grandes cultures.
« L'objectif étant que les pulvérisateurs pas suffisamment performants soient progressivement remplacés par du matériel qui pourrait bénéficier d'aides plus ciblées.
Toujours dans l'objectif de réduire la dose et de protéger l'environnement, nous avons travaillé sur le confinement de la pulvérisation en vigne avec de nouveaux matériels équipés de panneaux récupérateurs de la bouillie pour limiter les pertes dans l'air et dans le sol (40 % en moyenne habituellement, 5 à 10 % avec ce système). »
Une mission qui va évoluer
Philippe Reulet va passer la main prochainement, à un moment où la mission des experts évolue en abandonnant leurs missions régionales.
« Mon successeur sera chargé de l'environnement mais également des risques phytos sur la santé.
Pour moi, cela a été une formidable expérience, très enrichissante, avec des rencontres de personnes souvent de haut niveau et de différents milieux », souligne Philippe Reulet, qui va désormais se consacrer entièrement à sa région.
« Je suis référent agroécologie, chargé du projet Ecophyto 2018 en région et responsable du pôle Épidémiosurveillance en productions végétales.
Cette dernière mission prend aujourd'hui de l'importance dans le cadre de la nouvelle gouvernance sanitaire mise en place dans les régions. »
Maintenir une expertise agronomique
Avant de tirer sa révérence, notre expert veut attirer l'attention sur les compétences en agronomie qui risquent de disparaître. « Le leitmotiv du ministère de l'Agriculture est de conserver l'expertise. Pour cela, il est urgent d'y mettre les moyens. L'expertise agronomique est très sollicitée pour mettre en œuvre les outils au service du double objectif de performance économique et environnementale défini dans l'agroécologie. C'est aussi pour cela que durant toutes ces années d'expertise, je suis souvent intervenu comme formateur pour transmettre mon savoir aux nouvelles générations. »
<p>(1) Serv. rég. de l'alimentation (de Draaf, Dir. rég. agriculture, alimentation et forêt).</p> <p>(2) Institut national de l'environnement industriel et des risques.</p> <p>(3) Indice de fréquence de traitement.</p> <p>(4) Ex-Cemagref.</p> <p>(5) Institut français de la vigne et du vin.</p> <p>(6) Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes.</p> <p>(7) Voir « <i>Une vigne artificielle...</i> » de l'UMT EcoTechViti, <i>Phytoma</i> n° 673, p. 20 à 25.</p>