Voici un nouvel outil disponible sur internet. Réalisé par et pour les agriculteurs, complémentaire d'EcophytoPIC, lui aussi concourt à l'agroécologie et aux objectifs d'Ecophyto. Il valorise les expériences du réseau protection intégrée de l'association Farre.
Valoriser l'agroécologie
Les agriculteurs ont besoin de temps, de réflexion et d'échange
De nombreux réseaux ont comme objectif de mettre en avant des expériences liées à l'agroécologie. Ces réseaux de pionniers, dont Farre est un exemple, permettent de disposer de références concrètes sur cette forme d'agriculture.
Ils représentent donc un des éléments indispensables à l'élaboration du projet agroécologique du ministère et à la réussite de son objectif (50 % des exploitations engagées dans l'agroécologie d'ici 2025).
Cependant, pour engager cette transition, les agriculteurs ont non seulement besoin d'exemples et de références, mais aussi de temps, de réflexion et d'échanges avec leurs collègues.
L'enjeu de la Boîte à outils est donc de favoriser cet échange pour un déploiement à grande échelle de ces pratiques performantes et vertueuses.
Le réseau protection intégrée de Farre a 10 ans
Au sein de l'association Farre, un réseau spécialisé travaille sur la protection intégrée depuis dix ans avec des agriculteurs engagés dans des démarches de progrès et surtout qui souhaitent témoigner de leur expérience. Répartis sur toute la France, ces agriculteurs représentent trois grands systèmes de production : grandes cultures, viticulture et arboriculture.
Un outil pragmatique
À partir de ce réseau et avec de nombreux partenaires, ce dispositif a été développé pour être complémentaire aux outils existants (notamment EcophytoPIC) fait par et pour les agriculteurs.
Il s'agit d'un outil pragmatique et très progressif, conçu à partir de l'approche de la protection intégrée.
Celle-ci combine des méthodes complémentaires de protection des plantes avec un raisonnement progressif : méthodes prophylactiques et alternatives en premier lieu, raisonnement et usage de produits phytopharmaceutiques uniquement en dernier lieu. Point important : elle permet d'obtenir des résultats satisfaisants à la fois du point de vue économique et du point de vue environnemental.
Cette approche constitue, de par l'importance de l'entrée protection des plantes sur une exploitation agricole, une porte d'entrée nécessaire au bon développement de l'agroécologie.
Afin de diffuser le plus largement possible et de toucher le plus grand nombre d'agriculteurs, l'interface choisie est celle d'un site internet. Cela permet d'intégrer des plateformes d'échange pour mettre en commun les expériences terrain.
Ce site internet est gratuit et disponible sur plusieurs supports (PC, tablette, smartphone). Il sera enrichi progressivement pour proposer d'ici fin 2015 un large éventail de contenus et de productions.
Fonctionnement et contenu du site internet
Deux entrées au choix
Le principe de la Boîte à outils est de proposer des leviers d'action et des pratiques permettant de respecter les impératifs économiques tout en réduisant l'impact environnemental.
Ce portail est composé de deux entrées, permettant un choix par l'agriculteur de l'échelle qui lui semble la plus pertinente dans son cas :
- une entrée par production, où quatre problématiques de protection des plantes ont été identifiées : adventices/entretien du sol, maladies, ravageurs, nutrition ; elle concernera à terme une douzaine de productions ;
- une entrée transversale à partir de laquelle on accède à des thèmes tels que la gestion des écosystèmes, la qualité de pulvérisation, la prévention des résistances ou l'agriculture de précision.
Du problème aux leviers d'action
Le fonctionnement via ces deux entrées est en fait similaire.
Ainsi, pour l'entrée par production, l'agriculteur choisit la production qui le concerne (par exemple le blé) puis la problématique qu'il rencontre (par exemple celle des adventices).
Ensuite, il accède à des leviers d'action : ces derniers concernent soit la culture soit le système de culture.
Pour chaque levier, l'utilisateur a à sa disposition une fiche technique et un partage d'expériences.
Des fiches techniques mais aussi des vidéos d'agriculteurs
La fiche technique, assez synthétique, comporte un descriptif, les conditions de mise en place et surtout les intérêts et limites de ce levier. Elle permet également d'avoir accès à des liens pour plus d'informations techniques (EcophytoPIC, instituts techniques...).
Le partage d'expérience se présente, quant à lui, sous la forme de témoignages vidéos et/ou écrits d'agriculteurs.
Ceux-ci permettent de mettre en avant, pour un contexte et un système d'exploitation donnés, les intérêts du levier en termes agronomiques, socio-économiques et environnementaux, mais aussi ses limites et les freins possibles à sa mise en place.
Ces deux types de contenu permettent à l'agriculteur qui les consulte de se faire une idée de la pertinence des différentes pratiques dans son propre système d'exploitation.
Le visiteur peut contribuer
Enfin, l'agriculteur internaute peut contribuer en apportant sa propre expérience afin d'enrichir le partage d'expérience et de diffuser plus largement ces pratiques.
Quelques exemples de pratiques détaillées
Du côté du blé
À ce jour, trois productions sont détaillées dans la Boîte à outils : blé, pomme-poire et vigne. Colza, maïs et betterave seront prochainement disponibles.
En blé par exemple, la boîte contient :
- des leviers agronomiques tels que la rotation des cultures, la date et la densité de semis, les modalités de travail du sol ;
- des leviers génétiques tels que le choix variétal ;
- des leviers de biocontrôle comme l'utilisation de la laminarine dans la gestion des maladies ;
- des leviers liés aux écosystèmes comme la préservation des auxiliaires de culture ;
- des leviers technologiques tels que l'utilisation d'OAD de pilotage.
Du côté de la vigne et des vergers
En pomme-poire et vigne, outre les leviers prophylactiques et agronomiques « classiques » (entretien du rang et de l'interrang, broyage, suivis des populations, etc.), une large part est faite au biocontrôle.
On trouve ainsi les fiches techniques et partages d'expérience sur la laminarine et la Bacillus subtilis dans la gestion des maladies en arboriculture, ou encore des discussions sur des leviers tels que les filets Alt'Carpo, la confusion sexuelle et le virus de la granulose en ce qui concerne les insectes.
En vigne sont abordés les outils d'aide à la décision permettant l'adaptation des quantités de traitement en fonction de la surface foliaire, ce qui entraîne une réduction significative des bouillies fongicides.
Le dispositif propose également des témoignages concernant les alternatives de non-taille et leurs intérêts concernant le moindre développement des maladies et l'attractivité réduite vis-à-vis des insectes.
Qu'attendre de cet outil ?
Ses complémentarités
Concernant les ressources techniques, des outils très complets existent déjà, comme EcophytoPIC par exemple. Pour échanger entre agriculteurs sur ses pratiques, il existe des forums très conviviaux et riches. Enfin plusieurs centaines d'applications mobiles ont été dédiées au secteur agricole.
La Boîte à outils vient en complément de toutes ces approches.
Enrichir le partage d'expérience
Son originalité est de regrouper un état des connaissances (une expertise technique) et des témoignages terrain pour montrer l'importance d'une agroécologie « éprouvée ».
La possibilité pour tous les agriculteurs d'enrichir le partage d'expérience paraît enfin déterminante pour développer à grande échelle ces pratiques performantes et durables.
1 - Les partenaires de la Boîte à outils
Sept organismes ont participé à la conception et la mise au point de cette Boîte à outils aux côtés de l'association Farre.
Par ordre alphabétique, ce sont :
- AFA, Association française des adjuvants ;
- AFPP, Association française de protection des plantes ;
- GNIS, Groupement national interprofessionnel des semences ;
- IBMA France (IBMA = International Biocontrol Manufacturer Association, Association internationale des fabricants de produits de biocontrôle) ;
- InVivo (groupe coopératif) ;
- UIPP, Union des industries de la protection des plantes ;
- Unifa, Union des industries de la fertilisation