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Pose de diffuseurs antitordeuse à Vouvray : « le premier traitement antibotrytis » ! Photo : M. Decoin, 23 avril 2015
Pour le mildiou, le mode d'action de l'amétoctradine a été élucidé. Dans la note 2014, cette substance était encore « considérée comme faisant partie » des QiI et placée dans la même catégorie que la cyazofamide. Courant 2014, il a été découvert que ces deux substances ont des sites d'action différents. L'amétoctradine est dans la catégorie dite des QoSI ou QoI-D, les auteurs de la note préférant la seconde appellation.
Pour s'initier aux arcanes de l'amétoctradine, les curieux liront la note (voir « Pour en savoir plus ») et l'article en p. 37 de ce numéro.
L'existence de souches de mildiou résistantes à la fois à l'amétoctradine et à la cyazofamide est confirmée. Ce phénomène était la raison pour laquelle les deux substances étaient classées dans la même famille en attendant d'en savoir plus.
Un mécanisme de cette résistance a été élucidé : comme soupçonné l'an dernier, ce serait une surexpression de l'AOX (mécanisme de respiration alternative, voir p. 37). Ce mécanisme existe pour d'autres champignons chez lesquels il engendre des souches résistantes moins compétitives que les sensibles - on dit qu'elles ont une « fitness altérée ». Si c'était le cas aussi pour le mildiou, cette résistance pourrait être gérée relativement facilement, au contraire de la résistance aux strobilurines. Reste à établir si c'est le cas... Pour l'instant, les auteurs de la note n'en savent rien.
Les autres informations sont des confirmations. Ainsi, la résistance aux CAA a été étudiée en 2014 dans tout le vignoble et pas seulement dans le nord-est comme en 2013. Verdict : elle est généralisée.
Côté recommandations, l'évolution essentielle depuis l'an dernier est la gestion de l'amétoctradine et de la cyazofamide. L'usage n'est plus à « deux applications par an avec des préparations contenant l'une ou l'autre de ces substances actives » mais à « trois applications par an » avec ces préparations et au maximum « deux applications pour chaque substance active ».
L'oïdium a vu arriver une nouvelle substance, la pyriofénone (même famille que la métrafénone).
Par ailleurs, la détection encore rarissime (deux échantillons seulement) d'une « perte de sensibilité » au boscalid a été observée. Les études sont en cours pour déterminer s'il s'agit d'une résistance et, si oui, quel en serait le mécanisme. Cette substance et son mode d'action (commun au boscalid et au fluopyram, tous deux des SDHI) sont « particulièrement surveillés » en 2015.
La résistance aux QoI « classiques » (appelés aujourd'hui QoI-P pour les différencier des QoI-D) semble stabilisée voire en légère régression. Mais elle reste généralisée : 94 % des populations testées et 59 % de souches résistantes en moyenne.
Quant au quinoxyfène, la présence de résistance dans plusieurs régions et pas seulement en Champagne est confirmée.
Aucun changement de recommandation n'est à noter pour l'oïdium par rapport à l'an dernier.
En revanche, le black-rot est l'objet d'une nouvelle consigne : en cas de pression de cette maladie, il est proposé de la viser par « une application supplémentaire », soit une troisième application d'IBS (triazole), ou encore une strobilurine entre la fermeture de la grappe et la véraison.
Enfin le botrytis se montre fluctuant, avec des résistances qui se développent et d'autres qui régressent à la suite d'un bon respect des recommandations d'alternance.
Là encore, les conseils sont les mêmes que dans la note 2014, avec un accent posé sur la prophylaxie : d'une part bien aérer les grappes, d'autre part limiter leurs blessures qui peuvent survenir lors des effeuillages (eux-mêmes réalisés pour aérer les grappes !) mais aussi du fait de morsures de tordeuses.
En effet, « la protection contre les tordeuses, c'est le premier traitement antibotrytis », affirmait l'un des participants à une journée de pose de diffuseurs de confusion sexuelle (Rak 1 + 2 Mix de BASF), le 23 avril dernier à Vouvray (photo). Ce moyen de protection classé Nodu vert et UAB protège désormais 40 % des vignobles de cette appellation.
NOTES COMMUNES : QUI SIGNE ?
Ces pages évoquent trois notes (après les maladies des céréales en mars). Leurs signataires sont :
- pour les « Maladies de la vigne », la SDQPV (sous-direction de la Qualité et de la protection des végétaux) de la DGAL (Direction générale de l'alimentation) du MAAF, l'Anses-RPP (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail-Unité résistance aux produits phytosanitaires), l'Inra (Institut national de la recherche agronomique), le CIVC (Comité interprofessionnel des vins de Champagne), l'IFV (Institut français de la vigne et du vin) et les chambres d'agriculture ;
- pour la note « Sclérotiniose du colza », le Cetiom (Centre technique des oléagineux), l'Anses et l'Inra pour la « version longue » avec conseils sur les traitements fongicides ; les mêmes plus la DGAL/SDQPV pour la version courte sans ces conseils ;
- pour la note « Gestion alternative des adventices en grandes cultures », l'Acta (réseau des instituts des filières animales et végétales), Arvalis-Institut du végétal, le Cetiom, l'ITB (Institut technique de la betterave) et la DGAL.
