ImprimerLes lymphomes non hodgkiniens (des cancers du sang) sont désormais reconnus comme des maladies professionnelles liées à certains pesticides en agriculture. Un décret paru le 9 juin au JORF crée pour eux le tableau n° 59 des maladies professionnelles en agriculture, intitulé « Hémopathies malignes provoquées par des pesticides ».
Déclaration de maladie
Le décret précise le délai de prise en charge : dix ans. Autrement dit, il ne faut pas attendre, pour faire sa déclaration de maladie, plus de dix ans après la fin de l'exposition aux produits. De plus, cette exposition doit avoir duré au moins dix ans.
Le texte détaille les circonstances possibles d'exposition : par contact ou inhalation lors de la manipulation et de l'emploi des produits, mais aussi par contact avec les cultures, surfaces ou animaux traités ou lors de l'entretien des machines destinées à l'application des pesticides.
Produits épinglés
Le décret cite les pesticides concernés :
- les « composés organochlorés » ; le DDT, le lindane, le chlordécone et l'endosulfan sont interdits aujourd'hui en France pour la protection des plantes, mais les derniers produits phyto à base d'endosulfan ont été interdits d'emploi au 30 mai 2007(1), donc il y a moins de dix ans ; quant au lindane (HCH), interdit comme produit phyto depuis 1998(2), il est resté autorisé dans des « insecticides vétérinaires topiques » jusqu'en 2007 inclus(3), donc là encore il y a moins de dix ans ;
- les « composés organophosphorés » dont certains sont encore autorisés dans des insecticides agricoles, phyto (chlorpyriphos-éthyl, chlorpyriphos-méthyl, diméthoate, fosthiazate, phosmet, pyrimiphos-méthyl) ou biocides (dichlorvos alias DDVP), et d'autres sont interdits comme produits phyto (diazinon, éthoprophos, malathion, phénamiphos, phoxime, téméphos) mais certains depuis moins de dix ans ;
- le carbaryl (les insecticides phyto à base de ce carbamate ont été interdits d'emploi à partir du 20 novembre 2008(4)) ;
- le toxaphène (insecticide parfois classé organochloré), interdit comme produits phyto depuis les années 1980 ;
- l'atrazine, herbicide interdit depuis février 2003.
Au fait, ces lymphomes...
À noter : l'étude Agrican(5), signale, pour ce type de cancers, une sous-mortalité des agriculteurs (significative chez les hommes, pas chez les femmes) mais aussi leur surincidence, pour l'instant non significative chez les hommes et les femmes. Cette surincidence contraste avec la sous-incidence significative globale du cancer.
En clair, les agriculteurs ont, c'est établi, moins de cancers que la population générale et ils en meurent moins, mais ils auraient, c'est à vérifier, davantage de ces lymphomes non hodgkiniens, même si au final ils n'en meurent pas plus.
À noter : c'est pour ce type de lymphomes que le Circ a classé « cancérogènes probables » le glyphosate mais aussi le diazinon et le malathion(6) ainsi que le DDT(7), et « cancérogène certain » le lindane(8).
(1) Sources : Index phytosanitaire Acta 2007 et e-phy (http://e-phy.agriculture.gouv.fr/), rubrique intrants retirés. (2) Source : Index Acta 1998 et e-phy.(3) Source : Ineris 2007. Données technico-économiques sur les substances chimiques en France : hexachlorocyclohexane, 22 p. (http://rsde.ineris.fr/).(4) Source : Index Acta 2008 et e-phy. (5) « Agriculture et cancer : Agrican suit sa cohorte », Phytoma n° 680, janv. 2015 p. 8. (6) Voir Phytoma n° 683, avril 2015, p. 6. Publication de la monographie annoncée pour juillet par le Circ.(7) et (8) Monographies publiées le 23 juin. http://monographs.iarc.fr/FR/News/index.php
