Ce mois d'octobre, la bactérie Xylella fastidiosa a été trouvée en France continentale : à Nice et à Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes). Là, comme en Corse, il s'agit de la sous-espèce multiplex.

Le soupçon planait, l'annonce officielle par le MAAF est tombée le 13 octobre : un pied de polygale à feuille de myrte malade repéré sur la commune de Nice s'est avéré touché par la bactérie Xylella fastidiosa.

La souche trouvée appartient à la sous-espèce multiplex, comme dans les végétaux corses touchés depuis juillet dernier. Elle est différente de la souche qui sévit en Italie, y tue les oliviers et appartient à la sous-espèce pauca.

Xylella fastidiosa subsp. multiplex n'est pas connue pour s'attaquer aux citrus ni à la vigne (au contraire des souches notamment de X. fastidiosa subsp. fastidiosa), et elle a épargné les oliviers corses.

Un deuxième foyer dans les Alpes-Maritimes a été signalé par le MAAF le 22 octobre. Il est situé à Mandelieu-la-Napoule, sur un « arbuste de même type ». Là aussi, on à affaire à multiplex.

Le communiqué ajoute qu'à Nice, cinq pieds de polygale situés dans des massifs proches de celui analysé en premier se sont révélés contaminés par la même souche.

Des mesures sont prises, sur le continent comme en Corse.

Dans un rayon de 100 m autour des pieds contaminés (« zone infectée »), il y a obligation de désinsectisation car la maladie est susceptible d'être transmise par des cicadelles, puis arrachage et brûlage de ces pieds et inspection des végétaux.

Dans une zone tampon de 10 km, surveillance accrue et restriction au transport des végétaux.

Une enquête sur l'origine des contaminations est en cours. Il semble que, comme en Corse, une bonne partie de ces arbustes aient été importés d'Italie... Mais il est encore trop tôt pour en tirer une conclusion.

Et en Corse, au fait ? Dans le point de situation disponible au 26 octobre et daté du 15, la préfecture signale 143 foyers, dont cinq en Haute-Corse et les autres en Corse-du-Sud. Pour mémoire, notre précédent numéro faisait état de 78 foyers au 15 septembre(1).

Au 15 octobre, sur 2 300 prélèvements effectués, 320 végétaux ont été déclarés porteurs de X. fastidiosa sous-espèce multiplex.

Les polygales à feuilles de myrte représentaient 95 % du total. Les autres espèces touchées sont :

- le faux genêt d'Espagne Spartium junceum (six plants, un de plus que le mois dernier) ;

- le pélargonium odorant Pelargonium graveolens (cinq plants, trois de plus que le mois dernier) ;

- les cytises (trois plants soit un de plus que le mois dernier, dont deux cytises de Tenerife, dits aussi genêts de Tenerife(2) Cytisus racemosus et un Cytisus sp., c'est-à-dire un représentant du genre Cytisus dont l'espèce précise est inconnue) ;

- la véronique arbustive Hebe sp., un plant déjà signalé le mois dernier...

...Mais aussi, c'est nouveau :

- la lavande dentée (dite aussi frangée) Lavandula dendata hybride, avec un plant de cette lavande ornementale touché ;

- le genêt faux-raisin d'ours Genista ephedroides, là aussi un plant.

De plus, onze végétaux appartenant à sept autres espèces ou genres se sont montrés positifs à X. fastidiosa, sans que la souche ne soit encore déterminée au 15 octobre. Neuf d'entre eux appartiennent à cinq espèces ou genres de plantes herbacées ou arbustives. Ce sont :

- deux pieds de romarin Rosmarinus officinalis ;

- deux plants de myrte commun Myrtus communis ;

- trois cistes, dont un ciste de Montpellier Cistus monspeliensis, un ciste de Crète Cistus creticus et un Cistus sp. ;

- un pied d'asperge sauvage Asparagus acutifolius ;

- un pied d'armoise Artemisia sp.

Les deux derniers végétaux appartiennent à des espèces d'arbres, mais la préfecture ne précise pas l'âge des sujets touchés. Ce sont :

- un érable sycomore Acer pseudoplatanus ;

- un chêne-liège Quercus suber.

Important : aucun plant ou pied ne s'est révélé touché par la bactérie parmi les 229 oliviers analysés, ni les 119 Prunus, ni les 111 lauriers-roses, ni les 67 citrus.

Cela permet d'espérer qu'il s'agisse d'une souche moins nuisible à l'agriculture que ne l'est la tueuse d'oliviers X. fastidiosa sous-espèce pauca présente en Italie, ou encore que X. fastidiosa sous-espèce fastidiosa responsable de la maladie de Pierce sur vigne aux États-Unis. Mais rien n'est encore sûr et la vigilance reste de mise.

(1) « Xylella en Corse, suite », Phytoma n° 687, octobre 2015, p. 4. (2) Il semble assez difficile de différencier les genres Cytisus (cytises) et Genista (genêt). Certaines espèces semblent changer de nom de genre selon la source.