Le sens commun nous susurre qu'un mur plein serait plus efficace qu'une haie pour protéger l'espace derrière lui du brouillard de dérive de pulvérisation phytosanitaire. En fait, c'est vrai s'il y a... un toit et des murs latéraux, bref si l'espace à protéger est l'intérieur d'un bâtiment ! En plein air, une haie semi-perméable est bien plus efficace. Ceux d'entre vous qui ont appris la mécanique des fluides sont en train de se dire : « Ah oui, c'est vrai ! », voire ont déjà soupiré : « On le sait, qu'un bon brise-vent est filtrant. » C'est expliqué p. 23 à 27, une autre vertu des haies étant évoquée p. 51 à 55.
Revenons au sens commun, à propos des chiffres d'utilisation de produits phytopharmaceutiques en France. Si l'on rapproche la hausse de 5,8 % du Nodu(1) sur le trio d'années 2012-13-14 par rapport au trio 2011-12-13 et la diminution de 10 % à 38 % dans les fermes Dephy entre 2012 et 2014(2), toutes soumises au même climat, le sens commun est de penser que la masse des agriculteurs ne font pas d'efforts alors que cela serait possible. Sauf que, 2014 étant la dernière année avant la taxe phytopharmacovigilance, beaucoup ont anticipé des achats pour 2015 (la hausse est de 9,4 % entre 2013 et 2014), mais pas les fermes Dephy, engagées et accompagnées. Et que cet accompagnement sécurise les fermes Dephy dans une évolution, en général progressive, et risquée pour qui se lancerait sans filet.
(1) Indice d'utilisation des produits. (2) De 10 % en grandes cultures (qui utilisent les deux tiers des produits phyto épandus en France), à 38 % en horticulture. Tous les chiffres dans notre hors-série de février 2016 « Dephy : résultats et enseignements des réseaux Ferme et Expé ».