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SANTÉ EXPOSITION AUX PESTICIDES AGRICOLES : L'ANSES PUBLIE SON RAPPORT

Phytoma - n°696 - août 2016 - page 4

Le 26 juillet, l'Anses a rendu public le résultat de cinq ans de travail sur les « Expositions professionnelles aux pesticides en agriculture ». Vingt-deux pages d'avis et sept volumes de rapport.
Récolte des cerises, au moins trois jours après le dernier traitement, c'est la loi. Dans ce cas de ré-entrée, quid de l'exposition ? Photo : M/ Decoin

Récolte des cerises, au moins trois jours après le dernier traitement, c'est la loi. Dans ce cas de ré-entrée, quid de l'exposition ? Photo : M/ Decoin

Il a fallu cinq années de travail d'expertise collective, à la suite d'une autosaisine de l'agence, pour aboutir à la parution d'un rapport sur l'exposition des agriculteurs aux pesticides. L'avis est disponible en accès libre, en introduction des 215 pages du volume central du rapport.

Sur l'usage des pesticides, l'avis conseille (p. 7) de le « diminuer [...] avec l'objectif explicite de réduire les expositions professionnelles de personnes travaillant dans l'agriculture ». Car réduction d'usage ne signifie pas forcément réduction d'exposition et des risques. Par exemple, appliquer un produit deux fois à 30 % de la dose au lieu d'une fois à dose pleine (pour préserver le milieu aquatique notamment) diminue l'usage du produit mais expose deux fois celui qui prépare le traitement.

Au sujet de la connaissance des expositions des personnes travaillant en agriculture, le communiqué de presse accompagnant cette sortie évoque un « manque de données ». Le terme de manque ne signifie pas « absence » mais « insuffisance ». L'avis lui-même (p. 8 et 9) évoque « des sources d'information dispersées » et des données « lacunaires », certaines tâches étant « peu documentées », et certaines données existantes, notamment celles fournies par les sociétés fabricantes dans leurs dossiers de demande d'AMM, étant « soumises à des exigences de confidentialité ». L'avis recommande donc de « favoriser l'accessibilité, la centralisation et la capitalisation des informations sur les expositions aux pesticides ». Et de « produire des données [supplémentaires] en soutenant le développement d'études indépendantes ».

L'avis demande aussi de :

- « réorganiser le conseil » aux agriculteurs ;

- « évaluer et améliorer la qualité des formations » ;

- soutenir la prévention par « des organismes indépendants » ;

- « évaluer et agir sur l'environnement technique de l'exposition en intégrant les contraintes de l'utilisateur » (ainsi il est sceptique sur « le port de combinaisons lors de phases de ré-entrée »(1)) ;

- réfléchir à l'évaluation des expositions dans la procédure de mise en marché des pesticides et au maximum rendre les données publiques ;

- « s'assurer que tous les pesticides soient pris en compte dans les actions de prévention (produits phytopharmaceutiques, biocides et médicaments vétérinaires) » ; en effet, dès le départ, ce travail a concerné les produits phyto(2) mais aussi les produits biocides et médicaments vétérinaires utilisés en agriculture (voir p. 4 de l'avis) ; les éleveurs utilisent des pesticides ;

- et, avec tout cela, « réduire la complexité des réglementations concernant les pesticides ».

(1) NDLR : par ailleurs, faut-il évaluer les expositions en considérant que les applicateurs portent des EPI durant le traitement, si ces EPI sont si inconfortables que personne ne les utilise sur le terrain ? (2) NDLR : 75 à 80 % des produits phyto sont des pesticides chimiques au sens de « issus de la chimie de synthèse », et la majorité du dernier quart sont des pesticides naturels au sens de « micro-organismes vivants ou substances extraites de minéraux, micro-organismes, végétaux ou animaux ».

POUR EN SAVOIR PLUS

www.anses.fr/fr/content/publication-du-rapport-sur-les-expositions-professionnelles-aux-pesticides-mieux-conna%C3%AEtre

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