Les limaces, redoutées sur céréales, maïs, betteraves et colza, ont longtemps été considérées comme un ravageur secondaire pour la pomme de terre. Mais récemment, des cas de forte proportion de tubercules touchés par des limaces ont conduit à des déclassements de lots d'industrie, ou à un préjudice pour les variétés destinées au marché du frais.
Face à cette menace, peut-on utiliser le levier variétal ? C'est ce que nous avons cherché à savoir.
Trente-deux variétés testées depuis 2003
Dispositif mis en place
L'étude de l'appétence des variétés de pommes de terre vis-à-vis des limaces a été mise en place selon un dispositif expérimental classique (bloc de Fisher à trois répétitions). Chaque parcelle élémentaire est constituée de deux rangs de pommes de terre sur 5 mètres de longueur. Chaque variété de pommes de terre est répartie de manière aléatoire au sein des blocs permettant l'analyse statistique des résultats.
La mise en place a lieu généralement fin avril sur une parcelle de production connue pour sa problématique limace et regroupant plusieurs facteurs connus pour être favorables aux limaces (sol argileux, précédent du type maïs avec nombreux résidus de cultures, peu de travail du sol...).
32 variétés ont été testées depuis 2003. La variété Monalisa est utilisée comme référence car elle est particulièrement appétente vis-à-vis des limaces (voir tableau).
Notation des tubercules, suivi des limaces et analyses statistiques
Pour chaque variété et pour chaque bloc, tous les tubercules récoltés ont été notés. Le niveau d'attaque a été évalué en déterminant le pourcentage de tubercules touchés. Pour chaque tubercule touché, le nombre de trous a également été comptabilisé.
Un suivi de la population de limaces a été réalisé grâce à trois pièges à limaces de type Inra disposés en bordure d'essai. Ce piège est constitué d'un carré de feutrine de 50 cm de côté recouvert d'une surface étanche créant un microclimat propice aux limaces.
Concernant l'analyse statistique, un test de Newman et Keuls (5 %) est réalisé pour établir les différences entre les moyennes des groupes dans une analyse de variance.
Résultats
Modulation selon la pression de limaces de l'année
Au cours de ces années d'étude, la présence du ravageur n'a pas été constante. Aussi, trois niveaux d'infestation ont été établis :
- niveau d'infestation élevé = nombre moyen de limaces au mètre carré par semaine supérieur à 20 ;
- niveau d'infestation moyen = nombre moyen de limaces au mètre carré par semaine supérieur à 10 et inférieur à 20 ;
- niveau d'infestation faible = nombre moyen de limaces au mètre carré par semaine inférieur à 10.
Variétés classées par appétence
Le classement final de l'appétence a été réalisé sur appui des différences statistiques entre les variétés testées. Trois classes ont été établies :
- classe 1, variété très touchée ;
- classe 2, variété moyennement touchée
- classe 3, variété peu touchée.
Les résultats sont présentés dans le tableau. On peut ainsi noter que les variétés Astérix et Nicola sont peu appétentes, quel que soit le niveau de population de limaces.
Ces deux variétés de consommation sont donc à préconiser dans les parcelles au sein desquelles les conditions semblent a priori favorables aux limaces.
Conclusion
Pour être efficace, la lutte contre les limaces doit conjuguer un ensemble de mesures dans le cadre d'une protection intégrée.
Les mesures prophylactiques et culturales doivent être mises en oeuvre au préalable et sur l'ensemble de la rotation, afin de perturber le cycle du ravageur à des moments clés, mais aussi de rendre les conditions de milieu défavorables aux limaces.
Ensuite, l'implantation par les producteurs de variétés de pommes de terre moins appétentes vis-à-vis des limaces est une des premières méthodes alternatives de lutte contre ce ravageur.
Complémentaire à la mise en oeuvre de mesures prophylactiques, elle permet de limiter l'usage des spécialités de traitements molluscicides. Ainsi, les variétés Astérix et Nicola sont à privilégier en cas de conditions favorables aux limaces.
*Fredon Nord Pas-de-Calais
REMERCIEMENTS
REMERCIEMENTS à Olivier Lesage et Pierre Mortreux, de la chambre d'agriculture Nord-Pas-de-Calais, et à Romain Ioos, de la coopérative Unéal, pour la mise en place des différents couverts ; aux agriculteurs qui ont accueilli ces études sur leurs parcelles ; à Virginie Dahinger, Julie Dargent, Martine Deguette et Arthur Quennesson, de la Fredon Nord Pas-de-Calais, pour l'aide apportée au cours de ces études.
FINANCEMENT Cette étude est réalisée avec le soutien financier de la région Hauts-de-France.