DOSSIER - Vertébrés nuisibles

Contre les corvidés, réinventer la lutte collective

GÉRALD GUÉDON* ET DAMIEN PADIOLLEAU** - Phytoma - n°704 - mai 2017 - page 30

En Loire-Atlantique, la FDGDON organise la lutte collective par piégeage, visant surtout la corneille noire. Présentation.
1. Corneille noire. Photo : FDGDON 44

1. Corneille noire. Photo : FDGDON 44

2. Corbeau freux. Photo : FDGDON 44

2. Corbeau freux. Photo : FDGDON 44

3. Pie bavarde. Photo : FDGDON 44

3. Pie bavarde. Photo : FDGDON 44

4. Dégâts de corneilles noires sur culture de blé. Photo : FDGDON 44

4. Dégâts de corneilles noires sur culture de blé. Photo : FDGDON 44

5. Piège-cage à trois compartiments Photo : FDGDON 44

5. Piège-cage à trois compartiments Photo : FDGDON 44

6. Bâtiment de stockage des pièges-cages pour une rotation entre deux secteurs. Photo : FDGDON 44

6. Bâtiment de stockage des pièges-cages pour une rotation entre deux secteurs. Photo : FDGDON 44

Bilan des luttes collectives destinées à réguler les populations de corvidés depuis 2011 en Loire-Atlantique

Bilan des luttes collectives destinées à réguler les populations de corvidés depuis 2011 en Loire-Atlantique

Les corvidés font partie des principales espèces d'oiseaux déprédateurs en France, avec le pigeon ramier et localement l'étourneau sansonnet. Leurs dommages aux cultures sont importants et en augmentation constante dans de nombreuses régions depuis l'interdiction de molécules phytosanitaires à propriétés répulsives qui étaient utilisées en enrobage de semences.

Si des moyens d'effarouchement existent et peuvent être efficaces, ils ne permettent pas de limiter les populations trop abondantes. La région des Pays de la Loire est très concernée par la problématique. Les FDGDON ont réagi en réinventant la lutte collective contre les corvidés.

Espèces concernées

Corbeaux, corneille, choucas, pie...

En Pays de la Loire, trois corvidés sont le plus souvent cités en cas de dégâts agricoles : la corneille noire (Corvus corone) (photo 1), le corbeau freux (Corvus frugilegus) (photo 2) et le choucas des tours (Corvus modelula). Le grand corbeau (Corvus corax) n'est pas présent en région ligérienne. Les populations de pies bavardes (Pica pica) (photo 3) font moins parler d'elles depuis quelques années, mais leur régulation est plus facile à l'échelle individuelle car elle se prend facilement avec des pièges-cages spécifiques.

Les cas du choucas et de la corneille

Le choucas des tours est une espèce protégée en France. À l'origine, elle colonise les falaises, mais elle hante volontiers les agglomérations si elle y trouve de vieux bâtiments pour y nicher et se reproduire. L'extension des villes et zones péri-urbaines lui offre aussi des sources d'alimentation. Pour se nourrir, le choucas peut se tourner vers les terres labourées, les prairies, les pâtures, voire les décharges d'ordures ménagères (Olioso, 2016). Des dommages sont de plus en plus constatés, en lien avec les effectifs des populations de l'espèce qui remontent depuis 2001 (Olioso, 2016).

Cependant, l'exemple de lutte collective décrit dans cet article ne concernera que les espèces non protégées, et principalement la corneille noire, espèce la plus présente en Pays de la Loire et dont les effectifs sont stables en France (Olioso, 2016).

Impacts des corvidés

Dommages aux cultures et élevages

Depuis l'interdiction de l'anthraquinone, molécule d'enrobage de semences aux propriétés répulsives avérées, les dégâts sur les semis, notamment de blé (photo 4) et de maïs, ont considérablement augmenté. Les corneilles attaquent le maïs en période de semis, plantules et épiaison.

À ce jour, aucune méthode de protection remplaçant l'anthraquinone n'a été trouvée. Les recherches de produits biologiques n'ont pas encore permis la mise sur le marché de molécule efficace. Quant aux techniques et matériels d'effarouchement, s'ils permettent une protection temporaire de la culture, ils déplacent les individus aux alentours. De plus, les dispositifs sonores et/ou pyro-optiques occasionnent régulièrement des soucis de voisinage en raison du bruit.

Le piquage des bâches d'ensilage par les corvidés entraîne une oxydation et des moisissures de la nourriture du bétail. La présence de corvidés sur les tables d'alimentation induit des souillures par les fientes, d'où des problèmes sanitaires. Cela exige des mesures prophylactiques supplémentaires. Les corneilles noires peuvent aussi s'attaquer à des poussins, voire des oiseaux adultes (poulets, pintades, canards...), notamment dans les élevages en plein air.

Selon l'exploitation agricole et le type d'agriculture pratiquée, le montant des pertes peut atteindre plusieurs milliers d'euros.

Autres dégâts

Il existe des dommages liés au comportement des oiseaux. Des plaintes de particuliers sont recensées pour des attaques d'huisseries et ouvertures, les dégâts pouvant dépasser 1 000 € sur du double vitrage. Les corvidés en période de reproduction arrachent les joints de portes et fenêtres, les essuie-glaces de véhicules et toute pièce caoutchoutée proche de surfaces réfléchissantes. Les oiseaux, ayant un comportement territorial à cette période, attaquent leur reflet pensant être face à un concurrent.

Quelques principes de base

À propos du piégeage

Une lutte collective par piégeage permet d'organiser une régulation ciblée des corvidés, de manière cohérente et efficace au niveau d'un territoire contigu.

Les corvidés sont indispensables au fonctionnement des écosystèmes et des chaînes alimentaires, notamment par leur rôle « d'équarrisseurs ». La corneille noire, qui est aussi un charognard, évite les risques de développement et de prolifération de maladies en s'alimentant de cadavres.

Le piégeage collectif n'est pas une méthode « unique » : il est complémentaire du tir au fusil des chasseurs et gardes particuliers, ainsi que du piégeage « individuel » mené par les piégeurs agréés.

Le piégeage à l'aide du piège-cage et d'un appelant offre une totale sélectivité des espèces. Comme il est non vulnérant pour les animaux capturés, il permet de relâcher les espèces non-cibles en bon état de santé.

Pour les comptages

Afin de mesurer les effets de la régulation et l'évolution des populations de corvidés, les techniciens de la FDGDON de Loire-Atlantique réalisent deux fois par an des comptages par la méthode de l'indice kilométrique d'abondance (IKA) sur des circuits d'environ 20 km répartis sur l'ensemble du département (Chauviré, 2016). Ce travail permet de connaître la pertinence d'une lutte et d'adapter les campagnes de piégeage (superficies, périodes) sans mettre en péril les populations de corvidés.

Organisation générale de la lutte

Depuis 2011, en concertation avec la chambre d'agriculture, la FDSEA, la Fédération départementale des chasseurs (FDC) et la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) de Loire-Atlantique, la FDGDON 44 organise et anime annuellement des luttes collectives par piégeage sur les communes qui subissent le plus de dégâts dus à ces oiseaux. La Figure 1 localise les déclarations de dégâts reçues en 2016 par la FDGDON 44. À partir de ce recensement, la campagne suivante (2017) est organisée dans le périmètre où les dommages sont les plus importants (voir Figure 2).

Habituellement, une campagne annuelle de lutte collective mobilise entre 800 et 900 bénévoles, acteurs du monde rural (agriculteurs, élus, chasseurs...).

Cadre réglementaire

Toute action de lutte contre une espèce animale est à relier à la réglementation en vigueur. Il faut s'assurer du statut de l'espèce, des réglementations selon les techniques de lutte et les matériels utilisés, ou encore des agréments nécessaires aux opérateurs de la lutte.

La corneille noire, le corbeau freux et la pie bavarde sont classés nuisibles sur tout le département de la Loire-Atlantique par l'arrêté ministériel du 30 juin 2015 pris pour l'application de l'article R. 427-6 du code de l'environnement et fixant la liste, les périodes et les modalités de destruction des espèces d'animaux classées nuisibles. La lutte est ensuite encadrée par un arrêté préfectoral annuel qui fixe le périmètre et la période de la lutte.

Une spécificité de ces luttes collectives est à préciser : les dispositions concernant l'agrément préfectoral de piégeage ne s'appliquent pas aux personnes qui capturent les corvidés au moyen de pièges-cages (dimensions : 50 × 52 × 100 cm) dans le cadre des luttes collectives des GDON et leurs fédérations (article 21 de l'arrêté du 29 janvier 2007 fixant les dispositions relatives au piégeage des animaux classés nuisibles en application de l'article L. 427-8 du code de l'environnement). En dehors un tel cadre, l'agrément préfectoral de piégeage est obligatoire.

Déroulement d'une campagne

Découpage du territoire

Le périmètre de la lutte collective est défini, après concertation des différents acteurs (FDGDON 44, FDC 44, chambre d'agriculture 44, FDSEA 44 et DDTM 44...), en tenant compte de la localisation des dégâts de corvidés déclarés l'année antérieure et du principe de la rotation annuelle.

Par exemple, pour la campagne 2017, le périmètre retenu, défini à partir des dégâts déclarés en 2016 (cartes page précédente), couvre 175 200 ha sur 47 communes. Ce périmètre est ensuite divisé en six secteurs de 25 000 à 30 000 ha chacun. Ce découpage est rendu nécessaire par le nombre de pièges-cages disponibles (500 actuellement). Sachant qu'un piège-cage couvre 50 ha (communication personnelle Fredon Bretagne), cela permet de couvrir 25 à 30 000 ha.

Faire tourner les cages

Sur un secteur donné, une lutte est réalisée sur deux à trois semaines en période de reproduction des corvidés (les couples sont alors très territoriaux et plus faciles à capturer, ainsi que les jeunes), soit au total treize semaines, du 27 mars au 30 juin.

La régulation concerne principalement la corneille noire. D'une part, le piège-cage employé n'est pas le plus efficient pour la capture du corbeau freux. D'autre part, les populations de corbeaux freux et de pies bavardes ne sont pas très abondantes.

La lutte collective contre les corvidés n'est pas obligatoire. Après concertation, une commune peut choisir de ne pas y participer (dégâts faibles ou acceptables...).

Réunions et formations

La campagne de lutte est précédée de trois réunions d'organisation par secteur :

- la première (novembre-décembre) a pour but d'informer les acteurs locaux (mairies, agriculteurs, chasseurs, particuliers) et rechercher les financements ;

- la seconde (février-mars-avril) cherche à mobiliser les bénévoles, constituer les équipes communales de piégeage et définir un site d'approvisionnement et de réintégration des pièges-cages par secteur ;

- la troisième est une session d'information obligatoire de 2 heures, à l'issue de laquelle chaque participant reçoit une carte de piégeage à présenter en cas de contrôle par les agents compétents en matière de police de la chasse.

Chaque session regroupe 120 à 170 bénévoles. Les règles y sont rappelées, entre autres qu'un piège-cage doit être relevé tous les jours avant 12 heures (mais on peut effectuer plusieurs relevés dans la même matinée ou journée), que les espèces non-cibles doivent être relâchées, que les appelants ne doivent pas être mutilés et doivent avoir suffisamment à boire et à manger.

Les 500 pièges-cages à trois compartiments (photo 5) sont fournis par la FDGDON 44. Le premier secteur est piégé une semaine de plus afin de constituer le stock des appelants.

La rotation des pièges-cages se fait par les bénévoles qui les réceptionnent sur le lieu défini de leur secteur (photo 6), puis les transfèrent deux à trois semaines plus tard sur le site défini du secteur suivant. La FDGDON 44 encadre les rotations.

Bilan provisoire

Le tableau dresse le bilan des campagnes de lutte collective conduites depuis 2011 en Loire-Atlantique par la FDGDON de Loire-Atlantique et ses partenaires.

L'organisation s'est mise en place progressivement. Il a fallu quatre années pour couvrir le département. En 2015 et 2016, c'est la deuxième campagne sur les périmètres piégés en 2011, 2012 et 2013. Si les captures peuvent impressionner, une analyse plus poussée est nécessaire.

Eu égard aux chiffres présentés, les populations de corvidés sont très abondantes. Ce sont surtout des corneilles noires qui sont capturées. Quand bien même le piège-cage utilisé est très efficace pour cette espèce, son observation en zone rurale est régulièrement constatée. Les deux autres corvidés sont plus discrets même s'ils causent des dommages localement.

Cependant, on constate que les chiffres bruts de captures de corneilles noires sont inférieurs à ceux obtenus lors de la première campagne pour un même nombre de pièges et des superficies plus importantes. Pour conclure à un résultat positif de la démarche dans le temps, il faut poursuivre l'analyse.

La Figure 3A indique le nombre de captures par nuit-piège depuis 2011 sur le département. La Figure 3B compare l'évolution globale des captures et la pression de piégeage (nombre de nuits-pièges).

Ainsi, sur une rotation de trois ans pour un périmètre donné, la lutte collective, pour un même nombre de pièges-cages utilisés, se traduit par une baisse d'un tiers du nombre de captures par nuit-piège. Les populations n'ont pas retrouvé leur effectif initial. Rappelons que les populations de corneilles noires sont stables sur le territoire français (Olioso, 2016).

Perspectives

L'année 2017 et celles qui suivront seront importantes pour confirmer ou non cette tendance. Elles permettront de conforter l'intérêt de la démarche en analysant trois paramètres essentiels : l'évolution des populations avec l'objectif d'une régulation et non d'une réduction drastique des effectifs, le niveau des dégâts constatés au fil des années et le maintien de l'engagement des bénévoles (stabilité du nombre de nuits-pièges)

*Fredon Pays de la Loire. **FDGDON Loire-Atlantique.

Fig. 1 : Le constat en 2016

Localisation des dégâts aux cultures dus aux corvidés déclarés en 2016 (source : FDGDON 44, FNSEA 44, FDC 44).

Fig. 2 : La riposte en 2017

Localisation des actions de lutte collective organisées en 2017 en Loire-Atlantique.

Fig. 3 : Bilan en Loire-Atlantique

Évolution depuis 2011 :

A. du nombre de captures par nuit-piège ;

B. de la pression de piégeage (nombre de nuits-pièges) et du nombre global de captures.

Nouvelles mesures de biosécurité relatives à l'influenza aviaire

Depuis le 1er juillet 2016, un arrêté ministériel du 8 février 2016 a fait entrer en vigueur des mesures de biosécurité relatives à l'influenza aviaire qui s'appliquent à tous les détenteurs non commerciaux de volailles. Certaines concernent l'activité de lutte collective contre des oiseaux sauvages.

Ainsi, par dérogation aux articles 2 à 10 et 14 de l'arrêté ministériel, les détenteurs des exploitations non commerciales appliquent a minima les mesures suivantes :

- aucune volaille, aucun oiseau captif d'une exploitation non commerciale n'entre en contact direct avec des volailles ou oiseaux captifs d'exploitation commerciale ou n'a accès à une exploitation commerciale ;

- tout est fait pour éviter les contaminations liées aux véhicules, autres animaux et personnes étrangères et pour limiter l'accès des bâtiments aux rongeurs, insectes et autres nuisibles ;

- en cas de mortalité anormale, le détenteur contacte un vétérinaire pour une visite sanitaire à ses frais, sans préjudice des règles de police sanitaire prévues en cas de suspicion d'influenza aviaire validées par le directeur départemental en charge de la protection des populations ;

- les cadavres sont isolés et protégés avant leur enlèvement et le cas échéant, avant présentation au vétérinaire.

Cette réglementation se traduit par la mise en oeuvre des mesures suivantes :

- pas de piégeage sur les exploitations avicoles (pas de contact direct entre appelants et volailles ou oiseaux captifs de l'exploitation) ;

- transport obligatoire des pièges-cages et oiseaux dans des remorques, afin de permettre le nettoyage et la désinfection de celles-ci à chaque changement de secteur. La désinfection est mise en oeuvre par la FDGDON 44, lors de l'approvisionnement et la réintégration du matériel et des appelants ;

- l'alimentation et la boisson de l'appelant doivent être disposées dans des récipients propres, en évitant tout contact avec les compartiments latéraux et l'extérieur du piège-cage (déjà prohibé dans le cadre de la réglementation du piégeage) ;

- une surveillance de l'état de santé de l'appelant et des oiseaux capturés ; en cas de mortalité anormale et suspicion d'influenza aviaire, la FDGDON 44 prend contact avec un vétérinaire. Dans ce cas, les cadavres sont isolés et protégés avant présentation au vétérinaire ;

- les cadavres des oiseaux capturés ou des appelants morts sont obligatoirement enfouis sur place ou stockés dans le congélateur mis à disposition par la FDGDON 44 dans un lieu défini préalablement avec l'ensemble des acteurs.

RÉSUMÉ

CONTEXTE - Depuis l'interdiction de répulsifs utilisés en enrobage de semences, les corvidés causent des dommages importants à certaines cultures, en particulier le maïs et le blé. Les moyens d'effarouchement sont insuffisants pour résoudre la problématique. En Pays de la Loire, les populations de corneille noire sont très abondantes. Depuis 2011, certains départements ont mis en place une démarche de lutte collective afin de réguler les populations pour diminuer la pression des oiseaux sur les cultures.

ÉTUDE - L'expérience de la Loire-Atlantique est décrite et les premiers résultats sont exposés. L'indicateur utilisé pour mesurer l'efficacité de la lutte est le nombre de captures par nuit-piège.

Au bout de deux campagnes de lutte collective espacées de trois années, sur un périmètre donné, cet indicateur baisse d'un tiers de sa valeur.

MOTS-CLÉS - Bénévoles, corbeau freux, corneille noire, corvidés, Corvus corone, Corvus frugilegus, lutte collective, nuit-piège, pie bavarde, Pica pica, piège-cage, réglementation, rotation.

POUR EN SAVOIR PLUS

CONTACT : gerald.guedon@fredonpdl.fr

BIBLIOGRAPHIE : - Chauviré D., 2016, La problématique des oiseaux en France : le suivi des populations. Méthode IKA Corvidés. In : Enjeux environnementaux, agricoles et de santé publique : l'exemple des oiseaux et des rongeurs aquatiques, Actes du colloque Geduver - Terra botanica - Angers - 28 et 29 mai 2013, Coord. Gérald Guédon - Fredon Pays de la Loire Édition : 99-103.

- Olioso G., 2016, Corbeaux et corneilles, observation, description, répartition, moeurs, habitat, Guide Delachaux, Édition Delachaux et Niestlé, 192 p.

- Padiolleau D., 2017, Campagne de lutte collective contre les corvidés, Campagne 2017, document interne FDGDON 44.

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