Sur le métier

Antoine Naudin protège les grains stockés des nuisibles

PAR CHANTAL URVOY - Phytoma - n°706 - août 2017 - page 52

Assurer la protection des silos des organismes stockeurs, des industries de première transformation ou des agriculteurs contre les nuisibles constitue le quotidien d'Antoine Naudin, technicien hygiéniste à la Camda. Ses outils ? Des pièges mécaniques ou avec appâts chimiques pour les rongeurs, des cages pour les oiseaux ou encore des insecticides et fongicides par thermonébulisation contre les insectes et les champignons.
ANTOINE NAUDIN Photo : C. Urvoy

ANTOINE NAUDIN Photo : C. Urvoy

Après treize années passées dans une station de semences, en 2012, Antoine Naudin change complètement de métier. Il fait maintenant partie des dix-neuf applicateurs hygiénistes de la Camda(1), spécialiste du traitement des nuisibles en Hauts-de-France et dans le Grand-Est. Collectivités, agriculteurs, organismes stockeurs (OS), industries et particuliers constituent la clientèle de la Camda.

Agréée par la Draaf pour l'utilisation et la commercialisation de biocides et de produits phytosanitaires, elle propose quatre prestations : dératisation (le plus gros de l'activité), dépigeonnisation, désinsectisation et désinfection.

Observation et rigueur

« J'ai d'abord travaillé en binôme pendant cinq mois pour apprendre le métier », raconte Antoine Naudin qui travaille au nord de Reims et dans le sud des Ardennes.

« Il faut beaucoup observer, et être rigoureux. » Il a également été formé à l'utilisation de produits phyto et de biocides, aux interventions en hauteur, à l'utilisation de nacelles et au travail au voisinage d'installations électriques.

Au niveau des silos des OS ou des usines de première transformation, il intervient principalement pour dératiser (avec un contrat à l'année) ou dépigeonniser au coup par coup à la demande du client.

Dans le premier cas, il s'agit de lutter contre les rongeurs tels que rats, surmulots, campagnols, ragondins... Le gros de l'activité se déroule d'octobre à mai, période où ceux-ci recherchent de la nourriture, notamment là où sont stockées les céréales.

Expertise du site

« Je me rends sur le site pour réaliser une expertise, c'est-à-dire voir où se situent les entrées des rongeurs dans le silo, le type de dégâts occasionnés..., explique le technicien. J'élabore ensuite un schéma de dératisation avec le nombre de postes d'appâtage nécessaires et leur emplacement en fonction des facteurs de risque du site et du cahier des charges du client. Je détermine le nombre de fois où je serai amené à revisiter le site dans l'année. Cela est fonction de son activité mais également de son environnement. Pour un silo avec une activité relativement classique, quatre passages suffisent. Mais cela peut aller jusqu'à douze si le risque est jugé très élevé. »

Dératisation à l'année

Lorsque le devis est validé par le client, Antoine Naudin pose alors des postes d'appâtage avec des appâts anticoagulants(2), soit au sol soit en hauteur (selon les espèces de rongeurs visés) à l'extérieur des bâtiments. Les rongeurs meurent trois, quatre jours après la consommation des appâts. À l'intérieur des locaux contenant des produits alimentaires, la lutte se fait par pièges mécaniques si besoin.

« Lors des passages suivants, je renouvelle les appâts et j'observe s'il y a eu du mouvement autour des postes. Si entre deux passages, le responsable de silo observe encore la présence de rongeurs, je réinterviens. "Zéro nuisibles" est l'objectif à atteindre. Pour cela, il faut empêcher la reproduction et l'installation des rongeurs sur le site. C'est pourquoi nous donnons également des conseils aux clients pour limiter leur intrusion, notamment en améliorant l'étanchéité des bâtiments. »

Certains clients appellent Antoine Naudin pour régler un problème ponctuel, souvent quand ils se sont laissé déborder par la situation.

« Nous intervenons alors pour mettre des pièges et/ou des postes d'appâtage. Cela règle le problème sur le coup mais n'empêche pas la réinfestation. »

Dépigeonnisation ponctuelle

« Pour la dépigeonnisation, les OS nous appellent quand ils sont trop envahis par les oiseaux (pigeons, moineaux, tourterelles...) dont les fientes peuvent contaminer la récolte. » Après expertise du site, Antoine Naudin installe en hauteur des cages de 1,20 m sur 80 cm, contenant de l'eau et du maïs. Chacune peut capturer jusqu'à trente pigeons.

« Nous les laissons pendant un à quatre mois selon la quantité d'oiseaux, les particularités du site... d'octobre à fin février, période où ils sont plus faciles à capturer car ils n'ont rien d'autre à manger. Nous passons régulièrement pour prélever les pigeons qui sont ensuite euthanasiés. »

Après être intervenu en « curatif », Antoine Naudin réalise souvent de la prévention en protégeant les infrastructures par la pose de filets, de pics sur les toits et les rebords de fenêtre (pour empêcher les oiseaux de se poser), de grillage ou par électro-répulsion.

Désinsectisation

Notre technicien est parfois amené à désinsectiser par thermonébulisation l'intérieur des cellules de stockage vides avant moisson pour lutter contre les charançons, sylvains... en cas de grosse infestation difficile à gérer par l'OS.

« L'insecticide, non rémanent(3), a un effet choc sur les ravageurs. L'opération est réalisée en général le vendredi pour qu'il y ait 48 heures sans stockage. »

Il intervient aussi chez des agriculteurs, principalement pour lutter contre les rongeurs.

« Nous réalisons peu de désinsectisation de silo à grains. En revanche, la désinfection pour lutter contre les champignons dans les locaux de stockage, notamment de pomme de terre, se développe. »

Selon lui, le métier a de l'avenir. « La sécurité alimentaire prend de l'ampleur, notamment chez les OS, car les cahiers des charges de leurs clients deviennent de plus en plus draconiens. De leur côté, les agriculteurs sécurisent aussi de plus en plus leurs bâtiments. »

(1) Société spécialiste de « pest control » issue d'une coopérative marnaise. (2) Bromadiolone et difénacoum. (3) Pyrèthre naturel.

BIO EXPRESS

ANTOINE NAUDIN

1995. BTA au lycée agricole de Rethel (Ardennes).

1997. BTS Agroalimentaire au lycée agricole de Somme-Vesle (Marne).

1998. Aide-chimiste saisonnier à la sucrerie de Bazancourt (Marne).

1999. Technicien en station de semences chez Champagne Céréales, à Reims (Marne).

Depuis 2012. Applicateur hygiéniste à la Camda, à Reims.

Depuis 2016. Coordonne en plus les relations entre le terrain et le siège.

L'essentiel de l'offre

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