DOSSIER - BONNES PRATIQUES

Adivalor, l'aide à la gestion des déchets progresse

MARIANNE DECOIN, Phytoma. - Phytoma - n°712 - mars 2018 - page 40

La société Adivalor poursuit sa mission de collecte et de valorisation des déchets agricoles, dont ceux liés aux produits phytopharmaceutiques. En ce début d'année, la collaboration avec le ministère de l'Agriculture se voit renforcée.
 Photo : Adivalor

Photo : Adivalor

 Les filets doivent être stockés à part des EVPP, même si les deux types de déchets sont également recyclables. Photo : Adivalor

Les filets doivent être stockés à part des EVPP, même si les deux types de déchets sont également recyclables. Photo : Adivalor

 Extrait d'une plaquette d'information sur les bonnes pratiques pour préparer les collectes d'emballages vides, éditée par Adivalor.

Extrait d'une plaquette d'information sur les bonnes pratiques pour préparer les collectes d'emballages vides, éditée par Adivalor.

Le 26 février, Adivalor (Agriculteurs, distributeurs, industriels pour la valorisation des déchets) signait son premier accord-cadre avec le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, dans le but d'approfondir la collaboration avec ses services.

Après les trois accords signés avec le ministère chargé de l'environnement(1)(2), c'est l'occasion de rappeler le rôle de la filière au service des bonnes pratiques agricoles en général et phytosanitaires en particulier.

Les EVPP, une affaire qui tourne et qui recycle

Les chiffres de 2017

Historiquement, c'est par la collecte de déchets phyto (= phytopharmaceutiques) qu'Adivalor a commencé ses travaux en 2001. Et ce secteur continue à représenter une bonne part de son activité.

Le premier tonnage de déchets phyto collectés via Adivalor est celui des EVPP, emballages vides de produits phyto. Les premières estimations pour 2017 révèlent un tonnage stable par rapport à 2016, avec un taux de collecte qui augmente légèrement car les utilisations de produits ont baissé. Le taux est désormais de 85 %, dont 80 % sont recyclés. Rappelons qu'en 2016(2) le taux de collecte global des EVPP était de 84 % recyclés à 76 %.

Dans le détail, 90 % des bidons plastique utilisés en 2017 ont été collectés, et ils ont été recyclés à 92 %. Adivalor renforce le contrôle sur le bon rinçage de ces bidons, mais aussi leur égouttage : le goulot en bas ! Si la collecte des EVPP fait partie des bonnes pratiques phyto, les bonnes pratiques de rinçage et égouttage facilitent le recyclage par la suite. Ces points sont rappelés dans le Guide d'étiquetage édité par l'UIPP, Union des industries de la protection des plantes.

Le biocontrôle n'est pas en reste

Par ailleurs, il est à souligner que les produits phyto de biocontrôle génèrent aussi des EVPP ! En particulier, les nématodes sont souvent conditionnés en bidon plastique. C'est bien ce qu'a compris Koppert France. Cette entreprise est spécialisée dans les intrants « bio » : macro-organismes auxiliaires, produits phyto de biocontrôle, biostimulants, ruches de bourdons pour la pollinisation...

Depuis début 2018, Adivalor collecte les emballages de quarante-six de ses références : huit de produits phyto de biocontrôle, sept de biostimulants/engrais et trente et un bidons de macro-organismes auxiliaires. Dans un communiqué du 22 février dernier, Koppert souligne qu'il s'agit des premiers emballages de macro-organismes à être collectés et valorisés par recyclage.

De plus, explique le communiqué, « un projet pilote de valorisation énergétique des ruches de bourdons Natupol est en cours ». Ces ruches sont utilisées pour la pollinisation de cultures sous serre, celles de tomates notamment.

PPNU : à éliminer

Stabilité des chiffres

L'autre collecte « historique » d'Adivalor est celle des PPNU, produits phyto non utilisables. En 2017, 195 tonnes ont été collectées contre 198 tonnes en 2016. En tout, 11 000 tonnes de ces produits (périmés, retirés du marché ou altérés) ont été collectés depuis le lancement de ces collectes en 2001. Aucun n'est recyclé, ils sont tous éliminés dans des installations agréées pour le traitement des déchets dangereux.

Il faut noter que ces dernières années ont vu de nombreux retraits de produits. La stabilité des chiffres de collecte suggère une amélioration de la gestion des stocks dans les exploitations.

Collectivités : tout doit disparaître

Par ailleurs, et bien qu'Adivalor ait été créé par et pour l'agriculture, son activité s'étend aussi aux jevi (jardins, espaces verts et infrastructures) et autres ZNA (zones non agricoles). En particulier, les collectivités territoriales ne doivent plus utiliser de produits phyto conventionnels depuis le 1er janvier 2017... Certes, mais justement, quid des produits qui n'ont pas pu être utilisés en 2016 ? Ils sont désormais, irrémédiablement, des PPNU.

Adivalor a donc mis en accès libre sur son site toutes les informations nécessaires concernant les collectes de PPNU qu'il organise avec ses partenaires collecteurs. Chaque collectivité pourra trouver celle qui lui correspond géographiquement, avec les dates et lieux de collecte. L'opération a été lancée en 2017 mais, comme en général les collectes de PPNU sur un secteur se font tous les deux ou trois ans, elle continue bien évidemment cette année !

Rappelons à ce propos que les collectivités territoriales gardent le droit d'utiliser des produits phyto de biocontrôle - lesquels sont emballés, donc génèrent des EVPP - et des macro-organismes auxiliaires dont les emballages sont assimilés à des EVPP, voir l'exemple de Koppert plus haut. Elles sont donc, elles aussi, concernées par les collectes d'EVPP, et le resteront.

Autres déchets « phyto »

EPI-U : 15 tonnes collectées depuis le début de l'opération

Le programme ECO-EPI de collectes des EPI-U, équipements de protection individuelle usagés, qui ont lieu en même temps que celles des PPNU, a été lancé courant 2016. Moins de deux ans après, toutes les régions françaises ont vu au moins une opération de collecte « PPNU + EPI-U ». En 2017, 15 tonnes d'EPI-U avaient été collectées. L'objectif pour 2018 est de 20 tonnes.

Jusqu'ici, les seuls EPI-U collectés étaient ceux en matière plastique ou nitrile. Il s'agissait donc des gants, bottes, lunettes, tabliers de protection à la ferme (pour la préparation du traitement et le nettoyage du matériel), etc. En revanche, les EPI « textiles » tels que combinaisons, cottes, etc. n'étaient pas collectés. L'an dernier, il était conseillé de stocker ces équipements dans des sacs spécifiques. Aujourd'hui, le devenir de ces équipements est organisé. Le périmètre des collectes d'EPI-U est donc désormais élargi :

- aux vêtements de protection réutilisables de type C1, C2 ou C3 et conformes à la norme ISO 27065 :2017 ;

- aux vêtements dédiés aux traitements phyto certifiés en polyester à 65 % et coton à 35 %, avec un grammage de 230 g/m2 ou plus et un traitement déperlant (conformes à l'avis au JORF du 13 juillet 2016).

Attention, seuls sont acceptés les équipements fournis par des entreprises participant à « Eco EPI » ! Pour les EPI achetés en 2017, il s'agit d'Axe Environnement, Cepowett, Prorem et In Vivo. Ce dernier se retire de la commercialisation de ce type d'équipement en 2018. Mais d'autres fournisseurs devraient allonger la liste cette année.

À noter qu'Adivalor a mis en ligne une vidéo de témoignage sur la gestion des EPI-U (lien dans « Pour en savoir plus »).

Effluents phyto

Dernier type de déchets lié aux produits phyto, celui des procédés de traitement des effluents phyto. Actuellement, sont collectés ceux des dispositifs Heliosec, Osmofilm et Ecobang. Ces trois procédés, fonctionnant par déshydratation, laissent des résidus secs chargés en substances phyto, de volumes réduits, à éliminer en filière déchets dangereux : bâches amovibles des Heliosec dans laquelle se dépose le résidu sec après déshydratation (les bacs, n'étant pas au contact des produits, restent en place), saches des Osmofilm, containers des Ecobang. Ils sont collectés lors de collectes de PPNU.

Un quatrième procédé devrait les rejoindre : le Phytosec, d'Axe Environnement, reconnu en 2017. Ses déchets sont la bâche amovible chargée en résidus secs, mais aussi le filtre adsorbant qui piège les molécules volatiles. Pour plus d'informations, voir l'article p. 44 à 46 !

(1) Dernier accord signé le 6 juillet 2016 avec le MEEM, comme on l'appelait à l'époque. (2) Voir « Adivalor, la filière de collecte en plein essor », Phytoma n° 703, avril 2017, p. 39 à 42.

RÉSUMÉ

CONTEXTE - Adivalor, qui a signé le 26 février 2018 un accord-cadre avec le ministère de l'Agriculture, organise la collecte et la valorisation de déchets agricoles, dont ceux de la protection des plantes : produits phyto conventionnels et de biocontrôle, biostimulants, macro-organismes auxiliaires.

EVPP ET PPNU - Les collectes fonctionnant depuis 2001, à savoir celles des EVPP et PPNU, continuent. Le taux de collecte et de recyclage des EVPP, déjà excellent comparé à certaines filières hors agriculture, augmente encore. La collecte de certains emballages vides de macro-organismes et de biostimulants est lancée en 2018. L'activité PPNU se poursuit.

EPI-U ET EFFLUENTS - La collecte des EPI-U, lancée courant 2016, se développe, et s'ouvre à des EPI vestimentaires (fournisseurs adhérant à ECO-EPI). La collecte des résidus de procédés de traitement des effluents intègre un nouveau procédé.

MOTS-CLÉS - Bonnes pratiques phytosanitaires, Adivalor (Agriculteurs, distributeurs, industriels pour la valorisation des déchets agricoles), EVPP (emballages vides de produits phytopharmaceutiques), PPNU (produits phytopharmaceutiques non utilisables), EPI-U (équipements de protection individuelle usagés), effluents phytopharmaceutiques.

Les trois flux d'Adivalor

 Photo : Adivalor

Photo : Adivalor

Adivalor classe ses collectes en trois flux :

- les emballages vides de produits phyto (les EVPP) et de semences, engrais et produits d'hygiène, notamment d'élevage ;

- les plastiques usagés, soit les films (certains ont des usages phytosanitaires, c'est le cas des plastiques de paillage pour le maraîchage ; d'autres, comme les bâches d'ensilage, n'ont rien à voir avec les problématiques phytosanitaires), ficelles et filets (paragrêle, etc.) ;

- les déchets classés par la réglementation comme dangereux, tous actuellement liés aux activités phytopharmaceutiques (PPNU, EPI-U et déchets solides des procédés de traitement d'effluents phyto).

En 2017, « plus de 76 000 tonnes d'emballages et de plastiques usagés » ont été collectés via Adivalor, qui annonce que ces matériaux ont été « recyclés à plus de 90 % », entre autres en sacs poubelle, bâches, voire en mobilier urbain. C'est le cas par exemple des bancs et poubelles fabriqués à partir de filets paragrêle (photo ci-dessus). Pour mémoire, la quantité collectée en 2016 était d'environ 74 000 tonnes, et leur recyclage avait « évité l'émission de 60 000 tonnes de CO2, soit l'équivalent des émissions de 25 000 automobiles pendant un an ».

POUR EN SAVOIR PLUS

CONTACT : m.decoin@gfa.fr

LIENS UTILES : www.adivalor.fr

Film EPI-U : www.boitagri.com

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