Sur le métier

Christelle Cordier, prestataire spécialisée en micro-organismes

PAR CHANTAL URVOY - Phytoma - n°713 - avril 2018 - page 64

En créant Agrene, société spécialisée dans les micro-organismes, notamment ceux utilisés en biocontrôle ou biofertilisation, Christelle Cordier a pour objectif d'offrir des prestations regroupant à la fois la recherche, le développement et l'aspect réglementaire. Ses clients ? Des petites structures privées, des firmes phyto se lançant dans le biocontrôle, des sociétés étrangères ou encore des organismes publics.
 Photo : C. Urvoy

Photo : C. Urvoy

Gérante de la société Agrene depuis 2009, Christelle Cordier raconte : « Bien qu'ayant réalisé tout mon cursus à l'université, je n'étais pas faite pour me glisser dans le moule de la recherche publique fondamentale. Je voulais que ma recherche puisse répondre aux problématiques de terrain. Or les structures privées n'embauchaient que des ingénieurs thésards. »

Après cinq ans à l'Inra de Dijon, d'abord pour développer un substrat biologique pour lutter contre les pathogènes du genre Phytophthora, ensuite pour travailler sur la lutte biologique à base de micro-organismes, elle intègre Agrauxine, fabricant de produits de biocontrôle et de biofertilisants à base de micro-organismes. Sa mission : étudier l'intérêt du genre Trichoderma pour lutter contre les maladies du bois de la vigne.

Devenir indépendante

« Mais au bout de cinq ans, j'en avais fait le tour et on ne me proposait rien d'autre. » Un retour dans la recherche publique n'était pas non plus envisageable pour notre chercheuse.

« À l'Inra, je travaillais sur des projets de recherche financés par des structures privées. Mais malgré tout, l'accord de la direction était indispensable car ce n'était pas de la recherche publique. C'était de plus en plus compliqué. »

Créer sa propre structure devenait alors une évidence. C'est chose faite en 2009 avec un ancien collègue, Claude Alabouvette, alors directeur de recherche à l'Inra de Dijon. La société s'appellera Agrene, comme « AGRiculture, ENvironnement, Études ».

Labo et terrain

« Mon objectif était de répondre aux questions du terrain en matière de micro-organismes, que ce soit pour le biocontrôle ou la biofertilisation, en réalisant à la fois la recherche et l'expérimentation, précise-t-elle. Ces deux types de prestation existaient déjà mais dans des structures différentes. Agrene permet de faire plus facilement le lien entre le laboratoire et le terrain. » Ses clients sont à la fois des petites sociétés qui n'ont pas les moyens ni les compétences en interne, mais aussi des firmes phytosanitaires qui se sont lancées dans le biocontrôle et ont besoin de spécialistes en micro-organismes, leur coeur de métier étant la chimie.

Parallèlement, Agrene participe à certains projets de recherche publique, notamment dans le cadre de RMT(1). Aujourd'hui, une ingénieure de recherche et deux techniciens prêtent main-forte à Christelle Cordier. « Nous parvenons pour l'instant à répondre à la demande en prenant en renfort des stagiaires de niveau bac+2. »

Diagnostics

Agrene propose tout d'abord des diagnostics sur échantillon de sol, voire sur plante, pour identifier le champignon ou la bactérie responsable de symptômes repérés sur la culture ou bien au contraire confirmer l'origine abiotique du stress.

« En général, on nous sollicite surtout pour des maladies qui surviennent très tôt dans le cycle de la culture et difficiles à identifier comme la fonte de semis chez les maraîchers. » Agrene peut également évaluer le potentiel infectieux d'un sol pour un champignon donné comme l'Aphanomyces.

Mécanismes d'action

Autre prestation : les analyses des produits de biocontrôle ou de biofertilisation à l'aide de milieux de culture et de méthodes moléculaires. Cela consiste à calculer les densités de populations microbiologiques et caractériser les espèces présentes.

« Pour y parvenir, Agrene a notamment développé des marqueurs pour une identification par PCR en temps réel. »

Christelle Cordier mesure aussi l'efficacité des produits en chambre climatisée, en serre ou en microparcelles pour compléter les essais réalisés par les fabricants.

« Certains clients nous demandent même de suivre des essais pour eux. »

La R&D entre également en action pour réaliser les études d'un dossier d'homologation.

« Les mécanismes d'action du produit doivent y être expliqués. C'est ainsi que nous nous penchons sur l'ADN et l'ARN des plantes pour étudier les mécanismes de défense mis en oeuvre par celles-ci après l'utilisation de produits de biocontrôle ou de biostimulants. »

Réglementation et formation

Étape ultime : la rédaction des dossiers d'AMM(2). « Nous pouvons conseiller une société ayant déjà un service réglementation pour produits issus de la chimie, évaluer le dossier préparé par une structure pour vérifier si tous les éléments y sont, rédiger ce dossier de A à Z ou encore représenter des structures, notamment étrangères, auprès de l'Anses. »

Agrene propose également des formations courtes intra-entreprises, sur mesure, en pathologie végétale et sur les micro-organismes. « Nous avons même initié une personne à la PCR quantitative pendant plusieurs jours dans notre laboratoire pour qu'elle puisse ensuite être opérationnelle dans sa structure. »

Après plus de huit années d'existence, l'objectif de Christelle Cordier est de faire connaître un peu plus ses prestations.

« Notre site internet va bientôt être réactualisé. Nous participons également à des colloques bien ciblés. Le bouche-à-oreille fonctionne également, de même que notre réseau. Paradoxalement, nous sommes davantage connus à l'étranger. »

Elle souhaite également obtenir l'accréditation BPL, « label » de plus en plus demandé, notamment pour les essais de dossiers d'homologation.

(1) Réseau mixte technologique.(2) Autorisation de mise sur le marché.

BIO EXPRESS CHRISTELLE CORDIER

1997. Doctorat de biochimie, biologie cellulaire et moléculaire à l'université de Bourgogne, à Dijon (Côte-d'Or), avec une thèse sur les mycorhizes.

Post-doctorat à la station de ZaidÍn, à Grenade (Espagne).

1999. Ingénieur de recherche à l'Inra de Dijon pour développer un substrat biologique afin de lutter contre Phytophthora (projet européen).

2001. Travaille sur deux programmes concernant la lutte biologique avec recours à des micro-organismes bénéfiques, à l'Inra de Dijon.

2004. Chargée de recherche sur Trichoderma, puis chargée des affaires réglementaires chez Agrauxine, à Dijon.

2009. Création d'Agrene, à Dijon.

L'essentiel de l'offre

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