Le 30 mai dernier, l'Anses a publié son rapport sur les alternatives aux néonicotinoïdes. À la question : « la protection des plantes peut-elle se passer de ces substances ? », la réponse est oui pour la plupart de leurs usages, mais difficile, voire impossible pour certains.
Aujourd'hui, des néonics sont autorisés pour 130 usages phyto officiels, qui, vu les regroupements de ravageurs que représentent certains, correspondent à 154 usages réels différents.
Pour 78 % des cas, soit 120 usages, il existe au moins une « alternative non chimique » (selon les termes du rapport) : bio-insecticides à base de micro-organismes, confusion sexuelle et lutte physique. Il existe une « alternative chimique » dans 89 % des cas, soit 137 usages. On voit que dans la majorité des cas, il existe à la fois des possibilités chimiques et autres. Restent 21 cas problématiques.
D'abord, c'est l'impasse totale, sans aucune alternative efficace à ce jour pour six usages :
- mouches sur maïs ;
- insectes xylophages Scolytus rugulosus, Cossus cossus et Anisandrus dispar sur cerisier ;
- mouches Drosophila sp. et Lasioptera sp. sur framboisier ;
- pucerons sur navet ;
- coléoptères sur arbres et arbustes ;
- insectes du sol (hannetons) en forêt.
Ensuite, pour quinze usages, il n'existe aucune alternative non chimique efficace, et les alternatives chimiques sont représentées par une seule famille chimique (huit cas), voire une seule substance (sept cas), d'où un fort risque de sélection de résistance à ces insecticides.
Les sept cas à « une seule substance » sont :
- insectes xylophages S. rugulosus, C. cossus et A. dispar sur pêcher ;
- coléoptères phytophages Anthonomus sp. et Phyllobius sp. sur pommier ;
- mouches sur cassissier ;
- coléoptères sur framboisier ;
- mouches des fruits sur figuier ;
- mouches de racines et des bulbes sur cultures ornementales ;
- cicadelles, cercopidés et psylles sur arbres et arbustes.
Les huit cas « à une famille » sont :
- mouches sur betteraves industrielle et fourragère ;
- oscinies sur céréales à paille ;
- cicadelles sur céréales à paille ;
- insectes xylophages S. rugulosus, C. cossus et A. dispar sur prunier ;
- cicadelles, cercopidés et psylles sur pommier ;
- punaises et tigres sur pommier.
Dans le cas, probable, où de nouvelles AMM n'arriveraient pas d'ici l'interdiction prévue des néonics en septembre 2018, des dérogations seront-elles accordées ? Sachant que, parmi les substances autorisées en juin 2018, l'imidaclopride, le thiaméthoxame et la clothianidine ne seront bientôt plus utilisables que sous serre (voir p. 6).
POUR EN SAVOIR PLUS
www.anses.fr/fr/content/risques-et-b%C3% A9n%C3%A9fices-des-produits-phytopharmaceutiques-%C3 A0-base-de-n%C3%A9onicotino %C3%AFdes-et-de-leurs