Les résidus de pesticides sont les quantités mesurables de substances actives, de métabolites connexes ou de produits de dégradation qui peuvent se retrouver sur les cultures récoltées ou dans des aliments d'origine animale. Le rapport de l'Efsa décrit les activités d'analyse des résidus effectuées par les 28 États membres de l'UE, l'Islande et la Norvège en 2017. Il se base sur les données issues du programme coordonné par l'UE - qui oblige les pays rapporteurs à analyser une liste commune de produits alimentaires et de pesticides sur un cycle de trois ans -, et sur les données issues des programmes de contrôle nationaux - qui ciblent certains produits dont on s'attend à ce qu'ils contiennent des résidus dans des concentrations dépassant les limites légales.
Des aliments ciblés
Globalement, 95,9 % des 88 247 échantillons analysés en 2017 pour 801 pesticides (84 657 échantillons pour 791 pesticides en 2016) respectaient les limites légales(1). Les niveaux autorisés ont donc été dépassés dans 4,1 % des échantillons, avec une légère hausse par rapport à 2016 (3,8 %). Selon l'Efsa, cette augmentation est probablement due au nombre plus élevé d'échantillons destinés à des fins de contrôle prélevés en 2017 : 12,1 % du total des échantillons sont issus des données nationales en 2017 contre 4,9 % en 2016. Or cet échantillonnage cible des pesticides et des aliments pour lesquels des dépassements ont été observés par le passé : « La détection de résidus dans ces échantillons est donc plus probable que la détection obtenue lors d'un échantillonnage aléatoire. »
Dans 54,1 % des échantillons testés (51 % en 2016), aucun résidu quantifiable n'a été signalé : cela signifie que les concentrations de résidus sont inférieures à la limite de quantification (LOQ). À l'heure actuelle, les performances des instruments de mesure conduisent, pour la majorité des résidus, à une limite de quantification de 0,01 mg/kg de denrée (voir article p. 37-40 dans ce numéro). Et 41,8 % des échantillons contenaient des concentrations de résidus égales ou inférieures aux limites maximales de résidus (LMR), définies réglementairement (règlement (CE) n° 396/2005).
La majorité des échantillons analysés (64,3 %) provenaient des États membres de l'UE, de l'Islande ou de la Norvège. Pour ces échantillons, les limites autorisées ont été dépassées dans 2,6 % (2,4 % en 2016) des cas. Pour les échantillons issus de pays non membres de l'UE, les dépassements concernaient 7,6 % des cas (7,2 % en 2016).
Plusieurs pesticides non autorisés dans l'UE ont été détectés tant dans des échantillons de produits issus de l'UE que de pays tiers.
Des résidus en AB
Les aliments destinés aux nourrissons et aux enfants en bas âge respectaient dans 94,6 % (98,1 % en 2016) des cas les limites autorisées. Les résidus les plus fréquemment mesurés étaient les chlorates, le cuivre, la dodine, le mercure et le spinosad. Les résidus de chlorates, de cuivre et de mercure pouvant provenir de différentes sources (par exemple, sous-produits de transformation des aliments, substances naturelles, contaminants de l'environnement...), leur présence n'est pas nécessairement liée à l'utilisation de pesticides.
Concernant les échantillons d'aliments biologiques, 98,5 % (98,7 % en 2016) se situaient dans les limites légales : 86,3 % étaient exempts de résidus quantifiables et 12,2 % respectaient les limites autorisées. La plupart de ces échantillons ne contenaient que des résidus de substances ne provenant pas nécessairement d'un pesticide (substances naturelles et polluants organiques persistants, par exemple).
Résidus multiples
La France progresse : en 2017, les analyses révèlent des concentrations de résidus de pesticides au-dessus des niveaux légaux dans 4,7 % des échantillons contre 6,4 % l'année précédente. Dans 63,2 % des cas, aucun résidu n'est détecté contre 51,7 % en 2016. Les pays obtenant les taux de dépassement les plus hauts sont les Pays-Bas (9,5 % de dépassement), la Bulgarie (9,2 %), le Portugal (6,8 %), Chypre (6,1 %) et la Grèce (5,9 %).
« En 2017, dans la lignée des années précédentes, des résidus multiples ont été détectés dans un peu plus du quart des échantillons », souligne l'Efsa, ce qui ne constitue pas une infraction à la législation. Dans les produits non transformés, la fréquence la plus élevée de résidus multiples a été trouvée dans les raisins de Corinthe, les mûres, les citrons, les cerises, les fraises et les laitues. « Les produits alimentaires contenant des résidus de multiples pesticides devraient être évalués attentivement par les autorités nationales. » L'Efsa a finalisé en mars une méthodologie qui permettra de réaliser des évaluations du risque tenant compte de l'exposition alimentaire à de multiples résidus(2). Elle doit publier deux évaluations pilotes relatives aux risques cumulés en septembre 2019.
Selon les connaissances scientifiques actuelles, l'exposition alimentaire aiguë et l'exposition alimentaire chronique aux résidus de pesticides dans les aliments (respectivement comparées à la dose de référence aiguë de la substance DARf et à la dose journalière acceptable de la substance DJA) ne devraient pas occasionner de problèmes de santé chez les consommateurs.
whttps://doi.org/10.2903/j.efsa.2019.5743
(1) Pour le programme coordonné par l'UE uniquement, en 2017, 11 158 échantillons issus de douze produits alimentaires différents - oranges, poires, kiwis, choux-fleurs, oignons, carottes, pommes de terre, haricots séchés, grains de seigle, grains de riz décortiqués, graisse de volaille et graisse de mouton -, ont été analysés pour 171 pesticides. 98,4 % des échantillons se situaient dans les limites légalement autorisées.
(2) www.efsa.europa.eu/fr/efsajournal/pub/5634