ÉDITORIAL

DE LA DIFFICULTÉ DE FIXER LES LIMITES

PAR VALÉRIE VIDRIL, RÉDACTRICE EN CHEF - Phytoma - n°727 - octobre 2019 - page 3

Dans mon village, certains habitants sont situés en zone rouge inondation, d'autres en zone bleue avec des contraintes moindres fixées par le plan de prévention des risques : et pourtant, seule une rue les sépare ! Sur une denrée, le seuil de quantification de 0,01 mg/kg détermine la présence ou l'absence de résidu de pesticide (Phytoma n° 726) : en dessous, elle peut afficher « zéro résidu », au-dessus, non. Pour chaque produit phytopharmaceutique, les conditions d'emploi précisent des zones non traitées (ZNT) à respecter. Ces distances limitent l'exposition des points d'eau et/ou des organismes non-cibles aux produits. Mais pourquoi 5 m, 20 m ou 50 m, et pas 6, 18 et 36 m ? Bientôt, un décret précisera les ZNT à respecter pour protéger les riverains (p. 4). Derrière tous ces seuils qui semblent définis arbitrairement, il existe des études d'évaluation des risques. Sur cette base, des limites artificielles sont fixées. Mais est-ce une limite de vitesse qui empêchera un chauffeur somnolent d'avoir un accident de la route ? Est-ce parce que je suis du « bon » côté de la rue que l'eau n'envahira pas ma maison si la crue est forte ? De même, quelques mètres feront-ils la différence si un pulvérisateur mal réglé projette des aérosols hors de la parcelle ? Les limites fixées par l'homme rassurent. Elles sont contraignantes pour les uns, indispensables pour d'autres. Mais elles ne protègent pas, si les règles en amont ne sont pas respectées : si je prends la route sous l'emprise d'un médicament, si mon voisin agriculteur ne respecte pas les doses de traitement et les délais avant récolte, ou s'il pulvérise par vent fort...

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