Le colloque de l'Association française des biotechnologies végétales (AFBV), organisé le 17 octobre 2019 dernier, avait pour thème : « Les biotechnologies végétales face aux défis de la protection des cultures ».
Le programme de la conférence établi par le conseil scientifique de l'AFBV se proposait de montrer la nécessité des technologies de sélection végétale pour répondre aux enjeux posés par les bioagresseurs aux productions agricoles.
La plupart des exposés ont rappelé les enjeux auxquels la production agricole doit faire face : augmentation des rendements pour alimenter une population mondiale qui atteindra prochainement les 10 milliards, réduction des surfaces cultivées, changements climatiques... Mais il n'y a pas que l'homme qui profite de cette manne agricole, de nombreux bioagresseurs prélèvent inexorablement leur écot. Malgré les méthodes de protection actuelles, les pertes sont estimées à 30 % de la production agricole mondiale ; sans ces méthodes, ce pourcentage atteindrait 50 %.
La pression sociétale et réglementaire pour réduire l'utilisation des pesticides implique de trouver de nouvelles solutions afin de ne pas laisser les producteurs démunis face aux bioagresseurs : insectes, acariens, champignons, virus, bactéries, adventices. Parmi ces solutions, la résistance variétale constitue un outil de choix. Sélection variétale conventionnelle, OGM, nouvelles techniques d'édition du génome sont autant d'outils qui ont toute leur place dans le développement de solutions durables pour la protection des végétaux, ont souligné les intervenants.
Les orateurs ont rappelé la complémentarité des méthodes de protection : prophylaxie, méthodes culturales, méthodes de protection physique, résistance/tolérance variétale, biocontrôle, protection chimique, outils d'aide à la décision et agriculture de précision. Toutes ces solutions sont complétées par un réseau de laboratoires d'analyses et de surveillance du territoire sous la responsabilité de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).
Les nouvelles connaissances en biologie, en génomique et en protéomique permettent de décrypter les mécanismes métaboliques de défense des plantes et leur initiation génétique. Différents exemples ont été présentés : nématodes à galles, insectes, virus phytopathogènes, champignons phytopathogènes.
Une table ronde sur ces différentes solutions, leurs avantages et leurs limites, a confirmé la nécessité de disposer de techniques nombreuses et complémentaires. Anne-Claire Vial, agricultrice, présidente d'Arvalis-Institut du végétal, a conclu le colloque en ajoutant que les polémiques sur l'usage des produits de protection des plantes « pourrissent la vie des agriculteurs ». Selon elle, la santé des plantes doit être gérée de la même façon que la santé humaine. Mais la science qui propose les nouvelles technologies de sélection variétale doit avoir les mêmes valeurs que celles de la société et développer une vision humaniste de ces biotechnologies basées sur l'édition du génome, en répondant notamment à ces questions : sont-elles utiles, risquées, acceptables... ?
(1) Association française des biotechnologies végétales.(2) Agence nationale.Site de l'AFBV : www.biotechnologies-vegetales.com/Contact : Gil Kressman, 06 83 46 55 33.