IYPH

Santé et sécurité : vers une collaboration internationale

MIRKO MONTUORI, AROP DENG ET RICCARDO MAZZUCCHELLI International Plant Protection Convention and International Year of Plant Health Secretariats - FAO - Italie. - Phytoma - n°731 - février 2020 - page 11

La Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV) et la FAO travaillent de concert afin d'intégrer la santé des cultures dans les futures directives sur les systèmes alimentaires et la nutrition.
1. Ceratitis capitata, mouches méditerranéennes des fruits.

1. Ceratitis capitata, mouches méditerranéennes des fruits.

2. Rhynchophorus ferrugineus, charançon rouge du palmier. Photos : 1. D. Nimmo - Royaume-Uni (2011). 2. C. Rajadel - Baillarguet (2015)

2. Rhynchophorus ferrugineus, charançon rouge du palmier. Photos : 1. D. Nimmo - Royaume-Uni (2011). 2. C. Rajadel - Baillarguet (2015)

Drosophila suzukii, ravageur des fruits rouges. Photo : D. Nimmo - Royaume-Uni (2013)

Drosophila suzukii, ravageur des fruits rouges. Photo : D. Nimmo - Royaume-Uni (2013)

Une diversité de bioagresseurs des plantes fait peser une menace croissante sur la sécurité alimentaire, du fait de la mondialisation des échanges commerciaux qui leur permettent de se déplacer plus loin et plus rapidement qu'auparavant, et du réchauffement climatique qui crée les conditions favorables à leur survie dans des zones où ils ne pouvaient par s'établir jusqu'alors. La Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV) a pour objectif de prévenir la propagation de ces organismes nuisibles, par l'élaboration et l'application de normes internationales pour les mesures phytosanitaires (NIMP).

Des normes internationales

Éviter plutôt qu'endiguer

Les normes internationales pour les mesures phytosanitaires (NIMP) sont des normes volontaires aidant les parties contractantes à la CIPV à éviter les épidémies phytosanitaires. Chacun des protocoles de traitement ou de diagnostic proposé est corroboré par des preuves scientifiques. De nouveaux ravageurs et maladies peuvent avoir un effet dévastateur sur la production agricole d'un pays. Un exemple historique est le mildiou Phytophthora infestans, originaire d'Amérique centrale, cause directe de la grande famine irlandaise de 1845 qui a tué plus d'un million de personnes.

Pour certains bioagresseurs, des outils de gestion existent pour maîtriser les invasions, voire les éradiquer. Pour beaucoup d'autres, il n'y a peut-être aucun moyen de contenir l'invasion, ce qui peut porter atteinte à la sécurité alimentaire. Dans les deux cas, une analyse et une surveillance minutieuses du risque phytosanitaire pour minimiser les risques d'invasion par les organismes nuisibles s'avèrent à la fois plus efficaces et moins coûteuses que la mise en place d'une opération de lutte contre le bioagresseur installé. En 2016, la CIPV s'est ainsi concentrée sur les interrelations entre la santé des plantes et la sécurité alimentaire. Objectif : mettre en place un cadre international dans lequel les mouvements mondiaux des bioagresseurs peuvent être gérés sur une base scientifique nationale en tenant compte d'un niveau acceptable de risque phytosanitaire.

Vers une collaboration internationale

Fédérer les organismes spécialisés

De nouveaux organismes menacent régulièrement les ressources végétales de la planète. Citons par exemple la noctuelle américaine du maïs Spodoptera frugiperda. La chenille polyphyllophage de ce papillon cause d'importants dégâts en Amérique tropicale, ainsi que sur le continent africain depuis son arrivée en 2016. Classée comme organisme de quarantaine par l'Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes (OEPP), elle est pour l'instant absente en Europe. Autre exemple, la maladie de Panama ou fusariose du bananier, causée par le champignon phytopathogène Fusarium oxysporum f. sp. cubense, constitue une vraie menace pour la culture du bananier.

C'est dans ce contexte que l'Assemblée générale des Nations unies (AGNU) a proclamé 2020 Année internationale de la santé des plantes (International Year of Plant Health IYPH). Les États membres de l'AGNU ont voté à l'unanimité en faveur de la résolution A/RES/73/252(1), mandatant l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), en collaboration avec la CIPV, pour faciliter la mise en oeuvre de cette Année internationale.

Cependant, pour atteindre cet objectif, il est essentiel que les pays mettent en oeuvre la CIPV et les NIMP associées - reconnues par l'Organisation mondiale du commerce - de manière appropriée, et reçoivent le soutien et l'assistance technique nécessaires de la Convention. L'IYPH est une formidable opportunité d'atteindre cet objectif en comblant le fossé entre la CIPV et les autres organismes internationaux spécialisés dans la sécurité alimentaire.

Des directives volontaires

L'un des récents travaux du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA), un des organes directeurs de la FAO, porte sur la nutrition. Le groupe de travail (Open Ended Working Group - OEWG) sur la nutrition vient de terminer la rédaction du projet de directives volontaires sur les systèmes alimentaires et la nutrition (Voluntary Guidelines on Food Systems and Nutrition - VGSFyN)(2). Ce projet illustre la façon dont le travail de la CIPV est lié à d'autres outils volontaires normatifs à disposition des gouvernements. Les directives ont été rédigées en prenant en considération les interconnexions entre le changement climatique, l'agriculture et la nutrition. Chacun des aspects de la chaîne alimentaire, de la production à la consommation, en passant par la transformation, la distribution et la commercialisation, a été pris en compte, de même que la nécessité d'harmoniser les politiques nationales grâce à une approche coordonnée (établissement de normes).

Le VGSFyN, qui devrait être adopté lors de la prochaine session plénière du CSA en octobre 2020, vise notamment :

- à fournir des orientations aux gouvernements, aux institutions spécialisées et aux autres parties prenantes, y compris les organisations internationales, sur les politiques efficaces, les investissements et les accords institutionnels qui permettront de lutter contre la malnutrition sous toutes ses formes(3) ;

- à suivre une approche systémique et scientifiquement fondée pour harmoniser et promouvoir la cohérence des stratégies nationales, en mettant l'accent sur l'alimentation, l'agriculture et la santé, tout en s'attaquant également aux défis de la durabilité sociale, environnementale et économique ; et favoriser et orienter le dialogue entre les différentes institutions et les différents secteurs(4).

De la santé des plantes à la sécurité alimentaire

Les deux exemples précédents illustrent le lien entre les travaux du CSA et de la CIPV : il est essentiel d'inclure la santé des plantes dans les directives volontaires qui seront approuvées prochainement afin de garantir le respect d'une approche holistique de la sécurité alimentaire. Les NIMP ont un impact direct sur les systèmes alimentaires du monde entier en fournissant aux gouvernements les outils nécessaires pour échanger des plantes et produits dérivés de manière sécurisée. Au-delà de la sécurité alimentaire, la qualité des denrées végétales dépend également en partie de la santé des cultures et des récoltes.

Le secrétariat de la CIPV et le CSA ont déjà eu l'occasion de collaborer en 2016, lors de la 43e session du Comité de la sécurité alimentaire mondiale(5), en soulignant les liens étroits entre la santé des plantes et l'éradication de la faim. L'IYPH est le résultat de cinq années d'intenses travaux de la Convention visant à porter cette thématique à l'attention de la communauté internationale et d'un public plus large. Dans ce contexte, le secrétariat de l'IYPH, composé de différents départements de la FAO, contribue à la phase finale de rédaction des directives volontaires sur les systèmes alimentaires et la nutrition.

(1) https://undocs.org/A/RES/73/252(2) www.fao.org/fileadmin/templates/cfs/Docs1920/Nutrition_Food_System/NC_129_CFS_Voluntary_Guidelines_Food_Systems_Nutrition_Draft_One_CLEAN_1_7_JAN.pdf(3) Draft One of the Voluntary Guidelines on Food Systems and Nutrition, para. 19.(4) Ibidem, para. 20.(5) www.youtube.com/watch?v=wJ4mYPmIEz0

RÉSUMÉ

CONTEXTE - Dans le cadre de l'IYPH (International Year of Plant Health), la Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV) rappelle l'importance de la santé des plantes pour garantir la sécurité alimentaire. La CIPV travaille ainsi avec le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) de la FAO fin qu'elle fasse partie intégrante des directives volontaires en cours de rédaction.

MOTS-CLÉS - International Year of Plant Health (IYPH), Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV), normes internationales pour les mesures phytosanitaires (NIMP).

POUR EN SAVOIR PLUS

CONTACTS : Mirko.Montuori@fao.org

Riccardo.Mazzucchelli@fao.org ; Arop.Deng@fao.org

LIENS UTILES : voir notes.

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