Avec 4 000 m² de serre en verre construite sur mesure et mise à disposition par le Sivu (syndicat intercommunal à vocation unique), l'installation de Deltafl or, à Briollay dans le Maine-et-Loire, a été facilitée grâce au système de crédit-bail dans lequel l'horticulteur n'a pas à se soucier de la construction, des équipements, du financement, des démarches administratives. C'est le Sivu qui s'occupe de tout et se porte caution auprès des banques. Reste pour le nouvel installé à payer une location avec un bail de 15 ans. La commercialisation de la production a été d'emblée et en totalité réalisée via la coopérative Fleuron d'Anjou. Deux ans plus tard, Deltaflor a pu ajouter 2 000 m² de multichapelles en plastique double paroi, puis, deux ans plus tard encore, 2 000 m² d'abris en plastique. Cinq ans après son installation, Serge Gouffier, à la tête de Deltaflor, a pu tout racheter : les crédits restants, les structures, et le terrain.
Au départ, Serge Gouffier produisait « du classique » : des plantes à massifs et des géraniums au printemps, des chrysanthèmes, des cyclamens et des bisannuelles à l'automne, ainsi qu'un peu de plantes d'extérieur destinées aux terrasses pour les ventes de printemps. Dès 2000, Deltaflor a proposé à sa coopérative de produire des plants de légumes en pot de 10 cm. La commercialisation commençait à devenir difficile pour les fleurs et des opportunités se sont présentées pour commencer à développer une diversification. Sur les 700 000 plantes produites annuellement, les choux en motte représentent 300 000 unités (en barquettes de six), les fleurs de printemps 70 000 unités (géraniums, verveines, Surfinia en 1 litre...).
Actuellement, Deltaflor développe des plants certifiés bio en légumes, à partir de semences bio fournies par Graines Voltz, Essem'Bio, Bejo France, et Bio Graines d'Antan... « Nous produisons actuellement environ 100 000 unités par an en bio et toute notre production de légumes va bientôt y passer. Même si le prix des plants bio reste trop cher pour le consommateur, le marché se développe. La gamme de variétés devient intéressante, en revanche l'approvisionnement en semences reste insuffisant. Depuis 2009, nous devons diversifier nos fournisseurs. Maintenant, au printemps, nous faisons 70 % de notre chiffre d'affaires avec les plants de légumes, c'est un gros changement. À l'automne, la majorité du chiffre d'affaires reste encore en faveur des fleurs, mais avec des difficultés de vente plus importantes d'année en année, affirme Serge Gouffier. En légumes, nous travaillons au sol sur une bâche en plastique étanche, dans des compartiments isolés, et nous arrosons à l'eau claire. Avec la production de plants, nous avons très peu de ravageurs (rotations courtes). De toute façon, en légumes certifiés bio, nous sommes très contrôlés. On peut détecter même des traces de produits. Pour les fleurs, nous traitons peu et nous commençons juste à travailler les cyclamens en PBI, que nous allons encore développer à l'avenir. »
Le principal défi reste la gestion du chauffage au plus près des besoins, en raison du prix du gaz, énergie imposée dans la zone horticole. Pour Serge Gouffier, il faut travailler sans cesse sur un équilibre délicat : « Au début de notre installation, nous chauffions toute la saison et ne regardions pas à la dépense. C'était très avantageux de chauffer au gaz. Maintenant, nous ne chauffons que les zones indispensables et n'ouvrons les vannes de chauffage qu'en cas de besoin. Actuellement, nous obtenons une température de 10 °C en aérien et de 15 °C au niveau des mottes (via un circuit d'eau à 32 °C qui est installé à 20-25 cm en profondeur). Et surtout, nous faisons de moins en moins de multiplication. Nous achetons de plus en plus de plants déjà racinés. »
Par rapport à sa situation « protégée » du départ (établissement en location avec système de crédit-bail), l'horticulteur n'a eu de cesse de faire des choix pour son entreprise : des investissements pour s'agrandir, le rachat de toute l'entreprise, le changement de production, la conversion progressive au bio...
Étant donné qu'il a pu racheter son établissement dans les cinq ans, il est plutôt satisfait de son installation dans la zone du Rocher. « Sans cette option, nous serions probablement partis avec un vieil outil et très vite des embêtements dus à la vétusté. Là, nous avons eu un bon suivi des dossiers pour le chantier de construction. Sinon, nous aurions peut-être vite laissé tomber. Nous avons déjà opté pour plusieurs gros changements depuis notre installation, mais c'est quand même notre métier de prendre des risques pour anticiper les évolutions de notre secteur et nous adapter... », conclut Serge Gouffier.
« Sans cette option de crédit-bail proposé par la zone horticole du Rocher, nous aurions probablement opté pour un vieil outil, avec très vite des embêtements dus à la vétusté », explique Serge Gouffier, à la direction de Deltaflor, dans le Maine-et-Loire.
Les productions de cyclamens restent un classique à l'automne, avec les chrysanthèmes et les bisannuelles, même si leur vente devient de plus en plus difficile.