L'organisation de conférences fait partie des activités de l'AFPP. En médaillon, Conférence internationale sur les ravageurs en agriculture (CIRA), Montpellier 2008. Ci-contre, Conférence internationale sur les maladies des plantes (CIMA), Tours 2009. En 2010, ce sera la conférence du COLUMA, Comité de lutte contre les mauvaises herbes, à Dijon. ph. M. Doumergue
L'AFPP s'intéresse à la protection du blé contre ses maladies (à gauche), de la vigne contre ses mauvaises herbes (au centre, une visite du Columa, occasion d'échanges fructueux entre hommes de bureau, de laboratoire et de terrain) et de toutes les productions végétales agricoles et non agricoles contre tous leurs bio-agressseurs. Ceci par tous les moyens, biologiques (ci-contre une chrysope, auxiliaire utilisé pour la lutte biologique contre des ravageurs), chimiques, mécaniques, etc., directs ou indirects. Un point de rencontre où débattre de manière très ouverte des méthodes destinées à favoriser la santé des végétaux.
Cet article est né d'un constat : certaines personnes qui ont à voir avec la protection des plantes connaissent peu l'AFPP... et d'autres qui croient la connaître en ont une idée vague et/ou fausse alors même qu'elles utilisent les informations de ses conférences et son site internet ou suivent ses formations. Alors, pour apprendre tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur cette association sans jamais oser le demander, lisez ce qui suit. Première information : AFPP signifie « Association française de protection des plantes ». Deuxième information qui n'est pas dans le sigle mais dans les statuts : c'est une association interprofessionnelle. Pour en savoir plus et avant d'évoquer les activités et les orientations d'aujourd'hui, commençons par un peu d'histoire.
Entre 1945 et 1950, avec l'appui marqué des gouvernements successifs, l'agriculture française a entamé le vigoureux effort de modernisation nécessaire vu la situation du pays et de l'Europe entière. Cette mobilisation bénéficiait d'un afflux de moyens de production nouveaux, unique dans l'histoire de l'agriculture. En particulier :
• des solutions techniques innovantes : motorisation, mécanisation, amélioration variétale, fertilisation, irrigation, protection des cultures ;
• un encadrement capable de concourir au progrès espéré : développement de l'enseignement technique et de la presse agricoles, renouveau des Chambres d'agriculture, création de l'INRA, des instituts techniques, des CETA, confirmation des missions du Service de la protection des végétaux...
Tester des solutions, mettre au point et adapter des méthodes, vulgariser les innovations retenues comme acceptables a nécessité de volumineuses études, générant un besoin d'information et d'échange exceptionnel. Le domaine de la protection des cultures ne faisait pas exception.
De la SFPP à l'ANPP (1951-1984)
1951, création de la SFPP
En réponse à cette attente générale aiguillonnée par les enjeux du moment, la Société française de phytiatrie et de phytopharmacie (SFPP) a été créée le 13 avril 1951. Fondée pour être un lieu de concertation entre les représentants du Ministère de l'Agriculture (INRA et PV principalement), les ingénieurs des instituts techniques et de l'industrie phytosanitaire, les responsables de la FNGPC(1)... cette association voit alors affluer de très nombreux membres actifs. Elle va fonctionner durant 32 années.
Bulletin, commissions, journées
Les communications présentées en réunion par les membres de l'association paraissent dans les Bulletins de la SFPP. En son sein, des commissions transversales spécialisées sont créées, en réponse à des besoins spécifiques :
– la Commission des essais biologiques (CEB) étudie les modalités de l'expérimentation ;
– la Commission terminologie se charge de questions sémantiques et de définir les termes techniques utilisés en phytiatrie ;
– le Groupe professionnel des experts phytosanitaires (GPEP) met à la disposition des tribunaux un vivier de personnalités compétentes.
La SFPP organise en novembre 1958 les premières « Journées d'études » consacrées aux fongicides, puis, en novembre 1960, les « Journées sur les insecticides ». Suivront rapidement des manifestations portant sur les vertébrés nuisibles, les nématodes, les ennemis des forêts... Dès septembre 1962, une manifestation est organisée à Grignon autour des techniques d'application(2).
COLUMA en 1954, AFIP en 1977
Par ailleurs, les transformations profondes des systèmes de culture qui découlent de la mise au point des herbicides sélectifs et le foisonnement des nouveautés amènent les spécialistes de ces sujets à former dès 1954 une commission interprofessionnelle permanente. Elle prendra plus tard le nom de COLUMA (COmité français de LUtte contre les MAuvaises herbes).
En novembre 1956, la FNGPC organise un congrès sur les herbicides et les régulateurs de croissance. Les conférences du Columa vont prendre la suite. La première est organisée avec succès à Grignon en 1961, sous l'égide de son président, l'Inspecteur général Jean Bustarret. Enfin, et bien que des attentes de formation continue aient été exprimées de longue date, ce n'est qu'en 1977 que se constitue l'AFIP (Association française interprofessionnelle pour la formation et le perfectionnement en phytiatrie et phytopharmacie).
Création de l'ANPP
Le besoin de transversalité et de synergie ressenti par tous les acteurs va conduire SFPP, COLUMA et AFIP à fusionner volontairement en 1984 pour créer « l'Association nationale de protection des plantes ». Son siège est fixé à Paris, d'abord à la Maison nationale des éleveurs rue de Bercy, puis boulevard de la Bastille. Jean Thiault, Chef du Service de la protection des végétaux (SPV), en est le premier président.
De l'ANPP à l'AFPP (1984-2000)
Les adhérents qui s'inscrivent dans cette nouvelle association le font à titre individuel. Chacun est libre de communiquer sur ses travaux et de contribuer à des échanges dans son domaine d'expertise avec des interlocuteurs d'horizons différents, tout aussi motivés.
L'interactivité s'établit dans le cadre de manifestations publiques organisées par l'association et surtout au sein des commissions et groupes de travail qui cohabitent dans la structure. Leur nature et leur nombre évoluent en fonction de l'actualité du moment.
Les trois collèges
Ces adhérents sont répartis en trois collèges :
– le premier regroupe les services officiels, la recherche publique (INRA, IRD, CIRAD, Université...), la Protection des végétaux, les enseignants d'écoles d'agronomie et lycées agricoles...
– le deuxième concerne les représentants des instituts techniques, des Chambres d'agriculture, des GVA, des CETA...
– le troisième est ouvert aux personnes issues de la distribution, de l'industrie des semences, du machinisme et de la protection des cultures, des entreprises de services, aux conseillers ou consultants privés...
Années 80, convention et conférences
Pour améliorer la diffusion des connaissances, le deuxième Président de l'ANPP, Félix Calméjane, signe une convention en février 1988 avec l'association Ruralia, alors présidée par Hubert Bouron (SPV), dont l'objet est l'édition de la revue technique « Phytoma », spécialisée depuis 1948 dans les différentes composantes de la défense des cultures. De nos jours encore, gérée au sein du groupe France Agricole, cette revue accueille de nombreux articles rédigés par des membres de l'association.
Au cours des années 80 et 90, l'ANPP développe ses activités, en particulier les grandes conférences internationales annuelles qui regroupent parfois plus de 800 personnes ainsi que des journées spécifiques sur des thèmes d'actualité. C'est une époque très active au niveau des groupes de travail qui se forment en fonction des besoins et souhaits des adhérents.
Volet formation
L'association s'engage sur des thèmes de formation originaux non couverts par les structures traditionnelles du secteur agricole.
La Commission des essais biologiques (CEB) monte et anime des stages destinés aux techniciens d'expérimentation désireux de se perfectionner dans ce domaine pointu.
En 1996, l'ANPP conçoit un module très original : FORMAP®. Cet outil de formation s'adresse aux formateurs en charge de l'encadrement des applicateurs utilisant des produits phytopharmaceutiques dans les secteurs non agricoles. Il est destiné à promouvoir les bonnes pratiques en matière de sécurité des applicateurs et de respect de l'environnement. À ce jour, plus de 200 formateurs ont suivi ces sessions, avec des retombées sur le terrain auprès de milliers d'applicateurs.
Par ailleurs, des stages sur la reconnaissance des adventices se poursuivent depuis 2007.
Années 90, vers internet
La diffusion de l'information prend au cours des années 90 des formes nouvelles : fascicules, lettre périodique, CD-Rom...
Le site internet de l'association, ouvert en 1998, accueille chaque année des milliers de visiteurs. Outre une base de données bibliographique, il héberge l'intranet du GEEPP (Groupe des experts environnement et protection des plantes) qui compte 300 références réglementaires.
En 2000, l'AFPP
Le développement d'autres associations nationales du même secteur conduit l'ANPP à modifier son intitulé et devenir, le 3 février 2000, l'Association française de protection des plantes (AFPP). En juin 2006, le siège social est déplacé rue Raymond-Jaclard, à Alfortville (94).
Ouverture, toute
Ouverte à tous les systèmes
Ouverte à tous les courants de pensée, l'AFPP ne privilégie aucun système de protection des plantes en particulier. Ses membres s'intéressent autant aux mesures de lutte indirecte qu'aux moyens directs utilisés pour protéger les végétaux en agriculture et zones non agricoles, aux avancées techniques qu'à la maîtrise des effets non intentionnels.
Les groupes de travail coopèrent sur des thèmes aussi variés que les arthropodes auxiliaires, la connaissance et le bon usage des moyens de lutte chimique ou biologique, l'étude des substances naturelles. Ils développent des initiatives originales dans le secteur des mesures alternatives et de la prophylaxie. Ainsi, l'AFPP est partie prenante des conférences internationales sur les moyens alternatifs de lutte contre les organismes nuisibles, comme celle co-organisée en 2006 à Lille avec la DRAF-DDAF SRPV et la FREDON Nord- Pas-de-Calais et la Station d'études sur les luttes biologique, intégrée et raisonnée.
Ouverte à l'international
De plus en plus, les travaux entrepris, le cadre des réflexions, les démarches explicatives et la communication doivent avoir au moins l'Europe comme cadre. Les échanges entre pays deviennent vitaux pour asseoir le progrès et dynamiser les approches nationales. Grâce à l'expérience internationale de certains de ses adhérents, l'AFPP a noué des liens avec d'autres organisations nationales de protection des plantes avec lesquelles des manifestations conjointes ont déjà été organisées.
Récemment, elle a salué la naissance de l'AFIPP (Association francophone internationale de protection des plantes) structure de liaison inter associative avec qui elle travaille en étroite collaboration. Elle a apporté son appui au Colloque international sur la protection des plantes et la gestion des risques phytosanitaires, organisé à Marrakech en 2009 par l'AMPP (Association marocaine de protection des plantes) et l'AFIPP.
L'AFPP en 2010
Légitimité et adaptation
Au cours de son quart de siècle d'existence, l'AFPP a acquis une réelle légitimité dans le domaine agricole et non-agricole de par :
– les connaissances pratiques sur les ennemis des cultures qu'elle a permis d'acquérir,
– l'expertise qu'elle réunit en permanence sur leur nuisibilité qualitative et quantitative,
– ses efforts pour mieux appréhender les divers moyens de lutte, méthodes d'expérimentation et attentes de formation des acteurs,
– l'information pluraliste qu'elle délivre régulièrement au travers de ses conférences.
Cependant, la protection des plantes – comme l'agriculture – est une discipline qui compose en permanence avec la nature (plante/sol/climat/ variété/bioagresseurs...). Elle doit donc s'adapter en continu pour proposer des solutions durables afin de tenir compte des mécanismes biologiques complexes sur lesquels elle repose. Elle se doit aussi de protéger les intérêts de l'agriculteur, la santé des applicateurs, minimiser les incidences environnementales tout en répondant aux règlements administratifs.
Dans ce contexte évolutif où les réponses, jamais uniques, doivent s'élaborer en commun, l'association conserve ses objectifs, à savoir :
– être une plate-forme d'accueil pour tous les acteurs de la protection des plantes et favoriser au maximum les contacts et échanges,
– aider à la résolution de problèmes d'actualité grâce à la réflexion de groupes de travail,
– actualiser les connaissances des experts dans leur domaine, favoriser des actions de formation, susciter des vocations pour œuvrer à la protection des plantes durable de demain,
– répondre à une demande croissante d'information et en assurer la diffusion.
En 2010, l'AFPP reste une association de personnes, résolument pluraliste. Près de 600 membres d'horizons variés y adhèrent, toujours à titre individuel. Ils sont conviés une fois l'an pour l'assemblée générale ordinaire.
Toujours 3 collèges et 12 commissions
Comme auparavant, les adhérents répartis en trois collèges élisent à bulletin secret un Conseil d'administration de 33 membres, renouvelé par tiers chaque année. Il choisit en son sein un Bureau de 11 membres. La Présidence de l'AFPP est tournante, revenant alternativement tous les trois ans à un représentant de chacun des trois collèges. Ses activités sont gérées au quotidien par une équipe de trois permanents.
Les travaux de l'association reposent sur l'activité de 12 commissions animées par des Présidents issus des différents collèges. Chaque commission s'organise en fonction des thèmes spécifiques qu'elle souhaite aborder, proposant la création ou la disparition de groupes de travail spécifiques selon les besoins du moment. Actuellement, une vingtaine de ces groupes couvre la plupart des grands thèmes qui font l'actualité de la protection des plantes cultivées et l'entretien des zones non cultivées.
Du Casdar au Certiphyto
Certains groupes apportent leur concours à des projets d'intérêt général proposés par des organismes extérieurs à l'association, dépendant du secteur public (ex : certains programmes CASDAR( 3)), de la profession agricole ou du secteur privé (ex : conférence SWAP-CPP sur la Protection des eaux de surface contre les transferts diffus de produits phytosanitaires).
Les formations évoluent aussi à l'exemple du nouveau module Formap® qui permet d'accéder au Certiphyto.
Demain, fédérateur plus que jamais
Organisme fédérateur de la protection des plantes, l'AFPP poursuit ses travaux en accueillant de nouveaux membres, élargissant ses horizons pour confronter les points de vue et se saisir des problématiques d'actualité afin de délivrer une information utile, indépendante de tout « lobbying ». Plus que jamais, l'association entend s'intéresser à toutes les stratégies et à tous les moyens envisageables pour défendre les plantes cultivées contre leurs ennemis, entretenir les espaces verts et les zones non cultivées dans le respect de la sécurité alimentaire, de celle des applicateurs et de l'environnement.
Si elle entend aider ses membres, en particulier par l'amélioration des connaissances, l'AFPP souhaite aussi répondre à la demande d'information émanant des secteurs industriels et agricoles, de la presse, de l'enseignement et au-delà, du grand public.
Depuis plus de 25 ans, l'AFPP demeure donc un point de rencontre commode où il est possible de débattre de manière très ouverte des méthodes destinées à favoriser la santé des végétaux. Quels que soient leurs organismes d'appartenance, leurs activités ou leurs idées, les membres actifs de l'association y apportent alternativement leur expérience, leurs interrogations personnelles ou celles de leur profession, retirant le plus souvent de l'échange et des travaux en commun de solides éléments de réponse.
<p>* Vice-président de l'AFPP.</p> <p>** Directeur de l'AFPP.</p> <p>(1) Fédération nationale des groupements de défense des cultures (ancêtre de la FNLON).</p> <p>(2) Le Nail F., Allocution de clôture du Columa 1961, p. 464-467.</p> <p>(3) Comptes d'affectation spéciaux <i>« développement agricole et rural »</i> gérés par la Direction générale de l'enseignement et de la recherche (DGER) du Ministère de l'agriculture.</p>