Biotop, spécialiste français de l'élevage de trichogrammes pour la lutte biologique contre la pyrale du maïs, vient de lancer une nouvelle technologie pour optimiser l'efficacité de cette lutte contre ce ravageur majeur.
De quoi s'agit-il ?
Des améliorations constantes depuis trente ans
Cela fait près de trente ans que Biotop élève et vend ces précieux auxiliaires de lutte biologique que sont les trichogrammes, hyménoptères parasitoïdes des œufs de pyrale. La société innove régulièrement de façon à mettre à disposition des agriculteurs des solutions de biocontrôle toujours plus efficaces et pratiques à l'utilisation, tout en respectant l'environnement :
– optimisation du diffuseur de trichogrammes, d'une part pour des lâchers plus faciles et rapides, d'autre part pour une protection parfaite des insectes auxiliaires avant leur émergence (contre les prédateurs et l'eau de pluie et d'irrigation), sachant que les diffuseurs eux-mêmes sont biodégradables,
– adaptation de la souche des trichogrammes (espèce Trichogramma brassicae) à la pyrale du maïs française,
– mise au point de la technologie brevetée « Ultra-retard » (UR) permettant une durée d'action inégalée (voir Encadré 1 p. 30), – perfectionnement du service de détermination des dates de lâcher, etc.
Trichotop Max, une innovation pour 2014
Aujourd'hui encore, la société innove avec le lancement du Trichotop Max dès cette campagne 2014.
Ce produit de biocontrôle intègre les innovations déjà apportées. Il y ajoute une nouvelle technologie permettant d'améliorer et de sécuriser les lâchers de trichogrammes. Chaque diffuseur contient en effet une solution énergétique spécifique mise au point par Biotop. Il s'agit d'un milieu nutritif de consistance visqueuse. Sa composition (confidentielle) lui permet de rester stable donc de garder son attractivité et sa valeur nutritive jusqu'à la fin de la période échelonnée des émergences d'adultes. Même la « deuxième génération » (dernière vague d'émergence de la technologie Ultra-retard) peut en consommer. La solution est ainsi à disposition des trichogrammes dès leur émergence au champ.
À leur sortie des œufs, les trichogrammes se nourrissent de cette solution nutritive qui leur apporte les éléments essentiels afin de prospecter les parcelles de maïs dans les meilleures conditions : ils seront actifs plus rapidement.
Pourquoi nourrir les trichogrammes ?
Effets du manque de nourriture sur le temps de prospection...
Cette nouvelle technologie voit tout son potentiel déployé dans les situations dites difficiles, là où la disponibilité alimentaire est réduite pour les trichogrammes à leur sortie des diffuseurs.
En effet, l'absence de miellat, de nutriments, est une situation qui peut se rencontrer dans certaines parcelles à des moments donnés. Or, il est connu que cette disponibilité en nourriture à l'émergence est un facteur décisif pour la survie : un trichogramme a très peu de réserves nutritives à sa sortie de l'œuf de lépidoptère qu'il a parasité. L'une de ses premières activités consiste à trouver de quoi survivre les jours à venir. En cas de carence dans la parcelle, le temps de prospection alimentaire sera autant de temps perdu pour la prospection pour le parasitisme.
Sur le taux de survie et la fécondité
Par ailleurs, les premiers jours de vie du trichogramme sont critiques pour sa sur vie : en l'absence de nourriture suffisante, une forte proportion des adultes meurt très rapidement, entamant ainsi fortement le nombre potentiel de trichogrammes par parcelle.
Enfin, l'absence d'alimentation en quantités suffisantes a un impact fort sur la biologie de l'insecte, en particulier sur sa fécondité des femelles donc leur capacité à pondre dans les œufs du ravageur.
L'ajout d'une solution énergétique à disposition des trichogrammes permet de limiter ces effets délétères sur la population dans les situations difficiles, et donc de maximiser leur activité.
Solution énergétique testée pour résultats chiffrés
Fécondité des femelles améliorée grâce à la technologie
Des essais ont été menés en parallèle par Biotop et par l'Inra pour valider l'effet de cette technologie. Plusieurs paramètres ont été mesurés et deux d'entre eux ont été retenus pour leur fort intérêt dans le cadre de la lutte contre la pyrale du maïs.
Première conclusion de ces essais : cette innovation améliore notablement les capacités reproductives des trichogrammes. En effet, les essais montrent une amélioration de 30 % de la fécondité des femelles par rapport au témoin non nourri (Figure 1). Ces valeurs ont été interprétées suite aux tests statistiques qui ont confirmé une différence significative entre le témoin sans substance énergétique et les trichogrammes ayant cette solution à disposition. Cet élément est essentiel.
En effet, la fécondité des femelles est l'un des facteurs clés pour la réussite de la lutte contre la pyrale : plus une femelle est féconde, plus important sera le nombre d'œufs de pyrale qu'elle aura la capacité de parasiter.
La solution énergétique apporte donc un réel plus dans le cadre des situations relativement difficiles.
Amélioration de la survie des trichogrammes à l'émergence
Deuxième conclusion de ces essais : les trichogrammes ayant consommé cette solution nutritive sont plus résistants que ceux ayant été privés de toute ressource.
La résistance des trichogrammes deux jours après émergence est nettement améliorée, et ceci de façon significative selon les tests statistiques (Figure 2). Diminuer la mortalité de trichogrammes dans les situations difficiles augmentera parmi eux le nombre de femelles prêtes à pondre. Cela a pour effet direct de maximiser le potentiel d'auxiliaires actifs dans la parcelle protégée.
La technologie Trichotop Max permet donc au plus grand nombre de trichogrammes d'être plus actifs dans la parcelle dès leur lâcher.
Au cœur d'une stratégie
Innovation intégrée dans une stratégie optimisée
La solution énergétique permettant d'améliorer fécondité et résistance des trichogrammes se combine avec la technologie Ultra-retard brevetée. Décrite dans l'Encadré 1, cette technologie permet une stratégie optimisée et exclusive d'émergence en quatre vagues mais, surtout, avec une durée de présence inégalée de trichogramme au champ. Ces éléments donnent la possibilité de maximiser l'effet de la solution énergétique pour apporter la meilleure protection sur le terrain (Figure 3).
L'adaptation du nombre de trichogrammes actifs au volume de ponte de la pyrale (soit peu de trichogrammes en début de ponte, puis beaucoup au pic de ponte) permet d'épouser la courbe de vol de ce ravageur (Figure 3).
Ainsi, le nombre de trichogrammes émergeant lors du pic de vol de la pyrale est bien supérieur au nombre de trichogrammes émergeants au tout début du vol, où les besoins en protection sont moins importants. De plus, la technologie Ultra-retard est la seule technique qui prolonge au maximum la protection au champ des parcelles de maïs.
Produit labellisé français
Le Trichotop Max a reçu le label « Origine France garantie ». Il est fabriqué en France (à Livron-sur-Drôme) dans le respect des normes industrielles et sanitaires françaises, et est distribué en circuit court. Vagues adaptées avec Ultra-retard, diffuseur optimisé, solution énergétique, aide au choix des dates de lâcher... le produit n'est plus un simple outil de lutte. C'est le cœur d'une stratégie de haut niveau et en constante amélioration contre la pyrale du maïs.
1 - La technologie Ultra-retard, rappel explicatif sur ce procédé breveté
La technologie Ultra-retard, disponible depuis 2005, est un procédé breveté permettant aux diffuseurs de supporter non seulement une génération échelonnée de trichogrammes mais deux générations.
Pour échelonner l'émergence d'une génération de trichogramme, il faut et il suffit de placer, sur le même diffuseur, des œufs d'Ephestia kuehniella parasités à différents stades de développement des larves de trichogrammes : l'émergence des adultes de l'auxiliaire sera donc échelonnée.
Ceci lui permet d'être plus efficace face à un ravageur dont les générations sont elles-mêmes échelonnées.
Mais cet échelonnement a des limites : au bout de 120 degrés-jours (en base 10 °C) après la production des diffuseurs, les derniers trichogrammes issus d'œufs préparasités sortiront fatalement. Et ceci, qu'il y ait eu entre-temps deux vagues de sorties de trichogrammes ou trois, ou davantage.
En fait, ce qui fait la persistance d'action des trichogrammes, ce n'est pas le nombre de vagues mais la différence de maturité entre les œufs les plus récemment parasités et les plus anciennement parasités.
Si l'on veut prolonger la période d'émergence, il faut permettre aux trichogrammes d'entamer une seconde génération sur place. C'est le but de la technologie Ultra-retard. Elle consiste à ajouter dans le diffuseur des œufs d'E. kuehniella non parasités et stérilisés. Ces œufs sont incapables de fournir des adultes d'E. kuehniella. En revanche, ils sont un support de ponte pour les trichogrammes dont les larves pourront s'y développer.
La première vague de trichogrammes qui émergera pondra une partie de ses œufs dans ces œufs d'E. kuehniella et une autre partie dans les œufs de pyrale présents sur les maïs environnants.
Les effectifs d'œufs d'E. kuehniella parasités et d'œufs à parasiter placés dans les diffuseurs sont adaptés de façon à ce qu'il y ait :
– assez de trichogrammes émergents lors de la première vague pour pondre à la fois dans les œufs d'Ephestia présents et ceux de pyrale, et...
– assez d'œufs d'Ephestia disponibles pour qu'il en sorte une seconde génération de trichogrammes suffisamment nombreux pour être efficaces face aux effectifs de pyrale susceptibles d'être présents à ce moment-là.
Cette seconde génération constituera la quatrième vague d'émergence de trichogrammes. La durée d'éclosion passe ainsi de 120 à 170 degrés-jours.
Fig. 3 : L'effectif de trichogrammes « colle » aux pontes de pyrales
Adaptation du nombre de femelles trichogrammes actives à la courbe de ponte de la pyrale induite par la technologie Ultra-retard (émergence d'une seconde génération de trichogrammes) et des volumes d'émergence modulés en fonction des différentes vagues.