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dossier - Bonnes pratiques phytos

Outils des bonnes pratiques, des matériels pour préparer le traitement

MARIANNE DECOIN* - Phytoma - n°673 - avril 2014 - page 26

Quels matériels sont sortis depuis un an au service des bonnes pratiques phytos ? Voici deux innovations : une paillasse et un système de transfert bidon/cuve. En annexe, un point sur les emballages proprement dits.
Ci-dessus, l'évier de la paillasse de préparation des traitements phytos d'Axe Environnement, avec le rince-bidon rotatif. Photo : Axe Environnement

Ci-dessus, l'évier de la paillasse de préparation des traitements phytos d'Axe Environnement, avec le rince-bidon rotatif. Photo : Axe Environnement

Ci-contre, l'équipement complet avec l'égouttoir à bidon incorporé. Photo : Axe Environnement

Ci-contre, l'équipement complet avec l'égouttoir à bidon incorporé. Photo : Axe Environnement

Un des visuels de présentation d'easyFlow par Bayer et Agrotop.      De gauche à droite :      – le module allant sur le bidon ;      – pose sur celui fixé sur le pulvérisateur ;      – le produit en cours de transfert.

Un des visuels de présentation d'easyFlow par Bayer et Agrotop. De gauche à droite : – le module allant sur le bidon ; – pose sur celui fixé sur le pulvérisateur ; – le produit en cours de transfert.

On a vu dans les pages précédentes à quel point le choix du pulvérisateur, de ses accessoires et de ses réglages peut compter pour la bonne pratique qu'est une application de qualité. Mais il y a aussi des accessoires des bonnes pratiques avant d'aller traiter ! Des nouveautés sont à signaler en la matière.

Paillasse de préparation des traitements

Pourquoi « paillasse » ? Ressemblances avec celles de laboratoire

Quels que soient les emballages des produits et les progrès en la matière (voir Encadré 1), il y a des bonnes pratiques à respecter au moment de la préparation.

Pour faciliter cela, une « paillasse de préparation » a été lancée (photos). Proposée par Axe Environnement, elle se placera où on voudra, y compris sur l'aire de remplissage du pulvérisateur. Elle reprend le principe d'une paillasse de laboratoire :

– un plan de travail étanche, facilement lavable et « résistant et à toute forme de corrosion » (« et, précise Axe Environnement, résistant aux UV », ce qui est intéressant si on le laisse à l'air libre). Il est en PEHD, polyéthylène haute densité ;

– un poste d'eau avec un évier pratique à nettoyer (il est rond).

Adaptée à la mobilité

De plus, elle possède des particularités. D'abord, elle est déplaçable afin de pouvoir être utilisée sur l'aire de remplissage du pulvérisateur, puis rangée à l'abri. Pour cela, elle utilise le principe de... la brouette : roues d'un côté (deux et gonflables), vrai pied de l'autre.

Ensuite, comme étant déplaçable, elle n'est bornée a priori par aucun mur, le plan de travail est entouré d'un rebord de 10 cm sur trois côtés.

Comme elle doit se brancher sur une arrivée d'eau puis se débrancher commodément, elle est munie d'une « connexion eau avec raccords rapides ».

Pour pouvoir gérer les liquides, poudres et granulés risquant de tomber dans l'évier ou sur le plan de travail lors de la préparation, ainsi que l'eau utilisée pour les lavages (lesquels ? on va en parler), le plan de travail est sur rétention et il y a une « vanne d'évacuation pour diriger [ces déchets] vers un procédé de traitement des effluents ».

Le meuble comprend un espace de rangement sécurisé (par exemple pour la balance et les pots doseurs visibles sur la photo, et que la société peut vendre par ailleurs à des professionnels qui voudraient s'en équiper).

Munie de deux équipements « spécial phytos »

Enfin, lui sont adjoints deux équipements spécialement dédiés aux produits phytos :

– un rince-bidon rotatif pour le rinçage final de l'intérieur du bidon (après le premier rinçage dont les eaux auront été versées dans le pulvérisateur proprement dit, voir Encadré 2) ;

– un égouttoir à bidons incorporé, mais en option ; ainsi pas une goutte ne partira ailleurs que dans la rétention puis vers le procédé de traitement des effluents.

Incorporation produits liquides, appareil en test

Transfert à l'allemande du bidon au pulvérisateur

Un autre équipement est en cours de test en France. Nommé easyFlow, il a été développé conjointement par Bayer CropScience et Agrotop, société allemande fabricant par ailleurs des buses (dont certaines officiellement reconnues en France pour réduire la dérive). C'est un système de transfert de produits liquides depuis le bidon jusque dans le pulvérisateur. Le produit passe d'un récipient à l'autre sans contact avec l'utilisateur. L'appareillage comprend deux pièces :

– on visse la première sur le bidon (quelle que soit sa contenance) après avoir enlevé le bouchon mais sans avoir touché à l'opercule éventuel. On peut ensuite retourner le bidon, le tout reste bouché et hermétique tant qu'on ne l'a pas raccordé à la seconde pièce.

– celle-ci aura préalablement été fixée sur l'orifice de la cuve.

Manipulation simple

On raccorde les deux parties, et il suffit ensuite d'une manipulation simple (manette incorporée) pour ouvrir les vannes et repousser l'éventuel opercule. Le bidon se vide sans aucune perte à l'extérieur ; on peut interrompre le transvasement à tout moment et de façon précise.

Une fois transféré le contenu du bidon ou la portion choisie, on peut :

– si le bidon est vide, effectuer de suite le premier rinçage avant de le dévisser ;

– s'il contient encore du produit, le refermer sans le dévisser et rincer la partie située sous la fermeture.

Ensuite, on débranche...

Pour mieux comprendre, deux vidéos sont en ligne (voir « Pour en savoir plus » ci-dessous). L'appareil est lancé en Allemagne en 2014. Et en France ? Il devrait l'être en 2015, en attendant il sera en test. Bayer l'a présenté en février dernier à ses distributeurs. Les tests vont être réalisés chez des prescripteurs, des distributeurs et des fabricants de pulvérisateurs.

1 - Évolution des emballages, ça continue

Place aux sacs. Il y a du neuf du côté des emballages. Cela vient de Cerexagri-UPL, qui vend beaucoup de produits sous forme de granulés dispersibles (WG) conditionnés en sacs. Jusqu'ici, ces derniers étaient en papier doublés de films plastique donc non recyclables (voir p. 48-50). En cas d'humidité, le film protégeait les produits mais la partie externe pouvait être altérée, ce qui fragilisait mécaniquement l'ensemble.

UPL a mis au point une gamme nommée Opti Guard Pack de sacs souples 100 % PE (polyéthylène), 100 % étanches à l'eau et à l'air. La qualité des produits qu'ils contiennent est garantie trois ans au lieu de deux ans pour les sacs papier.

Ils pourront être collectés par Adivalor avec les bidons en plastique pour recyclage. Ils ne sont pas rinçables ? Certes, mais ils contiennent des produits solides, leur matière est lisse et ils sont thermosoudés sans coins cachés. Il n'y a donc pas d'accrochage de produit sur les parois.

Par ailleurs, leur poids total est nettement diminué pour une solidité égale voire supérieure. Ils sont préimprimés dans la masse avec un message antirésistance... Pas la bonne, celle du sac aux agressions physiques ! Mais la mauvaise, la résistance des bioagresseurs aux produits phytos.

Pour les bidons en plastique, rappelons que l'amélioration (formes optimisées, bidon hermétique sans opercule, etc.) est de l'histoire ancienne. Syngenta a lancé en 2008 sa gamme S-pack. BASF a embrayé fin 2010 avec sa gamme Ecopack, Makhteshim Agan France (on dira bientôt Adama) a suivi fin 2011 avec sa gamme SLC et Bayer a enchaîné en 2013 avec sa gamme Smartline.

2 - Rinçage des bidons, le premier doit remplir le pulvérisateur

Le rince-bidon incorporé à la paillasse présentée dans cet article ne doit servir qu'au rinçage de finition. Pour tous les bidons en plastique il faut, une fois l'emballage vidé, réaliser un rinçage interne puis incorporer dans le pulvérisateur l'eau chargée en reliquat de produit : on complète ainsi la dose à appliquer sur la parcelle, sans gaspillage. Il y a trois techniques pour cela, selon l'équipement dont on dispose :

– Soit l'incorporateur du pulvérisateur possède un rince-bidon incorporé(1) ; dans ce cas, ne pas oublier de s'en servir ; l'eau récupérée ira forcément dans le pulvérisateur.

– Soit on a un rince-bidon portatif type Lav'Box ou Rinçotop ; dans ce cas on l'utilise et on verse l'eau de rinçage dans la cuve, directement ou via le bac d'incorporation si on en a un.

– Soit on n'a rien de cela ; on remplit alors le bidon au tiers à partir de l'arrivée d'eau (celle du robinet de la paillasse si on l'a achetée), on le rebouche, on le secoue pour que l'eau rince l'ensemble des parois et pas seulement celle sur laquelle l'eau va ruisseler ensuite, on débouche, et on verse dans la cuve.

(1) Ou on a pu se procurer un easyFlow... Mais en 2014, il est expérimental ! Voir le reste de l'article.

RÉSUMÉ

CONTEXTE - Des matériels existent pour faciliter les bonnes pratiques phytos. Deux d'entre eux sont nouveaux.

NOUVEAUTÉS - Le premier est la paillasse de préparation des traitements phytosanitaires proposée par Axe Environnement.

Le second est en cours de test en France cette année. Nommé easyFlow, il a été mis au point conjointement par Bayer et Agrotop. C'est un système de transfert des produits liquides du bidon au pulvérisateur sans contact entre le produit et l'utilisateur.

EN ANNEXE - Par ailleurs, les emballages continuent à faire des progrès pour améliorer la sécurité des agriculteurs.

Après les innovations sur les bidons de différentes sociétés (voir nos précédents dossiers), une nouvelle gamme de sacs pour produits formulés en WG vient d'être lancée par Cerexagri.

MOTS-CLÉS - Bonnes pratiques phytosanitaires, préparation des traitements, paillasse, easyFlow, emballages.

POUR EN SAVOIR PLUS

AUTEUR : *M. DECOIN, Phytoma.

CONTACT : m.decoin@gfa.fr

LIEN UTILE : http://www.agrotop.com/en/spraytechnology/news/news-single/easyflow/98ab7fcf94ac8b2cea8d1ab9f67cc9a7/ (pour visualiser easyFlow).

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