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dossier - Bonnes pratiques phytos

Station phyto collective : porte ouverte sur une réalisation

BRUNO DE LA ROCQUE* - Phytoma - n°673 - avril 2014 - page 38

Après avoir parlé du cadre réglementaire des bonnes pratiques phytos et d'outils à leur service, place à la présentation de réalisations. Ici, l'exemple d'une station collective.
1. Inauguration de la station Decouzon. Sous le toit qui empêche la pluie de gonfler le volume d'effluents, les visiteurs écoutent François Demarque, d'Axe Environnement, entreprise réalisatrice de la station.      À l'arrière-plan, le local sanitaire (lavabo, douche) accessible aux utilisateurs. Au sol, le regard mène aux cuves de stockage. Photo : B. de La Rocque

1. Inauguration de la station Decouzon. Sous le toit qui empêche la pluie de gonfler le volume d'effluents, les visiteurs écoutent François Demarque, d'Axe Environnement, entreprise réalisatrice de la station. À l'arrière-plan, le local sanitaire (lavabo, douche) accessible aux utilisateurs. Au sol, le regard mène aux cuves de stockage. Photo : B. de La Rocque

2. Le tableau de commande pour l'usager. Il fonctionne avec carte magnétique et programmation digitale, nul ne peut tirer de l'eau sans cela. Il comptabilise l'eau dépensée. Photo : B. de La Rocque

2. Le tableau de commande pour l'usager. Il fonctionne avec carte magnétique et programmation digitale, nul ne peut tirer de l'eau sans cela. Il comptabilise l'eau dépensée. Photo : B. de La Rocque

3. Sécurité maximale : une des trois caméras de surveillance placées dans la superstructure. Photo : B. de La Rocque

3. Sécurité maximale : une des trois caméras de surveillance placées dans la superstructure. Photo : B. de La Rocque

4. Dispositif Evapophyt. C'est ce procédé de déshydratation en milieu fermé (air filtré à la sortie) qui traite les effluents phytos. Photo : B. de La Rocque

4. Dispositif Evapophyt. C'est ce procédé de déshydratation en milieu fermé (air filtré à la sortie) qui traite les effluents phytos. Photo : B. de La Rocque

Le jeudi 23 janvier dernier, sous une pluie fine et pénétrante propulsée par un vent aigrelet de noroît, une cinquantaine de personnes (photo 1) étaient réunies dans les hauts de Gironde, à cheval sur les vignobles des Côtes de Bourg et ceux de Blaye – Côtes de Bordeaux. C'était à Teuillac, chez M. Daniel Decouzon (SARL), entrepreneur de travaux agricoles, où avait lieu l'inauguration d'une station collective de remplissage et lavage de pulvérisateurs.

Plus de quatre ans de slalom

Les guichets, le climat, la loi...

Cette journée est l'aboutissement d'un impressionnant slalom qui a duré quatre ans et demi, entre guichets porteurs de subventions à des projets innovants et salutaires à l'environnement (Europe : Feder ; Région Aquitaine, Agence de l'eau Adour-Aquitaine...) et aléas climatiques, mais aussi modifications de la réglementation.

En effet, c'est pendant le montage du projet qu'a été gravée dans le marbre l'exigence pour ces stations de classement ICPE(1) 2 795 selon l'arrêté du 31 mai 2012 publié le 23 juin au Journal officiel... Forcément, cela a modifié certains équipements prévus et compliqué les procédures administratives. Le permis de construire a finalement été délivré en octobre 2012.

Une vingtaine de viticulteurs sont partants

À l'issue de ce parcours, l'entreprise Decouzon a pu inaugurer sa station collective. Coût total hors taxes : 260 000 euros. La station, dans cette configuration, intéresse une vingtaine de viticulteurs ayant signé un contrat de partenariat. Elle pourra en accueillir davantage : elle peut absorber 18 000 litres (18 m3) d'effluents divers pour une centaine d'attelages. C'est un libre-service automatisé, accessible à un utilisateur à la fois par badge électronique (photo 2), sécurisé par vidéo (photo 3).

Équipements proposés

Pour le lavage des machines « autres que phytos »

Les machines à vendanger disposent de leur propre poste de lavage. Il y a récupération des matières solides et leur compostage, et épandage du lixiviat.

Les autres machines partagent le second poste mais, à partir du regard placé dans le sol (visible photo 1), il y a deux circuits possibles. Quand l'utilisateur déclenche l'arrivée d'eau avec son badge, il précise s'il va nettoyer un pulvérisateur ou un autre matériel. Selon le cas, l'électrovanne dirige les effluents vers l'un ou l'autre circuit.

Pour des lavages ne créant pas d'effluents phytosanitaires (désherbage mécanique, épamprage mécanique, etc.), les électrovannes dirigent les eaux de lavage chargées vers un déshuileur (séparation des résidus d'hydrocarbures) et un dégrilleur-décanteur.

Pour les pulvérisateurs

En revanche, pour les pulvérisateurs, les effluents sont dirigés vers une cuve intermédiaire de stockage de 5 000 litres (5 m3), à double paroi comme il se doit. Puis l'effluent est traité par le procédé Evapophyt de la société Résolution (photo 4).

Pour le traitement, chaque viticulteur utilise (et paye) la quantité d'eau qu'il souhaite. Un lavage normal de pulvérisateur mobilise entre 150 et 180 litres d'eau et génère 150 à 200 litres d'effluents : les appareils arrivent cuves vides à la station et il ne reste qu'un éventuel volume mort.

Parlons argent...

Pour les usagers, il devrait en coûter un abonnement annuel de 125 euros plus 10 euros par mètre cube d'eau utilisé pour le remplissage des appareils et de 250 euros par mètre cube d'eau de lavage chargée d'effluents phytos générés (tarifs hors taxe réajustables en 2015 après bilan de la saison 2014). Soit un coût de 50 euros environ par lavage d'appareil sur la base de 200 litres d'effluents générés.

La réalisation

Le projet a été réalisé par la société auboise Axe Environnement qui a une bonne expérience dans le lavage d'engins agricoles. Mais, jusqu'ici, elle avait travaillé sur des stations individuelles ou de petites stations collectives avec des procédés de traitements adaptés (Osmofilm en particulier).

Elle franchit là un pas important en passant à un système collectif mettant en jeu une mutualisation des moyens, des coûts (du moins une belle économie d'échelle) et du respect de l'environnement, et en se pliant à la réglementation du classement ICPE, désormais sans secret pour elle.

<p>(1) ICPE = installation classée pour la protection de l'environnement.</p>

1 - Cette station collective n'est pas un cas isolé !

L'inauguration de cette station collective, avec invitation à la presse, est une occasion d'illustrer une réalité de plus en plus répandue.

Malgré le coup de frein que la réglementation a donné aux projets en cours, certains ont abouti et les « anciennes » stations (ex. : celle d'Avize, voir Phytoma n° 614, avril 2008) continuent de tourner. Ainsi, en p. 28 à 37, ont été évoquées : une station en Languedoc-Roussillon (Aude) équipée d'un Carola Epumobil, celle d'une coopérative à Tain-l'Hermitage (Drôme) avec un Phytopur, la station de Fleurie (Rhône) et son Aderbio STBR2, celle de Puligny-Montrachet (Côte-d'Or) avec ses cinq Phytobacs Hermex Evolution et la station des Deux-Sèvres avec sa batterie de huit Osmobacs à Osmofilm... Quant à la station de Brissac (Maine-et-Loire), citée l'an dernier comme initiée par la CAPL et équipée d'un BF Bulles par Vitaconsult, elle a tourné en 2013 avec classement ICPE, comme les stations de Sancerre (Cher) et Pouilly-sur-Loire (Nièvre) avec leurs Vitimax.

Enfin, l'AERMC (Agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse) a, en 2013, aidé à la création de 51 stations collectives pour 1 365 agriculteurs et de 1 088 aires de lavage-remplissage individuelles, soit 2 453 agriculteurs concernés.

Elles s'ajoutent aux 22 aires collectives pour 493 agriculteurs et 526 aires individuelles (1 019 agriculteurs servis) aidées en 2012, à la dizaine d'aires collectives et 350 individuelles aidées en 2011, et aux 60 aires en tout aidées en 2010.

RÉSUMÉ

CONTEXTE - La société Decouzon a inauguré en janvier 2014 sa station collective de remplissage et lavage d'engins agricoles, dont des pulvérisateurs, dans le Bordelais. Une vingtaine de viticulteurs sont déjà partants pour en être utilisateurs. C'est l'occasion de présenter ce type de station.

PRÉSENTATION - Réalisée par la société Axe Environnement, cette station permet à la fois de remplir et de laver les pulvérisateurs (fonction de station phyto) et de laver d'autres engins agricoles.

Concernant les pulvérisateurs, cette station classée ICPE est organisée pour permettre de séparer les effluents phytos des autres effluents sans problèmes techniques ni risque de fraude (l'article précise les moyens déployés). Le traitement de ces effluents phytos est assuré par un Evapophyt de la société Résolution.

ET AILLEURS - Cette station n'est pas un cas isolé, quelques indications et exemples d'autres stations collectives sont évoqués en marge de ce reportage.MOTS-CLÉS - Bonnes pratiques phytosanitaires, station phyto, station collective, remplissage et lavage des pulvérisateurs, SARL Decouzon, Axe Environnement, Résolution, Evapophyt, effluents phytos.

POUR EN SAVOIR PLUS

AUTEUR : *B. DE LA ROCQUE, Phytoma.

CONTACT : bruno.de-la-rocque@wanadoo.fr

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