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Sur le métier

Gérald Guédon traque les organismes nuisibles

PAR CHANTAL URVOY - Phytoma - n°673 - avril 2014 - page 56

Depuis le transfert de certaines missions techniques des ex-SRPV aux Fredon, Gérald Guédon, à la tête de la Fredon Pays de la Loire, a vu son champ d'action s'élargir. Reconnue nationalement pour ses analyses de résidus de pesticides, son équipe est avant tout sur le terrain. Missions ? Surveiller et lutter contre les organismes nuisibles, établir les BSV, conseiller les collectivités, former ou encore réaliser des essais.
 Photo : C. Urvoy

Photo : C. Urvoy

Lorsqu'en 2002 l'État demande aux Fredon(1), jusqu'alors très liées aux SRPV(2), de se doter d'une direction plus visible, Gérald Guédon accède à celle de la Fredon Pays de la Loire. Un parcours logique pour celui qui était directeur de la FDGdon(3) de Vendée depuis 1989 et qui animait le réseau national des Fredon pendant quinze ans. Si les Fredon sont des syndicats professionnels avec une gouvernance assurée par un conseil d'administration, donc des structures de droit privé, une partie de leurs missions est cependant inscrite dans le code rural. En 2009, en intégrant les Services régionaux de l'alimentation, les SRPV vivent une nouvelle étape de recentrage vers leurs seules missions régaliennes et poursuivent le transfert d'une partie de leurs missions techniques aux Fredon.

Observer, diagnostiquer, tester

Gérald Guédon voit son budget et le nombre de salariés augmenter pour assurer ses nouvelles activités, à commencer par l'épidémiosurveillance. Objectif : établir le fameux Bulletin de santé du végétal (BSV), qui alerte sur les évolutions de cette santé mais sans conseiller de traitement. Arboriculture et cultures ornementales sont au menu de la Fredon Pays de la Loire, la filière ZNA étant animée par la FDGdon de Mayenne. Autre mission : la reconnaissance des organismes nuisibles via des diagnostics terrain et laboratoire. « Cette expertise est indispensable, car de plus en plus demandée par les professionnels mais également les particuliers. » Troisième activité qui lui était déjà déléguée en grande partie : l'expérimentation dans le cadre des programmes officiels de l'État concernant les usages mineurs. « Désormais, l'État va passer des appels d'offres. Pour y répondre, nous travaillerons dans le cadre de notre réseau, plusieurs Fredon étant spécialistes du sujet. » Agréée BPE depuis 2011, la Fredon réalise également des essais pour les firmes phytosanitaires.

Inspecter

L'activité ex-SRPV la plus importante est l'inspection des végétaux et produits végétaux chez les producteurs et les revendeurs. Pour circuler sur le territoire français, européen ou vers des pays tiers, ils doivent être indemnes de certains organismes nuisibles réglementés. « Nous en détectons plusieurs dizaines chaque année, donc notre travail n'est pas vain. C'est une garantie pour les professionnels, même si ces inspections ne sont pas toujours bien acceptées. »

Conseiller et former

Le champ d'action de la Fredon ne s'arrête pas là. En s'appuyant sur ses adhérents FDGdon, elle dispose également d'une activité espaces verts pour réduire l'usage des produits phytosanitaires en collectivités. Elle s'implique aussi dans la formation pour la certification des agriculteurs, des collectivités et bientôt des utilisateurs de biocides, en partenariat avec les CFPPA de la région, mais propose également ses propres formations.

Analyser, rechercher

Mais l'activité qui mobilise le plus de personnes (vingt), et pour laquelle la Fredon est reconnue au niveau national, voire au-delà, c'est son laboratoire Girpa(4). Sa vocation ? Développer des méthodes de dosage des résidus de pesticides et les appliquer dans le cadre de dossiers d'homologation et de contrôle de la qualité des aliments et de l'environnement. Les clients ? L'État, et des firmes phytosanitaires, instituts techniques, organisations professionnelles agricoles, industries agroalimentaires... « Mais là aussi, la concurrence est rude. Il faut alors s'adapter en permanence, afin de proposer des délais de réponse plus courts, tout en conservant la qualité de nos prestations. »

La Fredon Pays de la Loire est également partie prenante dans des programmes de recherche appliquée, notamment dans le cadre du pôle de compétitivité Vegepolys.

Prévenir, surveiller, lutter

Au final, depuis son arrivée en 2002, la mission de Gérald Guédon a bien évolué. « La technique disparaît peu à peu au profit du management, souligne notre directeur.

La mise en place de programmes de prévention, surveillance et lutte contre les organismes nuisibles me permet cependant de garder encore un pied dedans. » En effet, depuis cinq ans, la Fredon travaille notamment avec l'Agence régionale de la santé (ARS) sur plusieurs problématiques de santé publique : ambroisie à feuilles d'armoise et chenilles urticantes au départ, puis stramoine, berce du Caucase, moustique tigre et rongeurs aquatiques dans les lieux de baignade publique depuis 2013. « Nous sommes les premiers en France à conclure un tel partenariat. Notre rôle est de détecter les foyers et de les maîtriser. Grâce à la longue expérience des FDGdon de la région et de leur réseau de 10 000 bénévoles, nous pouvons en effet rapidement mettre en place de nouvelles actions dès qu'apparaît un organisme nuisible. »

Devenir OVS

L'avenir pour la Fredon ? Développer l'activité du laboratoire et les formations, mais aussi de nouveaux produits pour aider les collectivités à se passer de pesticides. « C'est aussi, et surtout, réussir le virage de la nouvelle gouvernance sanitaire voulue par l'État en étant reconnue organisme à vocation sanitaire (OVS), ce qui est fait depuis l'arrêté ministériel du 31 mars 2014 », conclut Gérald Guédon. Il y voit la reconnaissance des compétences exercées depuis des années par la Fredon. « On ne parlera alors plus d'organismes nuisibles, mais de dangers sanitaires. »

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BIO EXPRESS

GÉRALD GUÉDON

1984. Ingénieur agricole de l'ESA de Purpan à Toulouse (Haute-Garonne).

1992. Doctorat en physiologie et biologie des organismes et des populations à Montpellier (Hérault).

1985-1989. Ingénieur technique à l'Acta Montpellier et animateur national du réseau des Fredon.

1989-2002. Directeur de la FDGdon de Vendée (mi-temps).

1999-2002. Chargé de mission pour la section porcine du GDS de Vendée (mi-temps).

Depuis 2002. Directeur de la Fredon Pays de la Loire.

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