Retour

imprimer l'article Imprimer

DOSSIER - Bonnes pratiques

Outils des bonnes pratiques : place aux « immatériels »

MARIANNE DECOIN* - Phytoma - n°683 - avril 2015 - page 37

Une bonne partie des instruments des bonnes pratiques phyto sont virtuels, c'est-à-dire accessibles sur écran, ou bien « en deux dimensions », sous forme de document papier. En complément des matériels, ils se montrent tout aussi utiles.
Détail du dépliant MSA sur les ÉPI (équipements de protection individuelle), téléchargeable sur le net et disponible sur papier. Il s'agit d'un document aidant à bien choisir ses ÉPI selon les circonstances. Ce choix est une bonne pratique phyto... mais aussi de travail dans le chai, d'hygiène d'élevage, etc.

Détail du dépliant MSA sur les ÉPI (équipements de protection individuelle), téléchargeable sur le net et disponible sur papier. Il s'agit d'un document aidant à bien choisir ses ÉPI selon les circonstances. Ce choix est une bonne pratique phyto... mais aussi de travail dans le chai, d'hygiène d'élevage, etc.

 Détail de l'autocollant de l'UIPP « Dix gestes responsables... ». Il est devenu un « classique » de la sensibilisation aux bonnes pratiques.

Détail de l'autocollant de l'UIPP « Dix gestes responsables... ». Il est devenu un « classique » de la sensibilisation aux bonnes pratiques.

Après les objets matériels évoqués dans les pages précédentes, voyons d'autres instruments des bonnes pratiques phyto. Ce sont des outils d'information, de sensibilisation, d'aide à la réflexion ou à la décision - dans ce cas, ils sont appelés OAD.

Sous forme numérique ou imprimée, voici un aperçu des différentes solutions qui s'offrent aux agriculteurs pour se documenter.

Information et sensibilisation

Du net et du papier

Les outils d'information et de sensibilisation ne dispensent pas de conseils personnalisés mais sont néanmoins utiles. Des agriculteurs se plaignent de manquer d'informations. Pourtant, celles-ci existent.

Certaines sont tout bonnement disponibles sur papier. Ainsi, le dossier que vous avez sous les yeux se veut un outil des bonnes pratiques. Mais il n'est pas le seul !

Et puis, il y a les documentations consultables sur ordinateur et, de plus en plus, en « mobilité » depuis le développement des tablettes. Les écrans de ces dernières permettent une lecture moins fragmentaire donc plus efficace que ceux des smartphones.

Les antisèches résistent à l'eau

Cependant, certains « outils papier » se défendent de toutes leurs deux dimensions. Ainsi, si BASF Agro vient de sortir la version 2015 de ses « Antisèches phyto », c'est que la demande du terrain existe.

Le petit format de ce carnet lui permet de tenir plié dans la poche ou la boîte à gants. Ouvert, sa surface de lecture (18 × 18 cm) est comparable à celle d'une tablette, avec quasiment la même rigidité. Mais il supporte les chutes, la pluie, les éclaboussures(1) et l'absence de réseau, et n'a jamais besoin d'être rechargé... Cette rusticité fait perdurer son succès auprès des conseillers de terrain - sachant que la qualité et la fiabilité du contenu sont sans reproche. L'édition 2015 est la sixième depuis 2005.

Elle comprend 254 pages, soit 54 fiches thématiques réparties en six rubriques :

- réglementation (actualisée en octobre 2014, donc intégrant la loi d'avenir agricole) ;

- organismes et sites web utiles ;

- environnement ;

- protection de l'utilisateur ;

- sécurité du consommateur ;

- qualification et certification.

Les dépliants de la MSA

D'autres documents utiles sont disponibles à la fois sur papier et sur le net. C'est le cas de deux dépliants édités par la MSA. « Gants, combinaison, masque... comment choisir ? » (voir p. 37) porte sur le choix des ÉPI, équipements de protection individuelle. Il a été réédité en février dernier.

Le second, créé l'an dernier, s'intitule : « Pour votre santé : lire et comprendre les nouvelles étiquettes ».Tous deux partagent une particularité : ils ne concernent pas seulement les actions liées aux produits phyto mais toute une gamme d'activités.

Pour le dépliant sur les étiquettes, c'est sous-entendu. Pour celui sur les ÉPI, c'est clair : les exemples d'utilisation donnés vont des interventions en cuve vinicole à la désinfection des bâtiments d'élevage, en passant par les opérations dans une préfosse à lisier ou sur fumier, les travaux de graissage mécanique - et, bien sûr, la préparation et l'application des traitements phyto, la manipulation de semences traitées, le travail sur végétaux traités, le nettoyage du matériel, etc.

Ces dépliants sont disponibles en version papier dans les caisses locales de MSA et en version web sur le site documentaire SSA (santé et sécurité en agriculture) de la MSA.

L'INRS pour (bien) aller se rhabiller

Rappelons aussi les conseils donnés par l'INRS pour la bonne utilisation des ÉPI, évoqués dans l'article p. 22 à 28. Ils sont eux aussi en accès libre sur le net.

Conseils et fiches pratiques sur les sites internet des fabricants

Autres outils généralistes mais 100 % virtuels, les sites de différentes sociétés. Qu'il s'agisse de BASF, Bayer ou Syngenta, chacune propose ses conseils de bonnes pratiques en accès libre sur son site.

Nous les avons déjà évoqués dans de précédents dossiers. Phytoprogress de Bayer, lancé en 2011, réactualise régulièrement ses rubriques, notamment sur la réglementation. Il en est de même de la rubrique « Réglementation et bonnes pratiques phytosanitaires » sur le site de BASF. Ou encore de la rubrique « Bonnes pratiques agricoles » sur celui de Syngenta Agro.

D'autres sociétés préfèrent contribuer à la diffusion d'outils existant déjà, comme Philagro qui donne accès aux fiches du Guide des bonnes pratiques phytosanitaires de l'UIPP, Union des industries de la protection des plantes.

UIPP et sécurité des utilisateurs

À ce propos, l'UIPP vient d'éditer un dépliant intitulé « Les pratiques responsables pour traiter en toute sécurité ». Ce document résulte de la refonte du poster « Mieux traiter en toute sécurité ». Réalisé dans le cadre de Phytomieux, il avait été diffusé à plus de 100 000 exemplaires (joli succès), mais avait besoin d'une remise à jour.

L'autocollant « Dix gestes responsables », lui aussi de l'UIPP, reste un classique.

Toujours édités par l'UIPP, deux guides des bonnes pratiques pour la viticulture intitulés « Sécurité des applicateurs » et « Sécurité des travailleurs » (sous-entendu : autres que les applicateurs), sont issus des travaux du projet Safe Use Initiative. Ils se basent sur quatre années d'enquête et d'expérimentations sur le terrain en Gironde entre 2010 et 2014, avec 45 exploitations ayant participé au projet.

La brochure Topps Prowadis et la gestion de la pollution

L'UIPP est également à l'origine d'un outil spécialisé sur un thème, celui de la prévention des pollutions de l'eau dites diffuses.

Cette brochure papier de 84 pages est issue des travaux du projet européen Topps-Prowadis mené de 2011 à 2014, avec notamment les instituts techniques français Arvalis et Irstea. Elle donne des conseils utiles sur la gestion de l'espace en bassins versants, par exemple, pour freiner la pollution liée au ruissellement et à l'érosion.

Diagnostic, aide à la décision, traçabilité...

Des services interactifs

D'autres outils ne sont pas seulement à consulter, mais délivrent un conseil de bonnes pratiques personnalisé.

Pour cela, l'agriculteur doit fournir des informations sur sa propre situation, il s'agit donc d'outils interactifs.

On est là dans le domaine du virtuel, qu'il soit utilisé totalement comme tel - l'agriculteur se connecte à un site et interagit directement - ou comme support d'interaction entre plusieurs personnes - l'agriculteur et un prescripteur, ou un groupe de collègues, avec ou sans conseiller. Cela va du diagnostic général d'exploitation au conseil pour un traitement en particulier.

Concept et Boitagri, deux sites tout nouveaux, ont chacun droit à un article de présentation (voir p. 41 et p. 44).

PhytoDiag et la pulvérisation

De nouveaux thèmes sont proposés dans les outils déjà connus.

Ainsi, le site PhytoDiag, de Bayer, s'est enrichi d'une thématique sur la pulvérisation elle-même, en collaboration avec le constructeur Berthoud. Il est possible de diagnostiquer :

- l'efficacité de sa pulvérisation ;

- l'entretien et le réglage de son pulvérisateur ;

- la sécurité pour l'environnement induite ;

- la sécurité pour l'applicateur qui en découle.

Ce sujet s'ajoute à ceux du stockage des produits, de la sécurité des utilisateurs en général et de la protection des pollinisateurs, ainsi que celui des pollutions ponctuelles de l'eau (celles liées à des débordements, vidanges sauvages, etc.).

Phytobac Online : le choix du dimensionnement adapté

Bien sûr, Bayer abordait déjà la gestion des effluents phyto par le biais de Phytobac Online - une méthode de diagnostic lié à son procédé, le Phytobac.

La société estime que cette interface a permis, depuis son lancement en 2013, d'initier 925 nouveaux projets d'installation de ces dispositifs agréés. Ceci après que l'outil a permis le diagnostic des besoins, donc le choix du dimensionnement adapté. Le site vient de faire peau neuve.

Volet ÉPI chez Touch & Diag

Autre site de diagnostic à volets multiples, l'application Touch & Diag, d'Axe Environnement, s'est enrichie d'un nouveau volet. Il s'agit du diagnostic des ÉPI : calcul des besoins en fonction des surfaces, de l'assolement et du matériel (voir exemple en encadré). Il est possible d'établir un devis global et un prix à l'hectare. Cela donne une idée du coût réel de la protection individuelle.

Rappelons que ce service utilisable « en mobilité » (sur tablette tactile) est disponible sur abonnement payant et plutôt destiné à être manipulé par des distributeurs : une partie est en accès libre, mais pas celle des diagnostics personnalisés.

Deux ans après son lancement, Axe Environnement estime qu'il a permis de réaliser environ 950 diagnostics sur les trois volets lancés en 2013. Tous concernaient le siège d'exploitation : local phytosanitaire, aire de remplissage et de lavage du pulvérisateur, gestion des effluents. Sans compter déjà environ 70 diagnostics ÉPI depuis leur lancement en décembre 2014.

Keyfield, système connecté

Nouveau, le même Axe Environnement lance un service baptisé « Keyfield », traduction anglaise de « clé des champs » (marque déposée par ailleurs dans le monde agricole). Il s'agit d'un outil de traçabilité des opérations phyto.

Le pack se compose de quatre boîtiers et de marqueurs RFID. Le premier boîtier est à placer dans le local de stockage des produits phyto, le second sur le pulvérisateur, le troisième à proximité de la « poubelle EVPP », (autrement dit la sache Adivalor destinée à stocker les emballages vides de produits phyto en attendant leur prochaine collecte) et le quatrième, nommé Farmbox est destiné à centraliser les données.

L'agriculteur installe une puce RFID sur chaque bidon de produit phyto à la livraison. Cette unique manipulation le dispensera ensuite de plusieurs saisies d'informations.

En effet, le système piste à tout moment l'état des stocks, enregistre toute sortie de produits et la parcelle où il est appliqué, puis la mise en sache du bidon vide.

La gestion des stocks et la traçabilité des applications (« cahier de culture ») sont assurées automatiquement. Pratique !

Le service Évidence devient mobile

D'autres outils se rapprochent du pulvérisateur. Ainsi le service Évidence, de BASF, dont la partie diagnostic était accessible via un ordinateur, est désormais « multisupport » : ordinateur fixe ou portable, tablette, smartphone (et multi-OS : IOS-Apple, Android, Windows phone).

Le diagnostic de pulvérisation peut donc être saisi par le technicien au bout du rang de vigne, dès que la « manip de terrain » est réalisée avec la visualisation de la qualité de répartition de la bouillie.

Cela « facilite le travail des conseillers culture et simplifie le partage des informations entre le technicien, le viticulteur et le distributeur », explique un communiqué de la société annonçant cette évolution le 3 avril dernier.

L'application Desherb-Top met fin aux erreurs de dosage

Desherb-Top, de la chambre d'agriculture du Gard, est spécialisé. C'est une application pour smartphone et tablette sur le désherbage localisé, destinée au départ aux viticulteurs et adaptable à l'arboriculture.

L'agriculteur identifie chaque parcelle (écartement du rang et largeur à désherber). Ensuite, l'application permet de calculer par exemple le volume de bouillie nécessaire en fonction des autres paramètres, et la dose par hectare à appliquer, en tout cas la fraction de la dose nécessaire si l'agriculteur traitait en plein.

Cette application « met fin aux erreurs de dosage » et évalue même l'économie réalisée, souligne la chambre d'agriculture pour qui cet outil est « une première en France ». Grâce à la participation de partenaires (MSA, Dow AgroSciences, Lechler), c'est gratuit.

Flaz@-Réglette vise la précision

Encore plus spécialisée, la « Flaz@-Réglette » de Belchim est destinée à raisonner le dosage des herbicides à base de flazasulfuron (Katana, Katana Duo et Chikara Duo) distribués par cette société.

Là encore, il s'agit d'assurer la précision du dosage en adaptant la dose à la largeur réellement désherbée. Cet OAD est aujourd'hui disponible sur ordinateur, et la version mobile ne saurait tarder.

(1) Toujours méfiante, la rédaction de Phytoma l'a testé. L'eau glisse sur la couverture. Si elle atteint directement des pages intérieures pendant une consultation, le temps de séchage est rapide, la lisibilité intacte (papier épais et glacé), et un éventuel et léger gondolage de ces pages donnera au carnet un aspect baroudeur très bien vu dans les tours de plaine.

1 - Calcul du besoin d'ÉPI : comment ça marche ?

En théorie, prenons une exploitation comprenant douze parcelles, à traiter chacune cinq fois dans l'année, la surface de chacune exigeant, pour chaque traitement, le contenu entier d'un pulvérisateur et un seul. L'agriculteur est donc censé effectuer 60 passages de pulvérisateur par campagne, précédés chacun d'une phase de préparation.

S'il traite avec une cabine, il n'aura besoin de protection respiratoire que pour la préparation de la bouillie, soit 60 fois dans l'année au maximum (probablement moins, tous les produits ne nécessitent pas de protection respiratoire). En estimant qu'une préparation dure 20 min environ, une cartouche de masque filtrant efficace 20 heures (soit 20 fois 60 min) sera utilisable pour 60 préparations (soit 60 fois 20 min). Le besoin sera donc d'une cartouche par an.

Dans la réalité, les différentes cultures d'un assolement n'ont pas besoin du même nombre de traitements. Toutes les parcelles n'ayant pas la même surface, les unes peuvent exiger plusieurs allers-retours du pulvérisateur. Dans d'autres cultures, il est possible de traiter plusieurs parcelles après une seule préparation. Et le volume de bouillie choisie compte également...

Bref, le calcul est compliqué à faire à la main ! D'où l'intérêt d'une application automatisée.

RÉSUMÉ

CONTEXTE - Certains outils des bonnes pratiques sont « immatériels » : information sur support papier ou numérique, outils interactifs disponibles via internet.

SENSIBILISATION - Parmi les outils d'information et de sensibilisation, certains allant jusqu'au conseil précis mais sans interactivité figurent :

- des brochures papier (ex. : Antisèches phyto de BASF Agro) ;

- des dépliants en version papier et sur le net (ex. : brochures de la MSA sur les nouvelles règles d'étiquetage et sur le choix des ÉPI).

- des rubriques de site web (conseils INRS, sites de différentes sociétés fabricantes de produits phyto, documents UIPP).

DIAGNOSTIC ET OAD - D'autres outils sont interactifs et peuvent donc être des outils de diagnostic et/ou des OAD (outils d'aide à la décision) personnalisés.

Outre Concept et Boitagri, présentés dans d'autres articles de ce dossier, sont signalés ici :

- des nouveautés chez Phytodiag et Phytobac Online (Bayer), Évidence (BASF) et Touch & Diag (Axe environnement) ;

- le lancement de Key Field (Axe Environnement), Desherb-Top (chambre d'agriculture du Gard) et Flaz@-Réglette (Belchim).

MOTS-CLÉS - Bonnes pratiques phytosanitaires, bonnes pratiques phyto, information, sensibilisation, diagnostic, OAD (outil d'aide à la décision), brochures, dépliants, site web, tablette, smartphone.

POUR EN SAVOIR PLUS

AUTEUR : *M. DECOIN, Phytoma.

CONTACT : m.decoin@gfa.fr

LIENS UTILES...

POUR COMMANDER LES DOCUMENTS PAPIER : Antisèches phyto BASF Agro : www.agro.basf.fr aller dans la rubrique « contact ».

Dépliants MSA « Gants, combinaison, masque... » : réf. 11099-02/2015/CCMSA et « Pour votre santé, lire et comprendre les nouvelles étiquettes » : réf. 11241/janvier 2014/Direction de la santé/CCMSA, voir sa caisse locale.

POUR CONSULTER SUR LE NET :

http://ssa.msa.fr

www.inrs.fr/actualites/serie-depliants-retrait-combinaison-gant.html

www.bayer-agri.fr

www.agro.basf.fr

www3.syngenta.com

www.philagro.fr

www.uipp.org

www.axe-environnement.eu

www.chambresagriculture.fr/fileadmin/user_upload/thematiques/Produire_durablement/Machinisme/Pub_desherb_top.pdf

www.belchim.fr

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :