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Interview

Marc Delattre et la coopération pour la protection des plantes

PROPOS RECUEILLIS PAR MARIANNE DECOIN - Phytoma - n°684 - mai 2015 - page 8

Rencontre avec le premier président de l'AFPP, Association française de protection des plantes, qui soit issu de la coopération agricole.
Le président de l'AFPP devant les ruches installées sur le terrain du siège de Dijon Céréales, la coopérative qui l'emploie.  Photo : D. Quintard - Dijon Céréales

Le président de l'AFPP devant les ruches installées sur le terrain du siège de Dijon Céréales, la coopérative qui l'emploie. Photo : D. Quintard - Dijon Céréales

Depuis le 19 mars dernier, l'AFPP a un nouveau président. C'était prévu : la présidence de cette Association française de protection des plantes tourne entre les trois collèges qui la composent et le tour du « 3e collège » était venu.

Pour la première fois, le président issu de ce collège ne vient pas de la fabrication de produits phytopharmaceutiques mais de la distribution de ces produits et d'autres outils de la santé végétale. Un tournant, mais en douceur.

Ouverture distribution

Phytoma - Marc Delattre, vous êtes le premier président de l'AFPP issu de la coopération, qu'est-ce que cela implique ?

Marc Delattre - Mon élection montre que l'AFPP est une association intéressante pour les professionnels de la distribution agricole. Les coopératives comme celle qui m'emploie, et aussi les négoces, peuvent s'impliquer dans cette association. Vu mon poste, je peux y contribuer.

De quelle façon ?

Le réseau InVivo, dont fait partie ma coopérative, a porté la candidature de Delphine Tailliez-Lefebvre au conseil d'administration. J'ai milité à l'intérieur de ce réseau pour qu'il s'implique dans l'AFPP et pousse les coopératives adhérentes à faire de même.

La distribution fait partie du monde du conseil, de la création et de la circulation du savoir sur la santé végétale. Pour nos services techniques, l'AFPP est précieuse. Ils peuvent lui apporter beaucoup, mais elle le leur rendra bien.

Pouvez-vous nous donner un exemple de ces bénéfices réciproques ?

Le travail sur les phénomènes de résistance. J'ai suivi directement le dossier mauvaises herbes. Je peux témoigner de la formidable synergie permise par les groupes de travail de l'AFPP entre les distributeurs de terrain, avec leur maillage du territoire, et les chercheurs publics et privés, avec leur compétence sur la compréhension des phénomènes de résistance et leurs moyens d'analyse.

Carrefour toujours

À part cela, vous n'allez pas révolutionner l'AFPP, dont vous étiez déjà administrateur...

Oui, depuis 2009. En 2011, j'avais pris la responsabilité du Columa, la commission en charge des problématiques liées aux mauvaises herbes. Et j'étais vice-président de l'AFPP depuis 2012.

Votre prédécesseur à la présidence, Serge Kreiter, est devenu vice-président. Est-ce un gage de continuité des orientations de l'AFPP ?

Tout à fait. Elle reste ce qu'elle est : une plate-forme ouverte d'échanges, de discussions et de diffusion d'informations, de connaissances et d'opinions qui donne la parole à toutes sans prendre parti pour l'une d'elles... Et qui est fière de son indépendance et de son « oecuménisme ». Une des raisons qui m'ont fait adhérer à l'AFPP, c'est cela ! Toutes les sensibilités y sont. C'est une association où il se passe des choses. Les commissions font un remarquable travail de fond et, comme au bureau, il s'y crée des échanges francs et loyaux et une envie de construire des choses ensemble. À propos de construire ensemble, je poursuis les actions lancées sous la présidence de Serge Kreiter.

Formation : enseignants en session

Quelles sont-elles ?

Par exemple, le lancement d'un module de formation continue pour les professeurs de lycée agricole, eux-mêmes dispensateurs de formation initiale. Cela fait longtemps que Serge et moi-même y travaillons.

Il évoquait en 2012 le besoin de formation continue de ces enseignants, et un projet...

C'est cela qui va aboutir. Nous nous sommes inspirés de l'Université du machinisme agricole de Michel Morel, de l'Aprodema. Un module de deux jours est proposé, l'été prochain dans le sud de la France, aux enseignants de zones de vigne/arboriculture.

Pour les professeurs de lycée de grandes cultures, nous prévoyons une session plus tard, à Dijon. Si cela fonctionne, nous pérenniserons le principe.

Y a-t-il d'autres formations continues ?

Oui, par exemple les « formations Certiphyto ». C'est bientôt le moment de renouveler les premiers Certiphyto octroyés dans la distribution, dans l'application en prestation de service et dans le conseil.

Il y a aussi les sessions « Méthodes alternatives ». Nous avons été les pionniers sur ce thème pour l'agriculture dite conventionnelle. Actuellement, les propositions en ce sens se multiplient autour de l'AFPP... Mais nous avons une légitimité de compétence ! Bien entendu, les thèmes classiques continuent à être proposés.

Conférences : le triennal organisé

D'autres actions, entre continuité et évolution ?

Pour l'organisation des conférences scientifiques - nous en avions envie depuis longtemps -, l'idée est d'instaurer un rythme régulier et prévisible pour toutes nos conférences internationales, comme c'est le cas pour les conférences triennales d'automne.

Les Ciraa/Cima/Columa, conférences ravageurs à Montpellier/maladies à Tours/mauvaises herbes à Dijon ?

Oui, je souhaite également proposer une alternance triennale pour les autres thèmes de conférence.

Ce qui veut dire techniques d'application, méthodes alternatives et zones non agricoles ?

Exactement.

Cela va accélérer leur rythme, il me semble.

Oui. Cela va aussi mieux coordonner les thèmes avec ceux des conférences d'automne. Nous voulons éviter le cannibalisme entre conférences. Cela doit également permettre de mieux coordonner et mettre en oeuvre leur organisation pratique.

L'AFPP devrait publier le calendrier en juin, si tout va bien... En tout cas, en 2015, j'y tiens !

Conférences encore

Et l'organisation de journées à thèmes ?

Cela va continuer. L'AFPP organise celle sur le nématode du pin le 22 octobre à Bordeaux en relation avec le ministère de l'Agriculture. Nous prévoyons aussi une journée réglementation à Paris.

En 2012, Serge Kreiter parlait d'internationalisation...

Je suis d'accord avec lui. Cela passe par l'invitation d'intervenants étrangers, la traduction simultanée systématique, le bilinguisme des programmes. Ces investissements, l'AFPP les engage. Il faut aussi assurer un standard de confort de vision et d'écoute.

C'est-à-dire ?

Privilégier des salles en amphithéâtre, afin d'éviter les problèmes de visibilité récemment rencontrés dans une salle « à plat », une sonorisation sans faille... Cela est déjà assuré pour les Ciraa, Cima et Columa, ce sera également le cas pour les autres. J'y tiens !

1 - Marc Delattre, les étapes de son parcours au service de l'agriculture

Doublement agronome, Marc Delattre est diplômé d'Agro Nancy puis d'ENH Versailles option protection des plantes, avant de partir « faire sa coopération » à Abidjan(1).

En 1979, il entre à l'Uncaa(2), qui deviendra InVivo. Il passe rapidement au SRPV(3) de Poitiers, puis il travaille de 1981 à 1990 dans la société DuPont.

C'est une union coopérative qu'il intègre alors. La structure prend rapidement le nom d'Union Dijon Céréales, puis ses composantes fusionnent dans la coopérative Dijon Céréales.

Marc Delattre y poursuit depuis lors sa carrière comme responsable du service technique ; il cumulera cette fonction avec celle de responsable qualité de 1997 à 2012.

Actuellement, il continue à superviser ce domaine tout en étant responsable du service technique, nommé Damier Vert, de la coopérative.

(1) À l'Orstom (Office de la recherche scientifique et technique de l'outre-mer), devenu depuis lors IRD (Institut de recherche pour le développement).

(2) Uncaa = Union nationale des coopératives agricoles d'approvisionnement.

(3) SRPV = Service régional de la protection des végétaux, actuellement intégré dans la Draaf, Direction régionale de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt.

2 - L'AFPP : fonctionnement et bureau

C'est en 1984 qu'est créée l'ANPP, Association nationale de protection des plantes, devenue en 2000 l'AFPP, Association française de protection des plantes(1). Son but est de favoriser les contacts pluridisciplinaires, les échanges et la communication autour de la santé végétale. Depuis 2014, elle est propriétaire du titre Phytoma.

Interprofessionnelle, l'association regroupe les trois branches professionnelles de la santé végétale.

1er collège : secteur public (administration, recherche, enseignement) ;

2e collège : profession agricole (agriculteurs, leurs groupements, instituts techniques, chambres d'agriculture) ;

3e collège : entreprises privées liées (production et distribution de produits de protection des plantes, de matériels, semences et autres produits et services liés, expérimentateurs, laboratoires et conseillers privés, etc.).

Le bureau, renouvelé le 19 mars, donne leur place aux trois collèges.

- Président : Marc Delattre (3e collège)

- Vice-présidents : Alice Baudet-Couteux (2e collège), Serge Kreiter (1er collège), Dominique Ambrosi (3e collège)

- Secrétaire général : Christophe Narboux (3e collège)

- Trésorier : Hervé Michi (3e collège)

- Membres : Bernard Ambolet (3e collège), Marc Délos (1er collège), Fabien Lagarde (2e collège), Patrice Marchand (2e collège), Laurent Thibault (1er collège).

(1) Voir « Pour en savoir plus » ci-dessous.

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RÉSUMÉ

CONTEXTE - Le 19 mars, l'AFPP a élu son premier président issu de la distribution agricole : Marc Delattre, responsable du service technique de Dijon Céréales.

COOPÉRATION - Marc Delattre veut ouvrir davantage l'AFPP aux représentants de cette distribution. Il agit au sein de sa structure et de son union coopérative pour que leurs services techniques s'impliquent plus intensément dans l'AFPP, ceci à bénéfices réciproques.

CONTINUITÉ - Par ailleurs, il veut maintenir l'orientation de l'AFPP (carrefour d'échanges indépendant). Il continue les actions lancées sous la présidence de son prédécesseur Serge Kreiter. Ainsi, la première session de formation continue pour les enseignants de lycée agricole est prévue en 2015. Les autres formations sont maintenues voire intensifiées, ainsi que les conférences, avec des évolutions de périodicité et de conditions matérielles.

MOTS-CLÉS - AFPP (Association française de protection des plantes), interprofessionnelle, indépendance, carrefour d'échanges, distribution, formation, conférences.

POUR EN SAVOIR PLUS

AUTEUR : *M. DECOIN, Phytoma.

LIEN UTILE : www.afpp.net

PARUS DANS PHYTOMA : - « Serge Kreiter, président de l'AFPP », Phytoma n° 659, décembre 2014, p. 12 à 14.

- J.-L. Bernard et P. Printz, « L'AFPP, carrefour d'échanges autour de la santé des végétaux », Phytoma n° 634, mai 2010, p. 49 à 52.

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