Plant de vigne chardonnay montrant les deux types de feuilles sur lesquelles ont été réalisés les essais. La flèche verte indique les feuilles jeunes pas encore complètement développées et la flèche rouge, les feuille plus âgées et bien développées. Photo : Biotransfer
Tableau 1 : Évolution de l'intensité de la phytotoxicité sur disques foliaires relativement âgés de chardonnay non traités ou traités avec différentes formulations de soufre à la dose 2N
Tableau 2 : Évolution de l'intensité de la phytotoxicité sur jeunes feuilles de chardonnay non traitées ou traitées avec différentes formulations de soufre à la dose N
Tableau 3 : Évolution de l'intensité de la phytotoxicité sur jeunes feuilles de chardonnay non traitées ou traitées avec différentes formulations de soufre à la dose 2N
Tableau 4 : Évolution de l'intensité de la phytotoxicité sur jeunes feuilles de chenin blanc non traitées ou traitées avec différentes formulations de soufre à la dose N
Tableau 5 : Évolution de l'intensité de la phytotoxicité sur jeunes feuilles de sauvignon non traitées ou traitées avec différentes formulations de soufre à la dose N
Fig. 2 : Disques foliaires de chardonnay relativement âgés témoin (non traités) ou traités avec trois formulations de soufre à la dose 2N, incubation six jours à 22 °C ou à 28 °C
Fig. 3 : Jeunes feuilles de chardonnay témoin ou traitées avec trois formulations de soufre, dose N, incubation un jour à 22 °C ou 28 °C
Fig. 4 : Jeunes feuilles de chardonnay témoin ou traitées avec trois formulations de soufre, dose N, incubation trois jours à 22 °C ou 28 °C
Fig. 5 : Jeunes feuilles de chardonnay témoin ou traitées avec trois formulations de soufre, dose N, incubation six jours à 22 °C ou à 28 °C
Fig. 6 : Jeunes feuilles de chardonnay témoin ou traitées avec trois formulations de soufre, dose 2N, incubation un jour à 22 °C ou à 28 °C
Fig. 7 : Jeunes feuilles de chardonnay témoin ou traitées avec trois formulations de soufre, dose 2N, incubation trois jours à 22 °C ou à 28 °C
Fig. 8 : Jeunes feuilles de chardonnay témoin ou traitées avec trois formulations de soufre, dose 2N, incubation six jours à 22 °C ou à 28 °C
Le soufre est un élément minéral utilisé avec succès et depuis longtemps contre l'oïdium de la vigne. Il produit, rarement et de façon limitée dans le temps, des symptômes de phytotoxicité sur vigne. Peut-on étudier cette phytotoxicité au laboratoire afin de comparer les formulations ?
Contexte de l'étude
Un manque de données
Jusqu'ici, le phénomène de phytotoxicité de spécialités soufrées sur la vigne n'avait pas pu être provoqué en conditions contrôlées.
Une étude bibliographique approfondie, menée à partir de quatre bases de données en collaboration avec l'université de Paris Saclay, n'a pas permis de cribler des articles scientifiques à facteur d'impact significatif sur la question, concernant la vigne.
Des tests en chambre climatique
L'objectif de cette étude, menée en chambre climatique, est de rechercher les paramètres modulant une phytotoxicité éventuelle du soufre sur la vigne et d'évaluer, selon ces paramètres, différentes formulations de soufre, dont le Cosavet DF, nouvelle spécialité WG (granulés dispersibles) contenant 80 % de soufre et commercialisée par Certis France.
Dispositif expérimental
Choix des paramètres
Les paramètres pris en compte sont ceux ayant une importance sur les phytotoxicités éventuelles à d'autres produits et sur d'autres espèces végétales cultivées que la vigne.
Nous avons d'abord considéré une incidence éventuelle du cépage de vigne, aussi sauvignon, chardonnay et chenin blanc ont-ils été pris en compte.
On sait que l'âge de la plante peut avoir une importance sur l'expression de la phytotoxicité en général : pour cette raison, des feuilles jeunes pas complètement formées (rang 2) et des feuilles plus âgées (rang 5-6) ont été testées.
Les conditions environnementales telles que la température sont à considérer : 22 °C et 28 °C ont donc été intégrées dans le protocole expérimental.
Enfin, la dose de produit permet de moduler une action éventuelle sur la plante, aussi avons-nous choisi de tester les spécialités à leur dose homologuée sur l'oïdium de la vigne (dose N) ainsi qu'à la dose double 2N.
Trois formulations commerciales de soufre ont été comparées dans ces différentes conditions expérimentales : Cosavet DF et deux autres spécialités. Ces dernières, toutes deux elles aussi sous forme WG et titrant également 80 % de soufre, sont notées par la suite références A et B.
Traitements fongicides sur disques de feuilles relativement âgées
Les traitements sont réalisés selon le protocole décrit en Figure 1. Les disques foliaires du cépage chardonnay sont observés un, trois et six jours après le traitement.
Traitements fongicides sur feuilles jeunes
Dans le cas des traitements sur feuilles jeunes, ce sont les feuilles entières (et non les disques foliaires) qui sont considérées pour l'étude de la phytotoxicité.
Les tests ont été réalisés sur le cépage chardonnay aux deux doses (N et 2N). En revanche, seule la dose N a été testée sur les jeunes feuilles des cépages sauvignon et chenin blanc.
Résultats
Disques foliaires de feuilles de chardonnay relativement âgés
Concernant les disques foliaires, seuls les résultats de la plus forte dose (2N) sont représentés ici, sur le Tableau 1 et la Figure 2.
On observe une absence de phytotoxicité aux deux doses, N et 2N et ce quel que soit le temps d'observation.
Jeunes feuilles de chardonnay dose N
Les résultats sur chardonnay à la dose N sont présentés sur le Tableau 2 ainsi que dans les Figures 3, 4 et 5.
À 22 °C, Cosavet DF et la référence A n'exacerbent aucun symptôme de phytotoxicité sur chardonnay, et ce aux trois temps d'observation. En revanche, la référence B induit une phytotoxicité sur les feuilles, déjà visible un jour après traitement, et plus importante six jours après traitement.
À 28 °C, Cosavet DF engendre une légère phytotoxicité 24 heures après le traitement. Les références A et B induisent une phytotoxicité légèrement plus forte que celle engendrée par Cosavet DF au premier temps d'observation.
Progressivement, les symptômes de phytotoxicité observés dans les modalités Cosavet DF augmentent comme en témoignent les observations visuelles à trois jours puis à six jours.
Les références A et B induisent également des symptômes mais de moindres amplitudes à ces deux temps d'observation.
Jeunes feuilles de chardonnay 2N
Les résultats sont présentés pages suivantes, dans le Tableau 3 et les Figures 6, 7 et 8.
À 22 °C, aucun symptôme de phytotoxicité n'est observé dans les modalités Cosavet DF et référence A, mais la situation évolue à trois et six jours pour atteindre une intensité finale moyenne de nécrose des tissus. Pour sa part, la référence B induit des symptômes de nécrose sur les feuilles de chardonnay, déjà visible un jour après traitement, et plus importante après six jours.
À 28 °C, on observe des symptômes de phytotoxicité très marqués dans les trois modalités, et ce dès 24 heures après traitement.
En tenant compte des premiers résultats obtenus sur chardonnay, nous avons évalué les autres génotypes à la seule dose N de soufre, la dose 2N n'étant pas discriminante.
Chenin blanc et sauvignon à la dose N
Les résultats sont présentés dans les Tableaux 4 et 5 et les Figures 9 et 10.
Aux deux températures testées, Cosavet DF présente une phytotoxicité faible sur les deux cépages. Il se distingue ainsi des deux références qui induisent toutes davantage de symptômes de nécroses.
Conclusion
Utiliser des jeunes feuilles entières
Les feuilles âgées de chardonnay n'ont pas permis d'exacerber une phytoxicité sur les différentes formulations de soufre testées. En revanche, les jeunes feuilles de vigne des trois cépages testés constituent un matériel végétal adapté pour l'étude de la phytotoxicité des produits testés.
Il est important de rappeler que, dans nos conditions expérimentales, les jeunes feuilles de vigne ont été détachées et maintenues dans des boîtes de Petri durant plusieurs journées. Dans ces conditions, les jeunes feuilles ne peuvent pas continuer à se développer alors qu'au vignoble elles vont pouvoir croître de façon continue et seront alors moins sensibles à la phytotoxicité causée par le soufre.
Maximiser la phytotoxicité pour mieux l'étudier
La méthodologie mise au point dans cette étude permet donc de maximiser et de comparer le risque de phytotoxicité exercée par différentes formulations de soufre. En pratique, un tel niveau de phytotoxicité ne sera pas observé ou bien alors uniquement dans des conditions de température très particulières (T > 28 °C).
La méthodologie et les paramètres choisis ont permis de discriminer des spécialités commerciales de soufre à dose égale, pour leur capacité à induire de la phytotoxicité. Ainsi, Cosavet DF et la référence A ont, à leur dose N, un meilleur comportement global que la référence B, même si une température élevée tend à niveler les différences.