Prev-Am : Intéressant en association avec du soufre
Composé d'huile essentielle d'orange douce, Prev-Am de Vivagro est homologué contre le mildiou et l'oïdium à la dose de 1,6 l/ha. Il agit uniquement en curatif par brûlure des mycéliums pathogènes présents à la surface des feuilles.
Sur oïdium, il semble donner de bons résultats sous certaines conditions, notamment lorsque la pression est modérée. En Alsace, il a été « assez utilisé en 2013, en début de saison jusqu'à la fleur et sur oïdium déclaré », indiquent les conseillers de la chambre d'agriculture. Selon eux, ce produit présente un intérêt lorsqu'il est utilisé à la dose de 0,6 l/ha avec du soufre, mais il est phytotoxique à 0,8 l/ha.
En 2012, un essai de la chambre d'agriculture de Saône-et-Loire sur oïdium a montré que Prev-Am associé à 2 kg de soufre apportait un léger gain d'efficacité par rapport au soufre seul. Mais en 2013, ce gain d'efficacité n'a pas été significatif. En 2011, la chambre d'agriculture de l'Aude, qui a aussi testé le produit, a noté « un intérêt probable en association avec une demi-dose de soufre », mais « un intérêt limité » lorsqu'il est positionné seul en curatif.
D'autres expérimentations de Sudvinbio et de l'IFV menées il y a quelques années ont montré une certaine efficacité de Prev-Am sur l'oïdium à drapeaux lorsqu'il est appliqué seul ou en association, en début de saison et en situation de faible pression. Mais la note nationale maladies de la vigne 2013 le déconseille sur ce type d'oïdium ou en cas de forte pression.
Prev-Am a fait l'objet de moins d'essais depuis son homologation sur mildiou, où Vivagro le recommande en association avec un autre produit, cuprique ou non. En 2013, des techniciens de la distribution ont constaté qu'il avait un effet stoppant et observé de bons résultats lorsqu'il est associé à du cuivre, en fin de saison ou en postfloraison.
Les chambres d'agriculture de Drôme et d'Ardèche l'ont préconisé l'année dernière à la floraison en association avec un produit classique pour « assécher les spores » du mildiou. La chambre d'agriculture de Gironde l'a également conseillé à la nouaison en cas de symptômes importants, plus ou moins sporulants, sur feuilles et/ou sur grappes. Dans ce cas, elle a recommandé l'application d'une bouillie à 0,8 % en volume en plus de la protection préventive ou de rattrapage.
Sur mildiou et oïdium, Agrobio Périgord le jugeait en 2012 « intéressant seulement en cas de traitement raté sur symptômes sporulants » et déconseillait de l'associer à du soufre, en raison de risques de phytotoxicité.
Armicarb : Une efficacité variable
À base de bicarbonate de potassium, ce produit est homologué contre l'oïdium et le botrytis à la dose de 5 kg/ha. Contre la première de ces maladies, il s'utilise avec du soufre et permet d'en réduire les doses. Testé en 2013 contre l'oïdium par la chambre d'agriculture d'Alsace en association avec une dose réduite de soufre, il n'a pas montré une efficacité significative. Dans les Pyrénées-Orientales, Marc Guisset, de la chambre d'agriculture, a constaté l'année dernière sur oïdium « une certaine efficacité d'Armicarb avant la floraison », mais le juge insuffisant en forte pression. En Saône-et-Loire, « Armicarb, associé à 2 kg de soufre, a donné en 2012 des résultats plutôt intéressants en début de saison. Mais cet effet n'a pas été confirmé en 2013 », indique Florent Bidaut, de la chambre d'agriculture.
Selon Jacques Grosman, de la direction générale de l'alimentation, qui a testé le produit seul, Armicarb a montré lors d'un essai en 2012, en situation de forte pression d'oïdium, une efficacité intéressante sur feuilles mais décevante sur grappes. L'expert note toutefois une phytotoxicité à 5 kg/ha (3 kg avec adjuvant). Il le conseille donc pour des situations à faible pression. La note nationale maladies de la vigne 2013 recommande de l'éviter sur oïdium à drapeaux.
Sur botrytis, Sébastien Beauvallet, de la CAPL, en Anjou, a observé de bons résultats avec Armicarb en fin de saison. En Champagne, le CIVC évoque une « efficacité très limitée ».
Botector : Un complément à la prophylaxie
Ce produit homologué contre la pourriture grise est composé de deux souches de levures antagonistes à Botrytis cinerera. Il s'emploie à 0,4 kg/ha. Lancé en 2013, il semble encore peu utilisé. La chambre d'agriculture d'Alsace l'a testé, mais n'a pas constaté d'efficacité face à la forte pression du champignon l'an passé.
Des conseillers viticoles estiment qu'il pourrait être intéressant en une ou plusieurs applications, lors de pluies, au sein d'un programme comprenant un effeuillage et un antibotrytis classique. Selon la note nationale vigne 2013, il est possible de l'utiliser en complément des mesures prophylactiques et de la lutte chimique, mais avec une « efficacité variable et limitée ».
Les préparations naturelles toujours officiellement interdites
Plusieurs substances naturelles sont utilisées en viticulture biologique : purin d'ortie, décoctions de prêle, de saule, d'absinthe... Mais en l'état actuel de la réglementation, elles sont officiellement interdites. En 2011, un arrêté avait autorisé l'utilisation et la commercialisation du purin d'orties en tant que préparation naturelle peu préoccupante (PNPP), sous réserve de respecter la recette stipulée en annexe et de respecter les usages préconisés (contre le mildiou, les pucerons, les acariens ou comme activateur de croissance). Mais l'année suivante, le décret 2012-755 du ministère de l'Agriculture est venu tout remettre en cause. « Le purin d'ortie n'a plus de statut et toute la réglementation PNPP est caduque, indique Patrice Marchand, expert en substances naturelles à l'Itab (Institut technique de l'agriculture biologique). La réglementation nationale est subordonnée à la réglementation européenne. » Toutes les matières actives doivent ainsi être approuvées au niveau européen selon le règlement 1107/2009, y compris celles d'origine naturelle.
Le décret 2012-755 définit les PNPP dans un langage très administratif, et presque incompréhensible, comme des produits composés exclusivement d'une ou plusieurs « substances de base ou d'une ou plusieurs substances actives à faible risque », catégories formalisées par la réglementation européenne. « Les substances de base ont une activité principale non phytopharmaceutique, alors que les substances à faible risque ont une fonction principale phytosanitaire », décode l'Itab.
« Pour le purin d'ortie, il faudrait a priori déposer un dossier dans l'une ou l'autre de ces deux catégories. À ce jour, aucune PNPP n'est légalement utilisable et commercialisable, poursuit Patrice Marchand. Une tolérance s'applique tant que les dossiers n'ont pas été montés et approuvés. Ceux qui seront refusés comme substance de base devront subir une homologation classique en substance active. »
L'Itab a monté un dossier pour la prêle. Il a été examiné à Bruxelles, mais « il n'a pas obtenu d'approbation communautaire ». L'institut a également constitué des dossiers pour le sucre, le vinaigre, le saule, la rhubarbe officinale, l'armoise, l'absinthe, la bardane et la tanaisie (une plante de la même famille que les pyrèthres).
QUOI DE NEUF? PLUSIEURS SUBSTANCES À L'ÉTUDE
- L'argile : intéressante contre la cicadelle verte
Des essais menés sur côt par la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher de 2010 à 2012 ont montré que deux à quatre traitements à l'argile kaolinite calcinée à 20 kg/ha permettent de réduire nettement les populations de larves de cicadelles vertes. « Ce traitement est à réaliser en préventif, avant l'apparition des larves », précise Sandrine Delobel, conseillère viticole. Des expérimentations menées de 2009 à 2012 par Agrobio Périgord et Nicolas Aveline, de l'IFV, concluent également à l'efficacité de l'argile à 20 kg/ha, surtout à partir de trois traitements. Un produit à base de cette substance - Sokalciarbo - pourrait donc bientôt être homologué en vigne. Il l'est déjà en arboriculture.
- Le sucre : des microdoses pour lutter contre le mildiou
Dans le cadre d'un programme de recherche coordonné par l'université de Tours (Indre-et-Loire) et le Groupe de recherche en agriculture bio (Grab), les expérimentateurs testent des microdoses de sucre pour lutter contre le mildiou. En 2012, ils ont ainsi constaté que l'ajout de 10 g de fructose dans 100 litres d'une bouillie à dose réduite de cuivre (100 g d'hydroxyde) permet d'obtenir une efficacité satisfaisante. Contre la cicadelle de la flavescence dorée, Marc Chovelon, du Grab, a également montré qu'associer du saccharose à Pyrévert au moment du pic des éclosions permettait de doubler l'efficacité du produit. Les résultats des essais menés en 2013 ne sont malheureusement pas exploitables.
- Huiles essentielles et plantes : les essais doivent se poursuivre
Nicolas Aveline, de l'IFV, a testé en 2013 des huiles essentielles contre le mildiou. « Elles semblent avoir une efficacité en conditions contrôlées », indique-t-il. Sur les premiers essais réalisés, l'huile essentielle d'eucalyptus a donné des résultats intéressants en application préventive, à partir de faibles concentrations (0,05 % à 0,1 %). Mais les huiles essentielles de thym, de girofle et d'origan ont été phytotoxiques. Les tests vont se poursuivre au vignoble avec différents adjuvants et de faibles doses de cuivre. Des essais du Grab et de l'Adabio (Association des agriculteurs bios d'Isère, de l'Ain, de Savoie et de Haute-Savoie) conduits en 2011 et 2012 montrent que la bourdaine et l'absinthe peuvent donner des résultats intéressants sur le mildiou avec 150 g/ha de cuivre.
- Le lactosérum : peu concluant sur oïdium
La chambre d'agriculture de Saône-et-Loire a testé le lactosérum avec 2 kg/ha de soufre contre l'oïdium en 2012 sans constater de différence significative par rapport au témoin non traité. La chambre d'agriculture de l'Aude l'a expérimenté en 2011 à la dose de 15 kg/ha, associé à 6 kg de soufre mouillable. L'efficacité a été limitée. Des essais menés par l'AIVB (Sudvinbio) ont montré « une efficacité suffisante » en cas de faible pression et avant la fleur (30 kg/ha), mais « largement insuffisante » face à une forte pression.