Nouveautés fongicides : Les alternatifs sortent du lot

Pour la campagne 2013, les viticulteurs pourront compter sur plusieurs nouveautés phytos. Les plus originales sont des produits alternatifs.

PRODUITS ALTERNATIFS : Prev-Am, un fongicide curatif contre le mildiou et l'oïdium

Ce produit de Vivagro se compose d'huile essentielle d'orange douce. Il est homologué contre le mildiou et l'oïdium et a bénéficié d'une précommercialisation l'an dernier.

« C'est un produit vraiment curatif », observe Sébastien Beauvallet, de la Coopérative agricole des Pays de Loire. « Sur l'oïdium, son efficacité est régulière. Elle est plus aléatoire sur le mildiou quand les contaminations sont avancées », précise-t-il. Ce distributeur a donc conseillé Prev-Am contre l'oïdium. Il a fait appliquer deux traitements consécutifs en début d'attaque à des doses de 0,4 à 0,5 l/ha, avec 6 kg/ha de soufre.

À l'inverse, Éric Bisseto, chef de marché vigne chez Agralia (groupe Maïsadour), dans le Bordelais, l'a préconisé surtout pour lutter contre le mildiou, en bio et en conventionnel. « Ce produit brûle les sporulations. Nous l'avons donc recommandé aux viticulteurs qui avaient des taches sporulées de mildiou afin d'éviter les repiquages. Nous l'avons préconisé soit en association avec du cuivre en bio, soit avec un produit conventionnel. Compte tenu de la pression, nous sommes restés sur les doses homologuées. Nous avons obtenu de très bons résultats : les spores ont bruni. En revanche, il est compliqué d'utiliser ce produit seul, car il est peu rémanent. » Et comme il est lessivable, il faut renouveler le traitement dès l'approche de la pluie.

Armicarb permet de réduire les doses de soufre

De Sangosse va lancer Armicarb contre l'oïdium et la pourriture grise. À base de bicarbonate de potassium, ce fongicide bénéficie du Nodu vert de biocontrôle. À ce titre, il n'entre pas dans le calcul de l'IFT. « Armicarb agit par contact et a un effet stoppant sur les mycéliums », indique Serge Vigano, le responsable technique vigne chez De Sangosse. Contre l'oïdium, la ferme ne le préconise qu'en viticulture bio, à partir du stade 5 à 6 feuilles étalées jusqu'au stade préfloraison. La dose est de 3 kg/ha en association avec 2 kg de soufre.

Pour Philippe Mangold, de Bourgogne Sud, ce produit est intéressant car il permet de réduire les doses de soufre. Il l'a testé l'an passé sur oïdium dans un contexte de pression exceptionnelle où le témoin non traité a été détruit. « Les résultats ont été très positifs. Mais ils doivent être confirmés, notamment en raison d'une sélectivité variable selon le stade auquel il est appliqué », rapporte le distributeur. C'est la raison pour laquelle la ferme ne le préconise qu'en début de campagne. De son côté, Serge Vigano admet un « risque de brûlure quand la vigne n'est pas en condition poussante ».

Contre la pourriture grise, De Sangosse recommande son produit en bio et en conventionnel à raison d'un traitement à partir de début véraison jusqu'à huit à dix jours avant la récolte. En traitement localisé, Armicar s'applique à 3 kg/ha ; en plein, il s'applique à 5 kg/ha. « On conseille de le renouveler uniquement s'il y a eu une pluie lessivante cinq à sept jours après », précise Serge Vigano.

Botector ne laisse pas de résidus

Comme son nom l'indique, ce produit vise la pourriture grise. Il se compose de deux souches d'Aureobasidium pullulans, une levure vivant spontanément à la surface de nombreuses plantes et qui entre en compétition avec le botrytis pour l'occupation de l'espace et la nourriture. Il bénéficie du Nodu vert de biocontrôle.

En conventionnel, De Sangosse, qui le commercialise, le conseille uniquement si au moins un traitement classique a été réalisé au stade A ou B. Dans ce cas, il préconise Botector à partir du début de la véraison jusque dix jours avant la récolte, si les conditions météo favorisent le botrytis.

En bio, il préconise trois traitements maximum dès la chute des capuchons floraux jusqu'à la récolte. L'application doit s'effectuer en préventif, en traitement localisé sur les grappes et quand les conditions sont favorables au botrytis. Il faut également soigner la prophylaxie. Attention, ce produit n'aura jamais l'efficacité d'un produit classique. Mais il ne laisse pas de résidus dans les vins. Et « avec trois traitements, on peut avoir des efficacités de l'ordre de 50 % par rapport à un témoin non traité », indique Serge Vigano.

FONGICIDES CONVENTIONNELS : Grip Top/Forum Top, un mélange prêt à l'emploi

Cet antimildiou de BASF agro associe le diméthomorphe et le métirame-zinc. Il appartient à la famille des CAA. Ce n'est pas une réelle nouveauté, car il remplace le pack Forum/Polyram. « Mais il s'en différencie car il est prêt à l'emploi et la dose de métirame est légèrement moindre », explique Stéphane Giry-Laterrière, de Maïsadour, dans le Sud-Ouest. Frédéric Joseph, de la chambre d'agriculture de Charente, l'a testé en 2012 en situation de forte pression de mildiou sur une parcelle d'ugni blanc. « Son efficacité a été comparable à Mikal et Panthéos. Il a bien tenu quatorze jours », affirme-t-il.

Carial C Pépite, pour contrer le mildiou mosaïque

Cet autre antimildiou de Syngenta se compose de mandipropamid et de cuivre. C'est également un CAA. Il a déjà été commercialisé l'an passé. « Dans notre région, une recrudescence de mildiou mosaïque peut engendrer des défoliations précoces, des problèmes de maturation et de mise en réserve, fait remarquer Eddy Dieffenbacher, responsable technique chez Alsace appro. En 2012, une année favorable à la maladie, nous avons donc conseillé Carial C Pépite en avant-dernier traitement autour de la fermeture de la grappe. Il a eu une bonne efficacité et a permis de sauvegarder le potentiel qualitatif. Sa persistance d'action de quatorze jours est une sécurité pour l'utilisateur. Autre avantage, c'est un produit non classé. Le seul bémol est sa ZNT de 20 mètres. »

Star Pro, un tébuconazole très concentré

Sur le marché très concurrencé des antioïdiums à base de tébuconazole, De Sangosse lance Star pro, un fongicide dosant 430 g/l de cette matière active. Selon la firme, c'est le plus concentré du marché, ce qui permet de faire des économies d'emballage. Et, comme il est sous forme de suspension concentrée, il contient moins de solvants. Philagro commercialise le même produit sous la marque Eole.

Alleato, un fosétyl solo

« Avec Alleato, c'est la première fois que le fosétyl-Al est vendu en solo sur vigne. On peut donc construire à la carte les traitements antimildiou en associant Alleato avec des fongicides de contact comme le mancozèbe, le folpel ou certaines formulations de cuivre », indique Jean-Louis Kleinhans, directeur technique de Sumi agro France.

« Alleato est intéressant car il n'a pas de classement toxicologique. Il présente aussi un bon profil environnemental mais nous ne l'avons pas testé de manière significative. Nous manquons de recul pour nous prononcer sur son efficacité », signalent plusieurs distributeurs. Ce produit est également commercialisé sous le nom de Serval par Belchim crop protection.