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GUIDE PHYTOS

Des innovations tous azimuts

guide réalisé par Ingrid Proust - La vigne - n°201402 - février 2014 - page 3

Les firmes phytosanitaires développent de nouveaux produits, notamment contre l'oïdium et le mildiou, pour compléter leur gamme. Elles ne se cantonnent plus aux solutions conventionnelles et investissent aussi dans le biocontrôle.
TESTS SUR DES BOIS DE VIGNE. La firme Bayer étudie notamment des molécules et des micro-organismes à action antifongique.  © BAYER

TESTS SUR DES BOIS DE VIGNE. La firme Bayer étudie notamment des molécules et des micro-organismes à action antifongique. © BAYER

PLANTS DE VIGNE EN SERRE. Le développement de nouveaux produits nécessite de lourds investissements.  © SYNGENTA

PLANTS DE VIGNE EN SERRE. Le développement de nouveaux produits nécessite de lourds investissements. © SYNGENTA

Pour innover, les firmes réalisent de lourds investissements. Entre 2011 et 2016, Bayer va consacrer 5 milliards d'euros à la recherche et au développement, toutes cultures confondues. BASF Agro indique consacrer environ 9 % de son chiffre d'affaires à la recherche, De Sangosse 8 % et Belchim 3 %. Ces sommes colossales permettent aux firmes de lancer de nouveaux produits.

Antioïdiums : Un produit à vingt et un jours

Bayer vient d'obtenir l'homologation de Luna Sensation, également vendu sous le nom de Luna XTend. Ce fongicide est à base de trifloxystrobine et de fluopyram, une matière active issue de la nouvelle classe chimique des SDHI (pyridinyl ethyl benzamides). « Le fluopyram apporte un haut niveau d'efficacité à de faibles doses. Il permet une protection de vingt et un jours, quels que soient son positionnement et la pression de l'oïdium », explique Jean-Luc Dedieu, responsable du marché vigne chez Bayer. Luna est le premier antioïdium à tenir vingt et un jours en toutes circonstances. Cependant, contre le black-rot, ce produit ne tient que quatorze jours.

Talendo, de DuPont, possède également une persistance d'action de vingt et un jours pour des traitements réalisés après la floraison. Mais après une intervention précoce, il faut renouveler le traitement au bout de quatorze jours. De même dans les vignes qui ont subi des attaques d'oïdium lors de la saison passée. Talendo est composé de proquinazid. DuPont espère pour 2014 l'homologation d'un nouveau produit associant cette matière active au tébuconazole.

Belchim devrait proposer à l'horizon 2015 une nouvelle molécule, la pyriofénone, issue de la famille chimique des benzoylpyridines. Chez Phyteurop, Jérôme Rouveure, chargé des fongicides vigne, évoque pour 2015 « des associations originales contre l'oïdium, à base d'IDM ».

En mars dernier, Syngenta a lancé Dynali/Rocca, associant le difénoconazole au cyflufemanid (CFF), « le seul représentant sur vigne d'une nouvelle famille : les amidoximes, sans résistance croisée avec les autres familles d'antioïdium », selon la société. Syngenta et Certis proposent aussi respectivement Cidely et Cyflodium, deux produits à base de cyflufenamid seul.

Toujours en 2013, De Sangosse a mis sur le marché Star Pro, à base de tébuconazole très concentré, et une nouveauté plus originale : Armicarb, un produit de biocontrôle à base de bicarbonate de potassium. Vivagro a sorti un autre produit de biocontrôle : Prev-Am/Limocide, composé d'huile essentielle d'orange douce, également homologué contre le mildiou. « Entre 2012 et 2013, le produit a gagné des parts de marché et acquis une réelle reconnaissance de la part de distributeurs », confie Fabrice Lemarchand, cogérant de Vivagro.

Antimildious : De nouvelles associations

Les firmes sont également mobilisées contre le mildiou. BASF Agro a sorti en 2013 Grip Top/Forum Top, de la famille des CAA : un mélange prêt à l'emploi composé de diméthomorphe et de métirame-zinc. La firme annonce une autre nouveauté, « un mélange original à base d'amétoctradine », signale Pierre-Antoine Lardier, responsable du pôle cultures spéciales. L'amétoctradine, issue d'une nouvelle famille chimique, est déjà présente dans Enervin, l'antimildiou lancé en 2011 par BASF Agro.

Syngenta a commercialisé en 2013 Carial C Pépite, un CAA à base de mandipropamide et de cuivre. « Nous attendons également l'homologation, pour début 2014, d'un SDN pour lutter contre le mildiou », déclare Édith Tusseau, responsable marketing vigne. Sumi Agro a pour sa part sorti Alleato, le premier fosétyl solo. Chez Belchim, Éric Chantelot annonce de « nouveaux antimildious à base de valifénalate et de cyazofamide, ainsi que de cymoxanil et mancozèbe. »

Antibotrytis : Développement de produits alternatifs

Sur le segment des antibotrytis, De Sangosse a lancé Botector, composé d'une levure antagoniste. Bayer attend l'homologation botrytis de son fluopyram déjà autorisé contre l'oïdium. Mais il sera utilisé en solo contre la pourriture grise alors qu'il est associé à la trifloxystrobine contre l'oïdium. La firme qui a repris à BASF Agro le Serenade Max compte le développer « en tant que stimulateur de défenses naturelles », note Jean-Luc Dedieu, de Bayer.

Philagro développe de son côté un produit à base de fenpyrazamine, une nouvelle substance active découverte par Sumitomo Chemical Company. Koppert évoque pour sa part un « projet de développement d'un micro-organisme contre le botrytis ».

Insecticides : L'arrivée du thiaméthoxam

Au rayon des insecticides, Syngenta a sorti Luzindo en 2013. Ce produit non classé agit contre eudémis, cochylis, la cicadelle de la flavescence dorée, la cicadelle verte et metcalfa. La firme attend également l'homologation « d'une nouvelle solution à base de cette même molécule, ciblant l'ensemble des cicadelles et hautement performante en raison de son action de choc et de sa durée d'action », indique Édith Tusseau. Chez Vivagro, Fabrice Lemarchand espère voir le Prev-Am homologué sur « les cicadelles et le phytopte de l'acariose ».

Herbicides : Deux homologations en attente

Alidad Invest/Vitivista a mis au point VVH, un produit à base d'huiles végétales agissant par contact sur jeunes adventices, encore non autorisé. De Sangosse table sur la prochaine homologation d'un herbicide composé de glyphosate et de diflufenicanil, une molécule utilisée en grandes cultures.

Biocontrôle : Les grandes manoeuvres

Les firmes phytosanitaires s'intéressent de plus en plus aux produits de biocontrôle. En 2012, BASF Agro a ainsi racheté pour 785 millions d'euros l'entreprise américaine Becker Underwood. Celle-ci « a dans sa gamme des nématodes prédateurs d'insectes, ce qui nous ouvre des perspectives », détaille Pierre-Antoine Lardier.

Bayer, déjà distributeur d'Esquive, autorisé contre l'eutypiose, a repris à BASF la distribution de Serenade Max, un produit classé comme stimulateur des défenses naturelles pour lutter contre la pourriture grise. Bayer a aussi acquis la société allemande Prophyta, spécialisée dans la lutte biologique. « Nous travaillons sur des micro-organismes contre l'oïdium, le mildiou, le botrytis et les maladies du bois », souligne Jean-Luc Dedieu.

De son côté, Syngenta indique que « la première solution de biocontrôle pour la vigne devrait arriver en 2015 contre l'oïdium et le botrytis », annonce Édith Tusseau. Chez Belchim, détenteur du Contans WG (fongicide à base de champignon), « nous travaillons sur un champignon antagoniste contre les maladies du bois », assure Éric Chantelot.

De Sangosse a récemment conclu plusieurs accords avec une entreprise britannique et une firme hongroise pour développer un « bio-herbicide », un « bio-insecticide » et un « biofongicide ». Elle s'est aussi rapprochée de la société espagnole Servalesa afin de travailler sur des fongicides à base de micro-organismes. « Nous avons au total une vingtaine de projets en biocontrôle sur des levures, des bactéries ou des macro-organismes », note Christophe Zugaj, responsable communication et études.

Vivagro travaille « sur des matières actives à effet insecticide issues de micro-organismes », confie Fabrice Lemarchand.

Toutes les pistes n'aboutissent pas. Koppert, qui travaillait sur Enzicur, un antioïdium à base d'agents antimicrobiens issus du lait, a annoncé l'abandon du projet.

Des emballages plus sécurisés

ECOPACK, de BASF. © BASF

ECOPACK, de BASF. © BASF

Afin d'améliorer la sécurité des utilisateurs, les firmes ont développé de nouveaux emballages. Les bidons EcoPack de BASF sont conçus pour réduire le risque d'éclaboussures et d'exposition cutanée. « La gamme EcoPack est étendue chaque année pour nos formulations liquides », indique Pierre-Antoine Lardier. Syngenta a élaboré de nouveaux bidons baptisés S-Pac, sans opercule d'aluminium, « rapides à verser sans éclaboussure ni glouglou », vante la firme. Bayer propose de son côté des bidons sans opercule, au goulot en forme d'entonnoir et aux bouchons plus faciles à enlever avec des gants. Dès la campagne prochaine, la société devrait également proposer des sacs plus faciles à transporter et à stocker.

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