La protection des vergers de pommiers, poiriers et noyers contre le carpocapse Cydia pomonella utilise largement la confusion sexuelle. La phéromone utilisée est bien connue, mais les façons de la diffuser évoluent. Voici la dernière amélioration proposée.
Un mode de diffusion original
Le principe
Cette innovation a nom CheckMate Puffer CM-O. Fabriquée par Suterra, elle est commercialisée par De Sangosse en France, où elle est autorisée en vergers de pommier, poirier et noyer depuis le second semestre 2015. La technologie consiste en un mode de diffusion original de la phéromone dans le verger. Elle se compose :
- d'une cabine de protection ;
- d'une bombe aérosol contenant la phéromone, à placer dans la cabine (photo 1, dispositif ouvert, bombe en place) ;
- d'un minuteur (visible photo 1 au-dessus de la bombe aérosol) ;
- d'une accroche.
Le « générateur d'aérosol » (tel est le terme officiel sur l'AMM du produit) est contrôlé électroniquement par le minuteur. Il libère à intervalle de temps régulier la phéromone dans le verger.
Tout au long de la saison, la phéromone est diffusée le soir et la nuit pendant le vol des carpocapses.
Ce nouvel équipement assure ainsi une protection du verger par confusion sexuelle pendant près de 180 jours.
Bien entendu, le suivi régulier du verger et l'application des bonnes pratiques de lutte intégrée restent indispensables pour s'assurer de l'efficacité de la méthode de lutte.
Peu de dispositifs à l'hectare et « service plan de pose »
Seulement deux à trois dispositifs (dits Puffers, marque déposée) par hectare en moyenne sont positionnés dans le verger. Chaque dispositif émet un halo de phéromone de minimum 75 m de large (à sa pleine ouverture) et 250 m de long. Le recoupement des halos permet une couverture complète de la parcelle (Figure 1).
Pour chaque parcelle, De Sangosse réalise un plan de pose spécifique qui permet de connaître le nombre exact de dispositifs à positionner. Ce plan de pose prend en compte la taille et la forme de la parcelle, les vents dominants, la topographie, les zones à risque autour de la parcelle ainsi que la pression de l'année passée.
Mise en place rapide au-dessus de la canopée
Une fois le plan de pose transmis à l'arboriculteur, la mise en place des puffers au champ est simple et rapide : 20 à 30 minutes/ha seulement pour la première pose, en suivant les indications du plan réalisé par De Sangosse.
Les dispositifs doivent être installés sur des poteaux (de palissage, de filets paragrêle...) ou tout autre support en dehors des arbres, au-dessus de la canopée, idéalement légèrement au-dessus de l'arbre le plus haut (photos 2 et 3).
Ils peuvent se fixer directement sur le support choisi avec ou sans le crochet métallique, à l'aide de collier en plastique type Serflex, par exemple.
Leur sortie ne doit pas être dirigée vers les feuilles et les fruits.
Pour mener à bien la pose au verger, l'arboriculteur aura à sa disposition des fiches conseil transmises avec ses plans de pose.
Efficacité contre le carpocapse
Essais De Sangosse
Depuis 2012, De Sangosse a réalisé plus de 300 ha d'essais avec CheckMate Puffer CM-O en verger de pommier, poirier et noyer dans toutes les grandes régions arboricoles françaises.
Sur l'ensemble de ces essais, le nouveau produit offre le même niveau de protection que la référence comparée (Tableau 1 et Figure 2).
Dispositif testé aussi par des organismes de référence
Par ailleurs, le dispositif a été testé avec succès par de nombreuses structures référentes en arboriculture : institut techniques nationaux et régionaux, services techniques de la distribution agricole, services techniques d'organisations de producteurs.
Un travail facilité et sécurisé
Gestion du temps
Cette innovation simplifie la gestion du chantier de pose et optimise celle du personnel sur l'exploitation. En effet, d'une part le temps de pose est réduit, d'autre part le dispositif possède une fonction retard.
Celle-ci permet une mise en route programmée à l'avance. Ainsi, le chantier de pose peut se faire plusieurs semaines avant le premier pic de vol du carpocapse, au moment choisi comme le plus pratique par l'arboriculteur, et les dispoitifs se mettront en marche automatiquement à la date programmée.
Le matériel transmis à l'arboriculteur est prêt à l'emploi : l'aérosol est inséré dans la cabine de protection, le minuteur est réglé.
Si la fonction « retard » n'est pas utilisée, il suffit d'allumer le dispositif au moment de la pose.
Pas de contact : un « plus » pour le personnel
Cette solution est sûre pour l'arboriculteur et ses employés : tout d'abord, il n'y a aucun contact avec le produit lors de la pose, et la diffusion de la phéromone dans le verger a lieu uniquement le soir et la nuit.
En fin de saison, l'arboriculteur retire les dispositifs de son verger en seulement 10 minutes/ha, là encore sans aucun contact avec la bombe aérosol. En effet, il n'est pas nécessaire de la retirer de la boîte.
« Après saison » : le distributeur, De Sangosse et Adivalor s'en chargent
Pour l'arboriculteur, il suffit de rapporter l'ensemble de l'appareillage éteint et fermé auprès de son distributeur qui centralise les dispositifs retournés. De Sangosse les récupère et se charge de retirer les aérosols, changer les piles, nettoyer le matériel et vérifier son bon fonctionnement pour la saison suivante. Les bombes aérosols vides sont directement collectées par la filière Adivalor auprès de De Sangosse.
En conclusion
CheckMate Puffer CM-O est une technologie fiable et plébiscitée par les agriculteurs. Autorisés dans cinq pays avant le début de la saison 2015, plus de 400 000 puffers (toutes cultures et toutes cibles confondues) ont été utilisés avec succès cette année-là.
Fig. 1 : Exemple de plan de pose
Ici, le verger de 2,5 ha (100 m × 250 m) a une forme régulière et des vents dominants, ce qui autorise une dose de 1,6 dispositif/ha. La dose autorisée de trois dispositifs/ha permet de couvrir les situations réelles.
Fig. 2 : Essai sur pomme en 2013 dans les Alpes-de-Haute-Provence
Variété : golden
Surface de l'îlot : 6,3 ha
Densité de pose : 2,2 Puffers/ha
Programme insecticide : pour les deux modalités, un traitement contre le puceron cendré ; puis, uniquement pour la modalité de référence (non visible sur cette photo aérienne), un virus de la granulose sur le pic de G2.