LA CICADELLE VERTE provoque des grillures. Sokalciarbo réduit les dégâts en l'éloignant de la vigne. © C. WATIER
LA CHENILLE DE L'EUDÉMIS perce les baies. Radiant est efficace durant 21 jours contre ce parasite. © C. WATIER
CHECKMATE PUFFER
Révolution dans la confusion
C'est la révolution sur le marché de la confusion sexuelle. Après les Rak et les Isonet, voici le Checkmate Puffer. Il s'agit là aussi d'un diffuseur de phéromones pour empêcher les mâles d'eudémis de retrouver les femelles. Mais ce produit de De Sangosse dispose d'un atout de taille. « Il suffit de trois Puffer par hectare, quatre au maximum », indique Sébastien Beauvallet, animateur technique vigne à la CAPL (Maine-et-Loire). En comparaison, les produits concurrents, Rak et Isonet, doivent être déployés à plus de 550 unités par hectare.
« 2,5 Puffer en moyenne sont nécessaires par hectare. Leur nombre varie selon la configuration des parcelles », précise Marina Astié, responsable du biocontrôle chez De Sangosse. Et cela simplifie tout. « Le temps de pose est très réduit : il suffit d'environ 20 minutes, contre 1 h 30 à 2 heures pour les Rak, si le vigneron les pose seul ! », souligne Thierry Favier, responsable technique vigne à la CAPL Provence-Languedoc.
« Checkmate Puffer est très facile à installer sur un piquet de vigne, par exemple, ajoute Sébastien Beauvallet. Cette simplicité peut favoriser le développement de la confusion sexuelle en vigne. » D'autant que le nouveau diffuseur vaut la référence. « Je l'ai testé pendant trois ans et sur des surfaces de 5 ha au moins. Il est aussi efficace que les Rak », garantit Thierry Favier. Même constat du côté de Sébastien Beauvallet : « La réserve de phéromones couvre les trois générations d'eudémis. On pose les diffuseurs en avril et on est tranquille. »
Avant d'arriver en viticulture, les Puffer ont fait leurs preuves en arboriculture. « Depuis 2012, ils protègent plus de 800 ha de pommiers, de poiriers et de noyers en France », signale De Sangosse.
Ces diffuseurs sont en fait des bombes aérosol pleines de phéromones enfermées dans une cabine de protection. Un minuteur préréglé diffuse les phéromones toutes les quinze minutes, le soir et la nuit, lorsque les papillons volent. Les appareils sont retirés des vignes une fois la campagne passée.
Comme avec les produits concurrents, les utilisateurs doivent surveiller les populations d'eudémis par des observations et des piégeages. « Si la pression est trop forte, il faut compléter le produit par un insecticide classique », souligne Marina Astié.
Contrairement aux Rak et aux Isonet, Checkmate Puffer agit seulement contre l'eudémis. « Un modèle actif contre le cochylis et l'eudémis devrait être disponible en 2020 », annonce Marina Astié. Autre bémol : son prix. « Comptez 78 € par Puffer, soit 195 €/ha pour 2,5 Puffer/ha », annonce Marina Astié. « C'est 40 % plus cher que des Rak contre l'eudémis qui coûtent entre 140 et 150 €/ha », constate Thierry Favier qui continue de proposer les Rak chez les vignerons habitués à cette solution ou sur des îlots inférieurs à cinq hectares.
En Gironde, Stéphane Giry-Laterrière, référent technique vigne chez Inovitis, a de la demande pour les Puffer. « Certes, ils sont plus coûteux. Mais le vigneron voit ses temps et coûts de pose diminuer. »
RADIANT
Efficacité reconnue, profil discuté
Utilisé depuis des années contre les vers de la grappe, le spinosad (Success 4, Musdo 4) a fait la preuve de son efficacité. Cependant, son impact sur les auxiliaires est loin d'être négligeable et sa rémanence ne dépasse pas quatorze jours. Dow Agro-Sciences a donc cherché à améliorer son produit.
Ses travaux l'ont conduit à mettre au point une nouvelle matière active, le spinetoram. Ce dernier appartient à la même famille chimique que le spinosad. Comme lui, il est issu d'une fermentation bactérienne. « À la fin de ce processus, nous le stabilisons par synthèse chimique », précise Frédéric Marque, directeur technique pour les herbicides vigne et les insecticides chez Dow AgroSciences.
« Notre nouveau produit est encore plus performant que Success 4 contre les vers de la grappe, avec un très bon effet de choc, 21 jours de rémanence et une meilleure résistance à la lumière. Il offre un profil plus favorable pour les auxiliaires », explique Frédéric Marque. La firme annonce un prix moyen de 40 €/ha pour ce produit également homologué contre la pyrale, les thrips et les mouches.
Cependant, Radiant n'est pas utilisable en bio, contrairement à Success 4. Et il souffre de la phrase de risque CMR « susceptible de nuire à la fertilité et au foetus ». Un désavantage. « Son classement nous pose un problème, indique Sébastien Beauvallet. Nous ne l'avons pas référencé. Nous proposons déjà Affirm [emamectine benzoate, substance elle aussi issue de fermentation microbienne, NDLR]. Cet insecticide est tout aussi satisfaisant, tout en étant non classé au niveau toxicologique. »
La CAPL Provence-Languedoc n'a pas non plus intégré Radiant à son catalogue « pour trois raisons : il porte une phrase de risque CMR ce qui rend de surcroît les mélanges plus compliqués ; on ne peut l'appliquer qu'une seule fois par an ; et il n'apporte pas de supplément d'efficacité par rapport au Musdo 4 », explique Thierry Favier.
À l'inverse, Jean-Paul Palancade, directeur d'Agrosud, est séduit par ce nouvel insecticide. « Il nous a paru intéressant par sa rémanence et surtout son profil écotoxicologique. Il va remplacer des organo-phosphorés à base de chlorpyriphos-méthyl, néfastes pour les auxiliaires, déclare-t-il. Nous sommes cependant un peu déçus qu'il ne soit pas utilisable en bio. »
Jean-Paul Palancade préconise d'utiliser Radiant au début des pontes contre la troisième génération de vers de la grappe. « C'est là qu'il s'est montré le plus performant lors de nos essais, explique-t-il. Il est également efficace contre les drosophiles. »
Radiant a aussi fait son entrée chez Peris, à Béziers, sans pour autant remplacer d'autres produits. « Il a été testé pendant quatre ans sur la plateforme Agrosud et son efficacité a été supérieure à des produits de référence comme Explicit (indoxacarbe) ou Luzindo (thiaméthoxam et chlorantraniliprole), souligne Sébastien Lopez, responsable technique. Nous le recommandons contre la troisième génération des vers de la grappe, la deuxième étant traitée par Luzindo, également homologué contre la cicadelle de la flavescence dorée. »
SOKALCIARBO
Une barrière contre la cicadelle verte
Appliquée sur les végétaux, la kaolinite calcinée les rend moins appétents pour les insectes. Un fait connu depuis quelque temps déjà. En effet, cette argile blanche est le principe actif de Sokalciarbo, un produit homologué contre plusieurs ravageurs en arboriculture comme les cicadelles et les psylles des agrumes ou les pucerons du pêcher, du pommier ou encore du prunier.
Depuis plusieurs années, des essais en Val de Loire et en Aquitaine ont montré que Sokalciarbo s'avère efficace pour réduire les populations de cicadelles vertes, en moyenne de 50 %, sans affecter la maturation du raisin, ni les typhlodromes. De fait, cette argile était déjà conseillée par des techniciens dans des vignes en bio.
En décembre dernier, Agrisynergie, la firme qui vend le produit, a obtenu son homologation contre la cicadelle verte de la vigne. « Sokalciarbo crée une barrière insectifuge préventive. Il s'emploie contre la seconde génération de cicadelles, de mi-juin à août en année moyenne », explique Agrisynergie.
« Sokalciarbo n'est pas un insecticide, il permet seulement de réguler les populations, prévient Stéphane Giry-Laterrière. Ce produit donne de bons résultats face à une pression moyenne. Il doit être pulvérisé à la dose de 20 kg/ha, lors des premiers vols de la deuxième génération. Les applications sont à renouveler en fonction des pluies. Si la pression s'accentue au point de provoquer des dégâts, il faut passer à des solutions conventionnelles. »
Dans le Languedoc, Bernard Taïx, directeur technique des Établissements Magne, a testé Sokalciarbo sur des parcelles sensibles et l'a référencé. « Il a permis de réduire les populations de cicadelles dans des merlots en plaine qui en étaient infestés. Son efficacité a été souvent supérieure à celle de la cyperméthrine », indique-t-il.
Sokalciarbo est actif sur les larves et les adultes. Il préserve aussi la vigne de l'échaudage. Il est autorisé en viticulture biologique.