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Nicole Roskam-Brunot Photo : F. Roskam
Château Cantenac existe depuis 1870 mais c'est en 1937 que la famille Brunot reprend l'exploitation, en en faisant une affaire de famille et de tradition, transmettant l'amour d'être vigneron à travers les générations, aujourd'hui la quatrième. Nicole Roskam-Brunot a vécu une enfance baignée dans l'atmosphère du vignoble... Mais son père, Albert Brunot, en homme de son époque, avait décidé qu'« une femme ne devait pas s'occuper du vin ». Nicole s'éloigna du monde du vin tout en conservant une partie des ventes. Les circonstances de la vie l'ont conduite ensuite à revenir au Château Cantenac. Son frère Jean-Baptiste, oenologue diplômé de la faculté de Bordeaux, lui a transmis son savoir-faire dans la conduite de la vigne et l'élaboration du vin. En 1997, elle reprend le domaine familial.
Le vin de Château Cantenac, Saint-Émilion grand cru, est un assemblage de merlot et de cabernets franc et sauvignon. Et une des grandes fiertés de Nicole Roskam-Brunot est d'avoir créé La Sélection Madame, assemblage de merlot (95 %) et carbernets (5 %), un vin « de générosité, de savoir-faire et un clin d'oeil à mon père », précise-t-elle.
Allier vin et culture
Consciente du potentiel touristique de l'activité vitivinicole pour le Bordelais, Nicole Roskam-Brunot s'est attachée à lui donner une dimension culturelle : visites-dégustations à caractère historique, artistique et musical à travers des expositions de peintures et sculptures, concerts dans le cadre des Portes Ouvertes des Grandes Heures de Saint-Émilion. « C'est un parti pris d'allier vin et culture. »
C'est donc en pratiquant un oenotourisme de qualité, reconnu par la profession que le Château Cantenac a obtenu le prix prestigieux Best of 2017 « Coup de coeur spécial du jury ».
Préserver l'environnement
Participant à plusieurs commissions professionnelles, Nicole Roskam-Brunot a pressenti l'importance des évolutions techniques et technologiques du secteur vitivinicole.
« Bien avant que ce soit obligatoire, j'ai installé l'évacuation des effluents dans le respect des normes environnementales. » Avec un de ses fils (ingénieur agricole de Purpan) qui la seconde, elle s'est attachée à diminuer les quantités de produits phytosanitaires dans le cadre d'une lutte raisonnée. Cette démarche s'appuie sur les conseils prodigués par un consultant viticole indépendant. Sa connaissance des terroirs de Bordeaux lui permet de proposer une orientation de la conduite de la vigne adaptée aux conditions spécifiques et aux objectifs de chaque exploitation.
« Un des objectifs majeurs que nous lui avons donnés concerne les itinéraires phytopharmaceutiques avec à la clé la réduction des intrants tout en optimisant la santé de la vigne dans le respect des niveaux de rendements et de qualité des vins produits. »
Prophylaxie d'abord
La culture est conduite en s'appuyant sur une démarche prophylactique pour prévenir plutôt que guérir. La taille est effectuée par le personnel permanent de l'exploitation.
Ensuite, explique Nicole Roskam-Brunot, « l'ébourgeonnage et l'épamprage sont manuels, et le plus grand soin leur est réservé », de même pour les levages. « L'effeuillage est pratiqué à la nouaison, et suivi d'un éventuel décompactage des grappes trop serrées. Le but est de favoriser l'aération des grappes et limiter les attaques de botrytis tout en augmentant les teneurs en polyphénols (tannins, anthocyanes) sur les raisins rouges. » Cela permet à la fois de diminuer les traitements fongicides et d'améliorer la qualité des raisins.
Observer pour anticiper
La lutte raisonnée s'appuie aussi sur une observation des phénomènes naturels afin d'anticiper leurs évolutions avec l'aide des outils de modélisation développés la chambre d'agriculture.
« Ceci permet d'avoir à l'instant T un niveau de risque sur lequel sera ajusté le traitement phytopharmaceutique. L'anticipation est un aspect essentiel de la lutte raisonnée. »
Ainsi toute action visant à accroître la défense naturelle de la vigne ou l'innocuité de son environnement est mise en oeuvre afin d'intervenir le moins possible mais cependant efficacement avec un traitement mesuré, ponctuel et très ciblé.
Matériel performant
Récemment, pour améliorer la qualité des applications et les performances des traitements, Château Cantenac a acquis un nouveau pulvérisateur à flux d'air tangentiel qui projette la bouillie de façon homogène sur le feuillage et sur les grappes. Ces efforts paient : les résidus pesticides sont très en dessous des LMR (1à 3 % de la teneur autorisée pour les derniers millésimes) et se poursuivent pour descendre en deçà.
Bien que le soufre et le cuivre soient majoritairement utilisés, le choix des molécules est réfléchi pour améliorer le profil environnemental des traitements. Nicole Roskam-Brunot insiste : « La culture de Château Cantenac est très proche des pratiques de l'agriculture biologique mais, en cas de risques majeurs comme l'attaque de mildiou survenue en 2016 suite au mois de juin froid et pluvieux inhabituel pour la région, nous ne nous sommes pas privés d'utiliser des molécules de synthèse. » Il s'agit là d'agriculture raisonnée.
Ainsi, Nicole Roskam-Brunot allie passion, tradition familiale et innovation pour la production de vin de qualité dans un environnement de qualité, dont l'efficacité est prouvée.
(1) Ce dernier met en compétition les propriétés vitivinicoles d'un réseau mondial de dix grandes métropoles possédant un vignoble de renommée internationale. Le Château Cantenac est lauréat 2017.
