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ACTUS

RÉDUCTION DES INTRANTS LES AGROÉQUIPEMENTS, LEVIERS DE LA TRANSITION AGROÉCOLOGIQUE

Phytoma - n°741 - février 2021 - page 4

Le succès massif et rapide des aides à la reconversion met en lumière le besoin de renouveler un parc vieillissant pour mieux répondre aux enjeux environnementaux et sociétaux.
75 % des demandes de subventions concernent des agroéquipements de substitution à l'usage de produits phytosanitaires. Photo : Pixabay

75 % des demandes de subventions concernent des agroéquipements de substitution à l'usage de produits phytosanitaires. Photo : Pixabay

æLe dispositif d'aides à la conversion des agroéquipements de France Relance, ouvert le 4 janvier 2021, vient de se clôturer (pour une échéance prévue à fin 2022), avec près de 15 000 dossiers déposés pour une demande totale de subventions de plus de 205 millions d'euros. Le programme doit permettre une substitution ou une réduction des intrants. Le dispositif était doté de 215 millions d'euros (135 M€ dans le plan de relance auxquels s'ajoutait un bonus de 80 M€ pour la sortie du glyphosate). Les 10 M€ restants seront réservés aux départements d'outre-mer qui bénéficieront d'un accompagnement spécifique.

æ75 % des demandes (exploitants agricoles, GIEE, Cuma et ETA) concernent des équipements de substitution à l'usage de produits phytosanitaires. Parmi les équipements éligibles dans cette catégorie se trouvent :

• le matériel de broyage (arracheuse de fanes, broyeurs de fanes, branches, menues pailles...) ;

• le matériel de gestion de l'enherbement et de travail du sol (débroussailleuse, gyrobroyeur, bineuse, butteuse, intercep, robots de désherbage, désherbeur mécanique ou électrique...) ;

• le matériel de traitement (asservissement du pulvérisateur, coupure de tronçon, filet antidérive, panneaux récupérateurs, porte-buse...) ;

• le matériel de prophylaxie (récupérateur de menues pailles, filet anti-insecte, robot pour entretien de la pépinière...) et autre (guidage de précision, épamprage mécanique...).

Le reste des demandes porte sur le matériel d'épandage (20 %) et les capteurs (5 %).

æLes besoins d'investissement en agroéquipement résultent en particulier des interdictions d'usage du glyphosate(1) dans les situations où des alternatives (notamment le désherbage mécanique) sont possibles et des mesures de gestion de plus en plus contraignantes liées à l'usage des produits phytopharmaceutiques. Selon le profil des produits, des zones non traitées doivent être respectées pour protéger les milieux aquatiques, les organismes non-cibles et les riverains. Certains équipements d'application, présentant une efficacité minimale de 66 % pour réduire la dérive de pulvérisation, permettent de diminuer ces ZNT : leur liste est mise à jour régulièrement dans une note de service publiée par la DGAL(2). Notons que les produits de la liste de biocontrôle, utilisables en agriculture biologique et à faible risque ne sont pas concernés. Comme le présente le dossier de ce numéro, même si de nouvelles technologies permettent d'améliorer la qualité de l'application en limitant les pertes ou en réduisant la dérive, le respect de quelques principes de base est essentiel, comme traiter au plus près de la végétation ou choisir la buse adaptée. Arvalis propose un OAD gratuit en ligne qui permet de guider l'agriculteur dans le choix de ses buses(3).

æLe bon réglage du pulvérisateur est aussi une étape essentielle. Conscients de lacunes en la matière (y compris au sein du certiphyto), les participants de l'atelier Innoseta (voir p. 27) ont émis l'idée de profiter du contrôle périodique obligatoire des pulvérisateurs pour aider les agriculteurs à s'informer sur les bonnes pratiques. Notons que depuis le 1er janvier 2021, ce contrôle doit se tenir tous les trois ans au lieu de tous les cinq ans ; seul le premier contrôle a lieu au bout de cinq ans (décret n° 2018-721 du 3 août 2018).

Pour orienter son choix d'un nouvel équipement, le professionnel peut s'aider de la liste des dispositifs antidérive. En viticulture, Performance Pulvé (marque déposée par l'IFV) garantit les performances des pulvérisateurs par des notations sur leur qualité d'application et leur potentiel en termes de réduction des intrants phytosanitaires. Le dispositif de labellisation est déployé depuis décembre via la plateforme web www.performancepulve.fr.

Outre une aide dans le choix du renouvellement des appareils de traitement, il fournit également des conseils détaillés de réglages. Pour la fin de l'année 2021, plus de vingt-cinq modèles seront qualifiés pour plus de 200 déclinaisons (avec quinze constructeurs engagés dans la démarche).

æPar ailleurs, les expérimentations continuent pour évaluer les équipements, comme l'illustre le projet EoleDrift (voir p. 22). Autre exemple, le projet Capriv : mobilisant trois filières (arboriculture, viticulture, grandes cultures), sur une durée de 27 mois jusqu'en décembre 2022, il vise à concilier application des produits phytosanitaires et protection des riverains.

(1) Voir Phytoma n° 738, p. 4.(2) https://agriculture.gouv.fr/materiels-permettant-la-limitation-de-la-derive-de-pulverisation-des-produits-phytopharmaceutiques(3) http://oad.arvalis-infos.fr/choixbuses/FR/PAGE_IDV023.php

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