Ero et Pellenc donnent satisfaction. Pour autant, leurs utilisateurs ne se privent pas de signaler les améliorations que ces deux fabricants devraient apporter. Afiro remporte un succès en Suisse en raison de sa simplicité. Denéchère et Kirogn sont des nouveaux venus. Voici l'opinion des premiers vignerons qui se sont servis de leurs machines.
Afiro et Guilbeau ont en commun de proposer des machines sans moteur, ni agrafeuse, ni écimeuse, de commercialiser l'invention d'un vigneron et d'être presque inconnus.Guilbeau (17160 Matha) distribue la releveuse inventée par Christian Denéchère, qui cultive 10 ha de vignes à Matha, en Charente-Maritime. Elle relève les fils métalliques tombés au sol en les faisant passer dans une gorge tapissée d'un caoutchouc qui les agrippe. Cette gorge est creusée dans un moyeu qui tourne dès que le tracteur avance. La rotation du moyeu entraîne celle du disque qui en est solidaire et qui, en tournant, accroche les pousses dans sa denture et les redresse. Le principe est identique à celui de Pellenc : le relevage des fils entraîne celui des sarments. Mais chez Pellenc, un moteur fait tourner des ameneurs qui soulèvent la végétation. Christian Denéchère estime que c'est inutile.Jean-Guy Arrivé (17260 Virolet), pépiniériste et vigneron, a essayé la releveuse l'année dernière et prévoit de l'acheter. ' C'est une machine simple et qui donne de bons résultats, déclare-t-il. Je m'en suis servi, sans difficulté, dans des vignes à 3 m et de forte végétation. ' Il ajoute que peu de sarments restaient en dehors des fils releveurs après le passage de la machine.Avec Afiro, on change de système. Il n'est plus question de ramasser des fils mais de dérouler de part et d'autre du rang une ficelle synthétique. Là encore, on a affaire à une machine extrêmement simple et légère. Deux barres métalliques inclinées vers l'avant guident le déroulement de la ficelle qui va relever puis retenir les sarments. Cette machine est importée en France par Avidor qui n'a convaincu qu'un seul client dans notre pays. ' Nous nous en sommes servis pour la première fois l'an dernier, explique Paule Necker, du château de Ripaille à Thonon. C'est simple et pas très cher comparé aux autres. Ça va assez vite, nous avons fait 4 ha/jour en relevant trois rangs par passage. ' Les vignes sont plantées à un écartement de 1,20 m. Les ficelles furent posées à partir du 25 mai. Paule Necker est repassée en juin pour ' remettre les pousses qui étaient sorties. 'En Suisse, les utilisateurs sont nombreux. Pierre Hermanjat, installé près de Genève, en fait partie depuis cinq ans. Il n'a rencontré aucun défaut de fiabilité. Il apprécie que l'entretien se limite au graissage des poulies. Il se sert de sa machine pour le second relevage de ses vignes rognées à 2,15 m du sol; le premier, moins dur physiquement, étant fait à la main. Il compte 2,5 à 3 jours pour ses 9 ha plantés à 2,2 m et qu'il relève à raison de deux rangs par passage. ' J'en suis satisfait, déclare-t-il. Comme c'est un petit investissement, il ne dort pas, même s'il ne sert que peu de jours. 'On entend souvent dire que la releveuse Afiro ne conviendrait qu'aux vignes peu vigoureuses. Raymond Meister ne partage pas cet avis. Lui aussi est installé près de Genève. ' Il m'est arrivé de relever un peu tard 3 ha de gamay. C'était la forêt vierge. Malgré cela, la machine a fait un travail propre. Je n'ai pas eu à repasser derrière. ' Ce vigneron possède également du sauvignon blanc très vigoureux qui ne lui donne pas plus de fil à retordre que les autres cépages.Lorsqu'on demande à ces utilisateurs ce qui leur paraît nécessaire d'améliorer, ils répondent : l'agrafage. Ils souhaiteraient qu'il soit automatique. Seuls Ero et Pellenc pourraient leur donner satisfaction. Le premier de ces fabricants est allemand. Lui aussi a choisi de poser des ficelles mais sa palisseuse est plus sophistiquée que la précédente. Elle est munie de deux vis sans fin qui relèvent les sarments. Leur hauteur par rapport au sol peut se régler indépendamment de la hauteur de pose de la ficelle. Elles sont actionnées soit par des moteurs électriques, soit par des moteurs hydrauliques. Les premiers sont moins puissants que les seconds. Devant une végétation très dense, des utilisateurs nous ont signalé qu'il leur arrivait de caler et qu'il fallait alors faire marche arrière pour les dégager.Les sept vignerons contactés sont satisfaits de la fiabilité et du travail accompli par leur machine. Certains signalent qu'il faut porter une attention particulière au nettoyage de l'agrafeuse, un organe qui ne supporte pas les débris de feuille. D'autres estiment qu'il serait nécessaire que les noeuds se fassent automatiquement. Tous regrettent une autonomie en agrafes insuffisante. Ero équipe ses machines d'une réserve de 250 agrafes ou de 4 000 agrafes en bande. Tous nos utilisateurs ont choisi la première option. De l'avis général, elle oblige à des arrêts trop fréquents dans les longues parcelles.Pellenc a déjà écouté les remarques de ses clients. L'an dernier, il faisait tester une présérie de sa nouvelle gamme à quelques clients. Elle est appelée à remplacer l'ancienne dès cette année. Au chapitre des améliorations, signalons une simplification de la conception, accompagnée d'un allégement. De plus, l'agrafeuse a entièrement été revue. ' Elle est plus fiable et fonctionne avec moins d'à-coups que la précédente. ', apprécie Jean-François Dufaget, installé en Gironde. Ce vigneron signale également que l'attelage du nouveau modèle est plus rapide que le précédent.Pour André Morel, la première qualité de la nouvelle Pellenc est sa grande productivité. L'an dernier, elle lui a servi à relever 90 de ses 120 ha sans qu'il ait eu à compléter ce travail à la main. Ce Gersois espère franchir le plafond des 100 ha cette année. Comme son confrère bordelais, il apprécie l'amélioration de l'agrafage mais regrette que Pellenc n'ait toujours pas installé une sécurité qui effacerait les ameneurs dès qu'une tension trop vive s'exerce sur les fils, ce qui éviterait de les casser. Des quatre utilisateurs interrogés, seul Christian Perrot (Gironde) signale que l'agrafage ' reste difficile dans les vignes de forte végétation. Il faut trouver une fenêtre pour les poser. Ce point doit être amélioré. 'Dernier modèle, celui de Kirogn. Comme le précédent, il ramasse les fils tombés au sol à l'aide d'un système motorisé mais il ne pose pas d'agrafe et n'écime pas. Michel Villeneuve est le premier à l'avoir accroché à son tracteur et le seul à l'avoir utilisé tout au long de l'année dernière. ' Plus la vigne est poussée, mieux ça vaut, remarque ce Bordelais. L'idéal est que les pousses dépassent de 30 cm le fil du haut. ' Il estime qu'après une journée de panique, la maîtrise de la releveuse est acquise et ne pose plus de difficulté. Il regrette l'absence d'agrafeuse. Chez Kirogn, cette option n'est pas à l'ordre du jour. ' On entrerait en concurrence avec des machines qui existent déjà. Ce n'est pas notre but ', assure François Luquiau, le directeur commercial de l'entreprise. En revanche, il étudie l'installation d'une écimeuse qui devrait être disponible rapidement.