Nous avons à l'aval de notre filière des intervenants importants... que l'on connaît peu. Ces négociants (parfois producteurs) sont souvent aussi efficaces que discrets. Pernod-Ricard en fait partie.
Pernod-Ricard, cinquième intervenant mondial sur le marché des vins et spiritueux, vient de rompre la glace en menant, début avril, une grande opération de communication avec la presse. Ce groupe réalise 2 milliards de francs de chiffre d'affaires dans le vin (en augmentation constante) sur un total de 19 milliards. L'entreprise est installée depuis plusieurs années en Australie (la marque Jacob's Creek, de sa filiale Orlando Wyndham, est la première de ce pays à l'export), en Argentine (Etchart) et en Chine. Elle s'est développée récemment en Afrique du Sud, au Chili et en Californie, où un oenologue ' volant ' australien achète et vinifie des raisins pour elle. De plus, dans les bagages d'une société productrice de gin que Pernod-Ricard vient d'acquérir en Espagne (Larios), se trouvent Palacio de Vega (un vin de Navarre), un brandy (l'alcool vient de La Mancha) et des vins de Malaga. L'entreprise n'exclue pas d'acquérir une affaire vinicole dans le sud de l'Espagne. Concernant sa stratégie future dans le vin, Patrick Ricard, le PDG, est clair : ' Pour nous, les marges dans le vin sont bonnes. Notre gamme, qui s'étoffe, progresse partout et on ne peut pas toujours fournir. Dans tous les pays où nous sommes présents, on gagne de l'argent. Nous n'en avons perdu qu'en France! '.Il fait sans doute allusion à la vente de la Société des vins de France à Castel, il y a quelques années. L'entreprise vend des vins français via son réseau commercial (Alexis Lichine, Cruse) mais n'en produit pas dans l'Hexagone. Le groupe est cependant présent dans les effervescents avec la marque Café de Paris, installée au nord de Bordeaux.' Nous n'envisageons pas d'investir dans le vin en France. Quand je vois, dans le Midi, les efforts extraordinaires réalisés depuis des décennies et la valorisation qui en est faite aujourd'hui... Peut-être, un jour, achèterons-nous un château dans le Bordelais... mais pour faire plaisir à nos commerciaux. ' Sous-entendu : ' pas pour gagner de l'argent! '. La marge du vin doit être moins importante que celle du Ricard ou des whiskies... Une prudence que l'on retrouve vis-à-vis du cognac et de l'armagnac : le groupe possède les marques Renault et Bisquit, en Charentes, et Marquis de Montesquiou, en Gascogne. ' Les ventes des cognacs baissent partout, sauf aux Etats-Unis. Tout le monde comptait sur la Chine mais le marché y représente aujourd'hui la moitié de ce que l'on espérait. C'est décevant. Quand à l'armagnac, c'est une petite affaire et c'est très difficile... 'Pernod-Ricard est aussi le premier intervenant français et européen sur le marché du jus de raisin avec sa filiale CSR Pampryl, qui possède notamment la société Foulon, à Mâcon (Saône-et-Loire) et Sopagly, à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). Cette année, les résultats ont particulièrement souffert de la perte de marchés en Allemagne (principal importateur européen), où les Italiens ont proposé des prix défiant toute concurrence. Enfin, ce fleuron de l'industrie agroalimentaire nationale (12 600 personnes employées, un résultat net de 1,3 milliard de francs en 1997) est le numéro un sur les marchés des vins doux naturels (Bartissol...). Ces vins, surtout produits dans les Pyrénées-Orientales, connaissent une grave crise et une nouvelle campagne de publicité vient d'être lancée. Pernod-Ricard ne considère pas cette activité comme stratégique pour le groupe : ' Nous ne faisons pas d'efforts particuliers car on ne peut pas être partout. Ces produits ont une marge moins importante que nos apéritifs anisés, explique-t-on, mais nous faisons des efforts à l'exportation, notamment en Amérique du Sud. '