ChateauNet entrera en activité en novembre. Ce site a été crée dans le but de débarrasser le producteur de toute la logistique et des tracasseries inhérentes à la vente de vin à des particuliers dans l'Union. La Grande-Bretagne est son premier objectif.
A écouter Alexandre Sirech défendre son projet avec conviction, il semble difficile d'imaginer un échec pour lui. Après un parcours professionnel dans l'informatique et la vente d'alcools en Grande-Bretagne, il travaille depuis deux ans à la conception de ChateauNet (SA au capital de 500 000 F), un site destiné à la vente de vin sur Internet. Sa petite société est installée à Ambarès, près de Bordeaux (Gironde). ' Je pense que le commerce électronique peut représenter 10 % de la vente du vin dans le monde d'ici à quinze ans. Beaucoup d'éléments prédisposent ce produit à être bien présent sur ce créneau. ' A la présentation, le site semble bien ' léché '.Le premier travail a consisté à rechercher des producteurs indépendants. Une vingtaine ont déjà franchi le pas, beaucoup de Bordeaux mais aussi de Bergerac, de la vallée de la Loire, de la vallée du Rhône ou de Provence. Ils ont payé 12 000 F de frais d'entrée. La société, qui a procédé préalablement, via un comité de dégustation, au bon positionnement en termes de rapport qualité-prix de ses vins, conçoit alors un site pour chacune de ses propriétés, avec texte, photos... Le tout en français et en anglais. Une originalité : une encyclopédie de 250 mots du vin consultable par l'internaute. C'est considéré comme un plus pour l'ergonomie et donc la fidélisation. ChateauNet est ainsi un mégasite regroupant tous les sites particuliers. Une cotisation annuelle est également prévue pour financer l'accès au réseau mondial 24 h/24 (environ 2 000 F TTC). Une campagne de sensibilisation est prévue en Grande-Bretagne pour Pâques, marché test par excellence avec ses fameux prix psychologiques.Les prix départ sont fixés par le producteur. Sur le site, ils sont de 15 à 80 F HT. ' Ils doivent être bien pensés pour essayer ' d'éponger ' le prix du transport pour le consommateur final. Au-delà d'Internet, cette réflexion peut servir à mettre à plat la politique tarifaire pour tous les circuits de vente, nombre de propriétés ayant des difficultés sur ce point ', indique-t-on. Le prix départ est majoré de la marge de ChateauNet (15 %). Pour cette rémunération-là, la société s'occupe du commercial et de la logistique : faire en sorte que le site soit consulté (publicité, se placer auprès de nombreux moteurs de recherche...), que le vin soit livré, que les accises et la TVA soient payées dans le pays de destination, que le règlement en ligne ait lieu. ' Tout ce qui est lourd et fastidieux pour des exploitations viticoles, qui sont souvent ennuyées par la vente de vin en Europe, notamment aux particuliers ', ajoute-t-on. Pour le client, une recherche multicritères est possible.Un logiciel (avec mise à jour) a été conçu pour que le client qui se connecte de n'importe quel pays d'Europe sache, dès qu'il aura choisi son vin, le prix total à payer en comptant les accises et la TVA de son pays ainsi que le coût du transport. ' Certains de nos adhérents avaient arrêté la vente aux particuliers car c'était trop lourd. ' Un contrat spécial a été négocié avec le transporteur UPS pour venir enlever le vin directement chez le propriétaire et le livrer.Concrètement, les expéditions auront lieu de la façon suivante. Dès qu'une commande parviendra à ChateauNet, un ordre d'achat sera télécopié à la propriété (il n'est donc pas indispensable qu'elle soit connectée à Internet) qui préparera la commande. A J + 2, le vigneron recevra une enveloppe format A4 comprenant les documents légaux, le message d'accompagnement (si c'est un cadeau) et la lettre de transport. Il faudra glisser le tout à l'intérieur de la poche plastique (fournie par la société) qui est à coller à la caisse mère. A J + 3, le livreur UPS arrive pour enlever la marchandise.Le client paie directement ChateauNet via sa carte de crédit avec un système de cryptage présenté comme le plus sûr aujourd'hui sur le marché. Le vigneron, qui reçoit mensuellement un récapitulatif des commandes, est réglé à 30 jours fin de mois. La société paie le transporteur. Elle reverse les taxes aux représentants fiscaux (treize au total), en relation avec eux par EDI (échange de données informatisées). Ils les reversent à l'administration de l'Etat de livraison (en prenant leur commission). Si un producteur a des accords avec des importateurs ou des distributeurs dans certains pays, il devra le signaler au départ afin que des commandes ne soient pas prises dans ces pays.' Nous espérons 20 000 connexions par mois, au bout du sixième mois avec un taux de commande sur visite de 1 %. Les clients doivent être convaincus qu'ils font une affaire. A partir de 24 bouteilles environ, ce sera le cas. En Europe, Internet est balbutiant par rapport aux Etats-Unis mais avec un gros effort pédagogique, cela doit fonctionner malgré le discours ambiant, parfois négatif à propos du Web. Les vignerons les plus visionnaires qui se lancent aujourd'hui seront suivis par d'autres. Comme dans tous les métiers nouveaux, il y a des gens plus ou moins sérieux, le marché se décantera ', explique Alexandre Sirech.