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VENDRE - Conseils de pros

L'union fait la force pour réduire le coût du transport

Chantal Sarrazin - La vigne - n°244 - juillet 2012 - page 54

Devant la cherté du transport, des syndicats ont négocié des tarifs préférentiels avec des transporteurs. Des vignerons se sont associés pour pouvoir expédier plus facilement des palettes entières. Tout le monde s'y retrouve.
Le Syndicat de Santenay a négocié avec le transporteur Géodis Calberson pour faire profiter à ses adhérents de tarifs préférentiels pour les expéditions. © Y. CAINJO/GFA

Le Syndicat de Santenay a négocié avec le transporteur Géodis Calberson pour faire profiter à ses adhérents de tarifs préférentiels pour les expéditions. © Y. CAINJO/GFA

SYNDICAT DE SANTENAY : « Des prix 20 % moins cher que si nous étions seuls »

«Il y a trois ou quatre ans, les tarifs des transporteurs augmentaient tous les mois à cause de l'augmentation du prix du fioul, se souvient Louis Lequin, adhérent au Syndicat des vignerons de Santenay. Cela nous a conduits à effectuer un appel d'offres auprès de huit transporteurs.» Six ont répondu. Géodis Calberson a remporté le marché. «Il nous a proposé une grille tarifaire 30 % inférieure à celle que nous subissions jusqu'alors, quel que soit le nombre de bouteilles expédiées (6, 12, 18, 24 et plus) en France.» Aujourd'hui, la remise atteint 20 % environ.

En 2009, vingt et un vignerons membres du syndicat ont choisi de confier leurs expéditions au transporteur. Aujourd'hui, ils sont vingt-cinq à faire appel à lui, soit la quasi-totalité des vignerons de Santenay. «En voyant ces conditions, certains de nos clients cavistes qui avaient leur transporteur en ont changé au profit du nôtre», commente Louis Lequin.

Dès qu'un vigneron a une commande à expédier, il se connecte sur le site du transporteur et remplit les informations qui s'y rapportent : coordonnées du client, nombre de bouteilles, jour et heure de l'enlèvement, horaire de livraison, etc. Il imprime une «fiche de caisse» qu'il colle ensuite sur les cartons. «C'est efficace et cela permet d'éviter les erreurs», précise Louis Lequin.

Les enlèvements sont quasi quotidiens. «Au lieu d'avoir huit transporteurs qui traversent le village, comme c'était le cas autrefois, nous n'en avons plus qu'un. C'est donc moins d'émission carbone. » Pour cette raison, le système pourrait être étendu au reste de la Bourgogne. La réflexion est en cours. En attendant, les vignerons ont mis en avant la baisse des frais de port auprès de leurs clients. «Nous en avons fait un argument commercial », dit Louis Lequin. Au sein de son domaine, les commandes moyennes sont passées de douze à dix-huit bouteilles. La diminution des frais de port a certainement joué, mais pour le propriétaire «ce n'est pas la seule raison».

VIF DE DORDOGNE : « Des économies et une palette de service »

«Nous avons négocié une grille tarifaire unique, lance Christophe Geneste, président des Vignerons indépendants (Vif ) de Dordogne Périgord. Les vignerons bénéficient des mêmes avantages, qu'ils expédient trois colis par jour ou trois colis par mois en France. C'est la condition sine qua non pour recueillir l'adhésion du plus grand nombre.»

Fin 2010, l'association a lancé un appel d'offres auprès de plusieurs transporteurs. «Nous en avons retenu deux, Mory et la Sernam, reprend Christophe Geneste. Ils nous ont proposé un rabais de 10 %. Nous avons démarré en janvier 2011.» Entretemps, la Sernam a disparu.

Aujourd'hui, les vignerons travaillent uniquement avec Mory. Sur les 120 adhérents des Vif, 60 % utilisent ses services. «L'entreprise n'a pas anticipé son succès, se souvient Christophe Geneste. Au début, elle n'affrétait pas assez de camions pour répondre à la demande. Depuis, elle a rectifié le tir.» Le transporteur s'est ainsi engagé à réaliser des tournées journalières sur un secteur qui va de Bergerac (Dordogne) à Castillon-la-Bataille (Gironde).

Il offre une palette de services. Comme le suivi du colis : le vigneron peut savoir à tout moment où se trouve sa commande en se connectant sur le site du transporteur. Il peut recevoir un SMS qui le prévient qu'elle est arrivée à bon port. Mory propose aussi la prise de rendez-vous avec les clients qui souhaitent être livrés à des jours et des horaires particuliers. Il ne pratique pas de surtaxe sur les livraisons dans les grandes villes. «Attention, prévient Christophe Geneste. Certains transporteurs font payer ces services. Cela peut aller jusqu'à 15 euros supplémentaires par expédition. C'est à prendre en compte au cours de la négociation.»

Lors d'une négociation, la motivation du transporteur est également importante. «Mory souhaitait réellement nous accompagner», souligne Christophe Geneste. Les vignerons sont globalement satisfaits. « Les conflits sont mieux réglés et plus vite qu'avant. Nous rencontrons moins de problèmes de casse ou de colis réexpédiés au domaine. De plus, les délais d'acheminement sont respectés. » À savoir 24 à 48 heures après le départ de la marchandise.

AMBIANCE RHONE TERROIR : « À huit, nous pouvons expédier des palettes entières »

2005. Jérôme Castillon, vigneron dans les costières de Nîmes, s'aperçoit que ses clients cavistes hésitent plus en plus à lui acheter une palette de 600 bouteilles. Or, c'est l'unité de transport la plus économique, avec 15 centimes d'euros par flacon en moyenne, le tarif fixé par la plupart des transporteurs. Depuis, il s'est associé avec sept autres vignerons de la vallée du Rhône au sein de la société Ambiance Rhône terroir. Ces producteurs expédient leurs vins en commun à une clientèle de cavistes et de restaurateurs français et étrangers. Ils représentent toute une palette d'appellations rhodaniennes : Châteauneuf-du-Pape, Gigondas, Vacqueyras, Vinsobres, Cornas, Côte-Rôtie, Saint-Joseph, Crozes-Hermitage, Saint-Peray et Costières-de-Nîmes « Nos clients commandent en panachant nos domaines, explique Jérôme Castillon. Les quantités atteignent facilement la palette complète. Cela nous permet d'appliquer le tarif de 15 centimes d'euros par col l'expédition. La composition des palettes dépend de la saison. Par exemple, des quantités importantes de rosés l'été qu'ils complètent avec quelques rouges plus corsés dont ils ont toujours besoin pour garnir leur rayon ou parce qu'ils les ont à leur carte. Ainsi, ils peuvent bénéficier de notre tarif avantageux, mêmes pour six bouteilles d'un vin. »

Avec ses comparses, il a investi dans une plateforme d'éclatement de 900 m2 à Saint-Gilles, dans le Gard. Pour y acheminer leurs cartons au meilleur coût, ils ont passé un accord avec les transports Mazet. Ceux-ci approvisionnent la plateforme à un tarif préférentiel : 10 centimes d'euros par col. En échange, les sept associés leur ont confié la moitié de leur activité en France. Par ailleurs, ils ont recruté une secrétaire, un commercial et un préparateur de commande. Dès qu'une commande est prête, la secrétaire contacte l'un des cinq transporteurs auxquels ils font appel.

En 2011, le chiffre d'affaires de la société a progressé de 35 %, à 1,5 million d'euros pour 300 000 cols vendus. Quant à Jérôme Castillon, il estime qu'il vendrait moins de vin s'il était resté seul. Et il évalue qu'il devrait supporter un coût de transport de l'ordre de 1,50 euro le col.

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