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Les transporteurs boudent les particuliers

La vigne - n°120 - avril 2001 - page 0

Contraignante et peu rémunératrice en dépit des dernières augmentations, la livraison aux particuliers intéresse de moins en moins les transporteurs.

Tarifs de plus en plus élevés, délais élastiques, problèmes ponctuels de vol ou de casse, communication parfois difficile avec les services commerciaux ou comptables... : les griefs des vignerons à l'égard des transporteurs sont légion. Et les exemples concrets ne manquent pas : six mois pour obtenir les nouveaux tarifs, trois semaines de délais en fin d'année pour livrer en région parisienne, hausse des tarifs sans préavis après enlèvement de la marchandise...De leur côté, les transporteurs soulignent les contraintes liées à la livraison chez des particuliers. ' Il faut contacter les personnes, prendre rendez-vous en définissant une tranche horaire, se faire transmettre les codes des portes d'immeubles ou les horaires des gardiens. Une fois arrivé dans le quartier, il faut réussir à garer le camion et monter les cartons à l'étage ', explique Georges Fougère, de la société Logivin, qui livre essentiellement sur Paris et la région parisienne. Les transporteurs se trouvent aussi confrontés aux horaires des particuliers qui sont, en général, disponibles après 18 h ou le samedi matin. Une situation parfois délicate pour des entreprises aux 35 h. ' Chez nous, les chauffeurs font 37 h 30 par semaine. Si au cours de leur tournée, ils sont pris dans un embouteillage et qu'ils font une journée de 9 h, nous sommes obligés de revoir tout leur planning de livraison de la semaine pour ne pas dépasser 37 h 30 ', précise-t-on chez BMV. Concernant les problèmes de casse, certains transporteurs dénoncent la baisse de qualité des emballages utilisés par les vignerons. ' Les bouteilles sont plus légères, donc plus fragiles, et il y a de moins en moins de protections dans les cartons. Cela permet aux producteurs de réaliser des économies sur leurs matières sèches et se justifie probablement lors d'une expédition en palette entière. En revanche, pour la messagerie où la manipulation est inévitable, on ne devrait pas lésiner sur la qualité de l'emballage des bouteilles. La casse peut représenter un coût important pour le transporteur dans la mesure où il existe une garantie, mais ce coût sera inévitablement répercuté sur les tarifs. ' Nous arrivons donc à l'épineux problème des prix. Ces derniers mois, ils ont été largement revus à la hausse chez l'ensemble des transporteurs pour des raisons d'augmentation du prix du fioul, du passage aux 35 h, mais également de la pénurie de main-d'oeuvre. ' Le vin est un fret sensible car, d'une part, les colis sont fragiles et, d'autre part, c'est une marchandise qui attire la convoitise. Il est donc indispensable d'avoir des chauffeurs très consciencieux. Malheureusement, nous manquons de candidats ', constate un transporteur. Pour les livraisons aux particuliers, les transporteurs semblent aussi répercuter plus fidèlement leur coût de revient. ' Lorsque nous livrons chez un commerçant ou dans une entreprise, cela nous revient environ à 25 F. Pour un particulier, en tenant compte du temps de traitement pour la prise de rendez-vous et de la perte de productivité liée notamment aux étages, l'acte de livraison nous coûte près de 60 F. Si le client n'est pas au rendez-vous, ce qui arrive malheureusement assez souvent, nous devons alors présenter le colis une deuxième fois et le coût est doublé pour nous alors que le prix payé par le vigneron reste le même ', explique le responsable messagerie de la Sernam. Un autre transporteur envisage de prévenir le particulier lors de la prise de rendez-vous qu'un surcoût sera appliqué s'il faut livrer une seconde fois. Ces contraintes ont poussé de nombreux transporteurs à abandonner la livraison aux particuliers pour cibler prioritairement les entreprises (CHR, grossistes, cavistes...). ' Nous conservons nos clients actuels en messagerie, à condition qu'ils nous fassent aussi travailler pour des expéditions plus importantes. En revanche, nous ne cherchons pas à développer ce créneau et nous ne prenons pas de nouveaux clients ', remarque un transporteur. Il devient donc difficile aux vignerons de se faire entendre dans ce contexte de réduction de l'offre. Chacun s'adapte à sa façon. Certains vignerons proposaient des tarifs franco de port ; ils s'orientent désormais vers un tarif départ cave, auquel est joint une grille tarifaire : selon la quantité commandée et sa situation géographique, le client pourra calculer le port dû. ' Les clients font ainsi la différence entre le prix du vin et celui du transport. Cela peut aussi les inciter à se grouper car ils constatent la dégressivité des coûts de port en fonction de la quantité de bouteilles ', observe une vigneronne. Pour les petites commandes de 1 à 12 bouteilles, de nombreux professionnels se tournent vers La Poste. ' Compte tenu de la hausse des tarifs chez les transporteurs traditionnels, La Poste se place de mieux en mieux ', remarque un vigneron. Les Colipostes de 1, 2 et 3 bouteilles - comprenant le paquet, l'affranchissement et l'assurance - ont ainsi vu leur chiffre d'affaires doubler entre 1999 et 2000. La Poste souhaite aussi développer d'ici à l'été prochain des emballages de 1, 2, 3 et 6 bouteilles non affranchis. Un cahier des charges a été transmis aux cartonniers qui doivent faire des propositions. La Poste agréera certains emballages en fonction de leur résistance et le nom des revendeurs des cartons agréés sera disponible dans les bureaux de poste. Chacun choisira alors le mode d'affranchissement adapté au produit et à l'urgence.

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