Le rapport Roques, sorti il y a quelques mois, classait les boissons alcoolisées au même rang que l'héroïne et la cocaïne en termes de dépendance, de toxicité et de dangerosité sociale (voir La Vigne n° 90, page 16). Ce classement ne restera probablement pas sans conséquences. Un décret devrait notamment élargir les compétences de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie aux boissons alcoolisées. ' Que les alcooliques soient soignés dans les mêmes unités que les toxicomanes, pourquoi pas. En revanche, on ne peut pas laisser faire le lien entre boissons alcoolisées et drogues dures ', estime un responsable de notre filière. Une structure temporaire, créée mi-mars et qui ne ' vivra ' que le temps de sa mission, cherche à alerter les pouvoirs publics et les professionnels. Le Comité de liaison des organisations professionnelles, agricoles et régionales (Coliopar) rassemble ainsi des structures représentatives de la bière, du cidre, des spiritueux ainsi que de grosses entreprises. La filière viticole, en revanche, ne souhaite pas y participer. ' Nous partageons les inquiétudes des autres secteurs concernés mais nous ne voulons pas que le vin soit assimilé aux autres boissons alcoolisées. Le vin a ses spécificités, comme le mode de consommation et les effets bénéfiques sur la santé. Il n'est pas question de servir d'alibi aux autres produits, dont certains sont particulièrement impliqués dans l'alcoolisme des jeunes ', indique-t-on. Et il est vrai que le Coliopar met systématiquement vins et champagnes en avant dans ses communications alors que la filière viticole est peu présente dans le comité, sauf par le biais de quelques entreprises. Ainsi, sur les tracts distribués à l'entrée du salon de l'agriculture, on peut lire : ' Viticulteurs pas dealers! '. Les réserves émises par la filière viticole peuvent sembler légitimes mais il ne faudrait pas que cela serve d'excuse pour ne rien faire. On sait en effet qu'une fois un décret paru, il est extrêmement difficile d'obtenir une révision.