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Traitement face par face : des vignerons convaincus

La vigne - n°98 - avril 1999 - page 0

Les vignerons équipés de rampes face par face sont sûrs de réaliser de meilleurs traitements. Ils apprécient de ne plus être les jouets du vent. Dans quelques domaines, l'arrivée de ces engins entraîne des économies de produits phytos. En contrepartie de ces avantages, le conducteur doit faire preuve d'une attention très soutenue.

Les rampes de traitement face par face commencent à faire partie du paysage viticole. De plus en plus de vignerons s'en équipent, malgré leur coût. Les deux principales raisons qui les poussent à le faire sont la recherche d'une meilleure qualité des traitements et celle d'une diminution de la pollution de l'environnement. Ceux qui ont franchi le pas ne le regrettent pas. Cependant, rares sont les vignerons qui ont constaté une amélioration de la protection de leurs vignes. La plupart des équipements n'ont servi qu'une ou deux campagnes. Ils n'ont pas encore affronté l'une de ces années difficiles où les différences deviennent flagrantes.Jean-Jacques Gobet, installé à Igé (Mâconnais), n'a pas attendu qu'elle se présente pour évaluer la rampe AB Most de Berthoud. L'an dernier, il l'a comparée à son canon. Il a appliqué son programme antibotrytis à trois traitements avec ces deux matériels. ' A la récolte, c'était l'eau et le vin, affirme-t-il. Il y avait au moins 80 % d'écart entre le canon et la rampe. ' Mais ce vigneron est le seul, de notre enquête, qui ait fait des comparaisons. Les autres n'ont jugé la qualité de la pulvérisation qu'à l'aide de papiers hydrosensibles. Ils ont ainsi remarqué qu'elle était supérieure à celle des pneumatiques classiques, des appareils à jets porté (aéroconvection) ou projeté (pendillard).Autre supériorité : l'indifférence au vent. Les gouttelettes de bouillie ne sont plus ballottées par le moindre courant d'air. De ce fait, l'organisation du travail est bien moins perturbée par les aléas climatiques. Les utilisateurs des rampes face par face n'hésitent à achever leurs traitements, même si en cours de journée, une brise se lève. ' On est sûr d'être passé face par face, explique Damien Grenier, à Bouzon-Gellenave (Gers), qui, en 1996, a remplacé un appareil pneumatique équipé de sorties hautes par une rampe Paralflow de chez Hardi. Avant, on n'a pas eu de pépin, mais c'était de l'à-peu-près. Il suffisait qu'il y ait un peu de vent pour qu'on lèche à peine la végétation du rang d'à côté. 'Des traitements qui arrivent à destination, c'est la garantie d'une protection efficace, mais surtout une source de tranquillité d'esprit. ' Avec le Pulsard (Tecnoma), dès que le mistral se levait, je ne savais plus ce que je faisais, se souvient Réné Ozil, un Ardéchois. C'était insupportable. Cela m'empêchait de dormir la nuit. Avec le Turbocoll (Tecnoma), je suis certain que le produit est sur les grappes et les feuilles, même si ça souffle à 50 km/heure. 'Fort de cette assurance, René Ozil prévoit de réduire, dès cette année, sa consommation de produits phytosanitaires. Il a acheté sa rampe face par face l'an dernier et a attendu de l'avoir bien en mains avant de s'engager dans cette voie.Pour cela, il s'y prendra de deux manières. Il diminuera un peu la dose épandue par hectare. Mais surtout, en début de saison, il n'ouvrira que les buses correspondant à la hauteur de la végétation développée. ' Chaque module a quatre jets. Pour le premier traitement, il suffit d'ouvrir celui du bas. Ainsi, là où je faisais 1 ha avant, j'en ferai 4. 'Pierre Fezas, à Courrensan (Gers), joue lui aussi sur ces deux tableaux. Il a été convaincu par la rampe Paralflow de Hardi dès qu'elle fut mise sur le marché. Depuis qu'il s'en sert, il a diminué ses achats de produits phytosanitaires d'au moins 25 %. ' Et je n'ai pas rencontré de problème particulier ', assure-t-il. Certains utilisateurs voient dans ces économies le moyen de compenser la différence de coût entre leur rampe et un équipement classique. Mais cela ne les amène pas à prendre de risques inconsidérés. Rares sont ceux qui cherchent à appliquer une dose inférieure de plus de 10 à 15 % à la dose homologuée.D'autres utilisateurs estiment au contraire qu'ils ne gagneraient rien à réduire les doses. Ils redoutent que cela compromette la qualité des traitements, ce qui est en contradiction avec la raison pour laquelle ils ont acheté leur rampe. Dans cette optique, ils ne feraient que revenir à leur point de départ en termes de qualité de protection. Autant garder un appareil classique et plus maniable.L'encombrement des rampes est une cause de soucis. Il est source de fragilité. Des châssis se tordent et se plient. Des pièces se déboîtent. Mais au terme de notre enquête, il nous est impossible de dire si des marques sont plus solides que d'autres. Une chose est sûre : les problèmes sont d'autant plus importants que les matériels sont récents. Il s'agit donc de difficultés de mise au point. Apparemment, tous les fabricants prennent à coeur de les régler. Leurs concessionnaires réparent sans broncher les pièces défaillantes.En raison de l'encombrement, nos interlocuteurs estiment qu'il est impossible de mener plus de cinq rangs par passage avec un enjambeur qui n'a pas de poste de conduite central. Pour la même raison, la conduite exige une attention soutenue et du doigté. En bout de parcelle et de rang, les arbres, murets et talus sont autant d'obstacles que l'on peut facilement accrocher. Mieux vaut de larges tournières et des terrains sans creux, ni bosses! Cependant, bien qu'elles soient impressionnantes, les rampes ne sont pas indomptables. Personne n'a eu besoin de plus d'une demi-journée pour les avoir en mains.Chez certains constructeurs, des automatismes sont là pour épauler le conducteur lorsqu'il manoeuvre. ' En bout de rang, on appuie sur un seul bouton et ça fait tout : la pulvérisation s'arrête et la rampe remonte au-dessus de la végétation. C'est génial ', s'enthousiasme Gilbert Louche, du domaine de Belle Feuille (Gard), qui s'est équipé en Pellenc.La puissance consommée est un autre souci. Il faut s'assurer que son tracteur dispose de souffle suffisant pour qu'il puisse en donner à la turbine. Lorsque ce n'est pas le cas, il faut le remplacer. Des vignerons ne s'en sont aperçus qu'à l'usage. Leur fournisseur n'a pas su (ou pas voulu?) leur présenter toutes les conséquences de l'investissement qu'ils faisaient. L'un de nos interlocuteurs du Mâconnais se trouve dans une telle situation. Il y fait face en se servant de sa rampe uniquement pour les traitements de la zone des grappes car ils nécessitent moins de puissance que les traitements de couverture.Ces considérations ont conduit Jean-Claude Lépine, au château Léoville Poyferré (Gironde), à opter pour le Turbocoll de Tecnoma. ' A qualité de traitement égale, c'est le système qui consomme le moins d'énergie ', soutient-il. Ce fabricant a retenu un principe original. A la différence des autres, ses gouttes sortent d'une buse. Elles ne sont pas formées par un courant d'air, mais simplement transportées vers le feuillage par ce moyen.Après le traitement, les rampes exigent un entretien soigneux. A chaque fois, il faut nettoyer tous leurs organes. Comme ils sont nombreux, le temps passé est bien plus long que sur un simple atomiseur. Si ces soins sont fastidieux, ils sont indispensables à la longévité du matériel.

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