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La capsule, touche finale de l'habillage

La vigne - n°103 - octobre 1999 - page 0

L'effet 2000 décoiffe un peu la tradition. Timidement, car la capsule de surbouchage porte sur sa jupe l'esprit maison.

Feux d'artifice en hologramme, fonds irisés ou, au contraire, très sobres pour fêter l'an 2000, l'habillage explose en couleur, note Nicole Girardot, du SGV (Syndicat général des vignerons) qui, depuis ses dépôts de la Marne et de l'Aube, approvisionne quelque 4 500 récoltants manipulants. La coiffe de surbouchage n'est pas en reste. Le syndicat propose entre 1 300 et 1 400 références, dont 800 spécifiques. Ce panel couvre toutes les centilisations, les couleurs mais aussi les différents besoins en repérage des coiffes (spots), les préférences de calligraphie (anglaise, bâton et, plus rarement, gothique...). Si les ors et le noir restent les teintes nobles, la palette des couleurs s'ouvre depuis quelques années.'On voit des crèmes, reprend-elle, et dans la gamme des ors, le ton devient plus clair. Le bleu, longtemps oublié, revient pour l'occasion du millénaire ainsi que la teinte argent'. La cuvée 'Grande réserve 2000', de Charles de Cazanove, va inaugurer en Champagne la coiffe à tête transparente de Péchiney Emballage Alimentaire. Une façon de mettre en valeur la plaque de muselet, objet de collection.La coiffe est devenue un objet de marketing, participant à la personnalisation de la marque. Philippe Brosseau, responsable des coiffes au sein du groupe LVMH, souligne l'importance de cet élément d'habillage : 'Dans un seau à glace, c'est la seule partie de la bouteille que le consommateur a constamment sous les yeux.' Par ailleurs, la coiffe est le support de la fiscalisation.'Comme dans la couture, il faut une cohérence entre l'habillage et ce qu'il y a dans la bouteille, mais aussi entre les divers éléments que sont l'étiquette, la collerette et la coiffe, estime Jacky Villette, de Péchiney Emballage Alimentaire. Cette approche nous amène souvent à intervenir en cours de création. La coiffe a ses contraintes propres : un espace restreint, des pliures. Tout n'est pas 'industrialisable' et le rendu sur nos supports n'est pas le même que sur papier. L'équipement du client en matériel d'habillage freine certaines ardeurs.'La Champagne demeure plutôt traditionnelle, ce que d'aucuns regrettent. Les techniques d'impression restent classiques, le marquage à chaud prenant de plus en plus d'ampleur.En deçà de 10 000 unités, les petites séries se heurtent vite à un problème de coût. Or, les cuvées spéciales se multiplient. La mode est aux flaconnages à col fin, coiffé de capsule très courte ou très longue. 'C'est une question d'esthétique, relève Isabelle Gauthier, de Sparflex Groupe, société marnaise. Mais attention à ce que le niveau de remplissage n'arrive pas en dessous de la coiffe!' Ces formats, qui vont de 55 à 155 mm de haut pour des conicités de 3,11° à plus de 6°, ne représentent pas de grandes quantités. Beaucoup sont encore placées à la main, peu de matériel étant adapté à une pose précise de ce type de coiffe.Quant aux formes et découpes particulières, tous les fournisseurs en disposent dans leur catalogue. 'Le choix des coiffes, collerettes ou médaillons permet de gérer une référence de moins et d'économiser le temps de pose, indique Isabelle Gauthier, mais c'est plus cher qu'un bas de jupe droit.' Le rendu papier étant bien supérieur à l'aluminium, d'aucuns privilégient ce support pour la collerette.Pas de révolution dans les matériaux. L'aluminium, avec son aspect gaufré, est l'une des spécificités françaises. Il est réservé au marché bas de gamme. Dans le cas de Mercier ou de Moët et Chandon, c'est le résultat d'un choix de marketing. Selon les fournisseurs, il ne représente plus que 15 à 30% des ventes. Le gros du marché est occupé par des capsules en complexe plus ou moins épais : une couche de polyéthylène extrudé prise entre deux feuilles d'aluminium. Enfin, le grand luxe pour les cuvées spéciales, c'est l'étain, dont la demande explose avec l'an 2000.Premier contact avec la bouteille, l'ouverture est un instant clé mais peu technique pour le consommateur. Résultat : un habillage déchiqueté, malgré la présence de pointillés ou de tirets. Pour garder une belle présentation, les fabricants de coiffes proposent depuis longtemps d'intégrer une languette qui guide l'ouverture : un tircel, en aluminium et polymère. 'Il est réclamé par plus de la moitié du marché et utile dans des secteurs comme l'aviation', estime François Arnoux, de la Société alsacienne d'aluminium (Bas-Rhin), soulignant que de son épaisseur et de sa forme dépend son efficacité.Quasi absent des commandes du SGV, le tircel est sur les coiffes utilisées par la maison Louis Roederer et chez Mailly Champagne. Pour signaler sa présence, il est parfois d'une teinte contrastée ou différente de la coiffe. 'C'est une solution acceptée par défaut', estime Jacky Villette.'La coiffe de surbouchage est une fourniture qui ne pose aucun problème si l'on a le matériel de pose adapté', commente Michel Pansu, chef de cave chez Louis Roederer. L'important est d'assurer une bonne distribution avec moins de 2% de déchets. 'Les coiffes sont des fournitures fragiles qui voyagent mal. Les chaînes ont des cadences de plus en plus rapides et les cellules qui lisent les spots de repérage sont capricieuses, note Isabelle Gauthier. Elles lisent aussi bien les défauts de pli ou les reflets. On voit ainsi beaucoup de bouteilles mal habillées', reconnaît-elle, attentive aux exigences techniques de ses clients. 'Mes attentes portent sur la logistique et le service', indique Philippe Brosseau, citant la livraison en plateau thermoformé avec consignation, la standardisation des formats classiques, des matériaux moins lourds, mieux recyclables, des solutions vis-à-vis des contrefaçons...Que restera-t-il des innovations suscitées par l'an 2000? La prudence semble de rigueur mais tout de même : 'Le consommateur va se familiariser avec une qualité supérieure, reprend Jacky Villette. Nous attendons une certaine pérennisation des efforts de présentation dans le haut de gamme. Il y a trop de bouteilles tristes, l'effet 2000 peut contribuer à l'évolution de l'habillage.'

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