Depuis quatre ans, j'ai la double casquette de maire de Chiroubles (350 habitants) et de président de la cave coopérative. Dans ces deux fonctions, les responsabilités ne cessent d'augmenter mais les moyens pour y faire face restent les mêmes. En tant que maire, je suis confronté à des problèmes qui vont de la chute d'une tuile d'un bâtiment public aux problèmes d'assainissement, en passant par le contrôle des cages de football qui doivent pouvoir résister à une certaine pression prévue réglementairement... Dans une petite commune, sans service juridique, le maire peut se sentir dépourvu face à la multiplication des dispositions légales à appliquer. Je connais le même problème en tant que responsable de la cave coopérative. Seuls les domaines d'intervention diffèrent. Avant, on demandait à un président d'assurer la bonne gestion des affaires, c'est-à-dire vendre le mieux possible et dépenser le minimum'. Aujourd'hui, on est responsable du traitement des effluents, de la mise en place de procédures type HACCP qui impliquent un contrôle de tout le processus d'élaboration du vin... Bref, l'environnement juridique et technique dans lequel on travaille ne cesse d'évoluer. Pourtant, lorsqu'on fait des choix d'investissement, on s'engage sur le long terme. Les décisions sont donc de plus en plus difficiles à prendre. Le pire est peut-être à venir. Selon moi, le gros dossier des prochaines années sera celui des responsabilités en matière d'environnement. Sur la question du traitement des rejets viticoles, je vais devoir faire face aux tirs croisés de mes administrés locaux et de mes adhérents à la cave. Quelle que soit la décision prise, je vais m'entendre dire que j'ai préféré tel camp au détriment de l'autre. Il y a des jours où l'on se dit qu'on ferait bien de tout arrêter pour être enfin tranquille.'