Porté par la méfiance envers les produits phytosanitaires, l'épamprage mécanique a le vent en poupe. Le travail est plus long que l'épamprage chimique, mais le résultat plus élégant.
Avant d'envisager l'épamprage mécanique, il faut s'assurer que son vignoble s'y prête. Les machines ont des exigences très marquées. Elles n'apprécient pas que les fils releveurs traînent au sol: leurs lanières s'y prennent. Les constructeurs commencent à s'en préoccuper et installent des guide-fils au-dessus des têtes d'épamprage. Par ailleurs, les machines supposent des troncs droits, des jeunes plants solidement attachés et des points de greffe bien dégagés. Dans les vignes où le point de greffe se trouve au ras du sol, elles atteignent péniblement les pampres les plus bas. Par temps sec, on ne les détache qu'au prix d'un volumineux dégagement de poussières et de cailloux. Cela accélère l'usure des lanières.Les jeunes plantations ou les remplaçants réclament un soutien. S'ils ne sont pas maintenus à un tuteur, ils risquent d'être entraînés par les lanières lorsqu'elles s'enroulent autour de leur tronc. Ce genre d'incident se produit avec les épampreuses, dont les têtes tournent autour d'un axe vertical, conception retenue par Binger France, Boisselet, Brunel et Ferrand. Pour l'éviter, il faut arrêter les moteurs hydrauliques au passage des remplaçants. De la part du chauffeur, cela suppose une attention très soutenue. Lorsqu'ils ont atteint cinq ans, les plants sont suffisamment robustes. C'est le délai qu'attendent la plupart des utilisateurs avant d'entrer dans leurs nouvelles plantations. Il ne leur procure pas une garantie absolue. Certains signalent que même après ce laps de temps, ils ont eu la mauvaise surprise de voir des sujets violemment secoués alors qu'ils leur paraissaient solides.L'épampreuse Tordable, fabriquée par I2N, agit avec plus de douceur. L'un de ses utilisateurs nous a certifié qu'il était intervenu dans des vignes âgées de deux ans sans qu'elles en aient souffert. Les autres prennent plus de précautions et attendent un an de plus. Aucun des vignerons équipés par les marques précédentes ne s'engage aussi tôt dans ses plantiers. Les plus pressés patientent jusqu'à ce qu'ils aient quatre ans. Les têtes de l'Ecolo, de Tordable, sont fixées sur un axe horizontal perpendiculaire au sens de l'avancement. Boisselet (1) et Clemens ont également opté pour un axe horizontal, mais parallèle au sens de l'avancement. Selon eux, leur conception permet d'accomplir deux travaux en même temps: l'épamprage et le désherbage sous le rang.L'Ecolo se distingue de ses concurrentes à d'autres points de vue. Elle est pourvue de quatre brosses: deux de chaque côté du rang. Les autres n'ont que deux brosses. Elle ne s'arrête pas, mais s'ouvre à hauteur des jeunes plants. Et surtout, elle est nettement plus chère que les autres. Son prix commence à 41 000 F HT et atteint 63 500 F HT avec le réglage hydraulique de la hauteur, le centrage automatique le long du rang et les commandes électriques. L'épampreuse de Binger France commence à 20 700 F HT, celle de Clemens à 24 700 F HT. Brunel et Ferrand appliquent des tarifs comparables. Le plancher se situe à 28 200 F HT pour le premier et 28 700 F HT pour le second. Tous ces prix correspondent à des machines destinées à des tracteurs interlignes et qui nettoient les deux côtés des ceps. Quant à Boisselet, il annonce 14 900 F HT pour son ébourgeonneuse destinée aux enjambeurs.Les épampreuses chimiques sont meilleur marché. Celle de Pulvérisation S 21 ne vaut que 6 800 F HT. Viennent ensuite Sabourain (9 790 F HT), Magnetto (10 530 F HT) et Dhugues (11 500 F HT). Il s'agit là aussi des tarifs de base. Chez Magnetto, pour 2 000 F de plus, on acquiert un système de récupération des bouillies. L'idée paraît bonne. Cependant, selon un utilisateur, l'aspiration se bouche facilement par les feuilles et des morceaux d'écorce décrochés par les brosses qui confinent l'espace de pulvérisation.L'épamprage chimique présente d'autres intérêts. Comme l'herbicide atteint le sol, il détruit les mauvaises herbes présentes sur le rang en même temps que les pampres. On fait donc deux opérations en un passage. Les machines avancent à plus de 3 km/h. A cette vitesse, il est très difficile d'éviter d'asperger les remplaçants, même lorsqu'on est équipé d'un système antigoutte. Mieux vaut qu'ils soient protégés par un manchon en plastique. C'est la principale complication rencontrée par les utilisateurs.Les épampreuses mécaniques évoluent moins vite. Avec elles, on ne dépasse pas 3 km/h. Tordable revendique d'avancer plus rapidement. Les quatre utilisateurs que nous avons joints ne le confirment pas. Trois d'entre eux disent ne pas aller à plus de 2,5 km/h. Les vignerons équipés par les autres marques nous ont fait part des mêmes vitesses, à l'exception d'un seul qui avance à 3,5 km/h avec une Boisselet montée sur son enjambeur. Sur ce plan-là, toutes les marques nous paraissent équivalentes au terme de notre enquête.Malgré leur compétitivité, les épampreuses chimiques sont en perte de vitesse. Elles souffrent du vent écologique qui dessert les herbicides. Mais surtout, elles laissent les vignes moins belles qu'après un brossage. En desséchant, les pampres enlaidissent les troncs. Les plus jeunes finissent par tomber d'eux-mêmes. Mais ceux dont la taille dépasse 20 cm restent en place. A moins d'une intervention manuelle, les parcelles portent la marque de l'épamprage jusqu'à la taille. En comparaison, les brosses délivrent un tronc net, immédiatement dénudé. Elles le débarrassent d'une partie de son écorce, ce que l'on suppose bénéfique du fait de la destruction de niches à parasites. L'élégance du travail rendu joue en faveur de l'épamprage mécanique.(1) Boisselet commercialise deux machines: l'Ebourgeonneuse, dont les têtes sont supportées par un axe vertical, et la Rotofil dont l'axe est horizontal.