Le passage par l'AOVDQS s'inscrit dans la démarche de vignobles souhaitant accéder à l'AOC. Ces vins sont principalement commercialisés sur place et jouent la carte du tourisme.
Créés en 1949, les VDQS (vins délimités de qualité supérieure) sont devenus AOVDQS (appellation d'origine vins délimités de qualité supérieure) en 1981. Ces deux petites lettres en plus pourraient passer inaperçues. Et pourtant, elles sont loin d'être anodines. Les VDQS sont ainsi entrés dans la famille des appellations d'origine, avec un statut et une réglementation qui leur sont propres. 'En 1972, l'existence des VDQS avait été remise en cause, témoigne Joseph Toublanc, président de la fédération des AOVDQS et vigneron dans les coteaux d'Ancenis (Loire-Atlantique). Ils ont été maintenus pour habituer les vignerons à une certaine discipline avant de passer, éventuellement, en AOC.' A cette époque, 82 VDQS totalisaient 3,8 millions d'hectolitres. Aujourd'hui, les 3 000 vignerons des 24 AOVDQS produisent près de 500 000 hl, soit huit fois moins.'Cet effondrement de la production s'explique par le passage en AOC des gros VDQS du Languedoc et de Provence, analyse Hervé Briant, de l'Inao. Il y a une quinzaine d'années, les VDQS étaient même voués à disparaître, une nouvelle fois. En fait, ils se sont maintenus pour deux raisons. Certains vignerons souhaitent rester en VDQS car ils ne sont pas prêts à passer à un niveau de contrainte supérieur. Par ailleurs, il était intéressant d'avoir ce niveau intermédiaire entre vins de pays (VDP) et AOC pour affirmer un lien au terroir plus fort et entrer progressivement dans une logique de construction de notoriété.'Depuis décembre 1999, les AOVDQS comptent un nouveau venu avec les coteaux du Quercy. D'autres devraient suivre. Les coteaux de la Charité-sur-Loire et les côtes de la Meuse ont déposé un dossier pour passer AOVDQS. Seuls les vins rouges de Limoux sembleraient pouvoir faire l'impasse de l'étape intermédiaire des AOVDQS. En effet, les vins blancs de Limoux sont déjà AOC et par souci d'homogénéité, les VDP rouges pourraient passer directement en AOC.Du côté des bons de sortie, les vins de Cabardès (Languedoc) et des côtes du Vivarais (vallée du Rhône) sont passés AOC en 1999, rejoints en février 2000 par les vins des côtes du Forez (Loire). D'autres AOVDQS ont officiellement déposé leur dossier: les vins du Bugey (nord-est de Lyon), les vins de l'Orléanais, des coteaux du Vendômois (vallée de la Loire) et les vins de Lavilledieu (Sud-Ouest).'Le projet AOC datait d'une bonne dizaine d'années, explique Pierre Constant, technicien au syndicat des côtes du Forez. Pour nous, l'AOC représente une entrée pour certains marchés. Notre changement de statut s'est déjà concrétisé par l'obtention d'un marché à l'export.' A l'image de la plupart des AOVDQS, la coopération commercialise une grande partie des volumes des côtes du Forez.Au-delà de ces dossiers finalisés qui ont fait l'objet de plusieurs visites de commission de l'Inao, d'autres AOVDQS travaillent à cette quête du Graal. C'est le cas des vins de Saint-Pourçain (Allier) qui visent l'AOC d'ici à 2002-2003. 'Notre demande date de 1986, explique Jean-François Huré, animateur du syndicat. Il y a quelques années, nous avons modifié notre décret d'appellation à propos de la densité de plantation, qui est passée de 3 300 à 4 000 pieds par hectare minimum. Actuellement, nous travaillons sur l'encépagement. L'obtention de l'AOC serait la reconnaissance du chemin accompli. Elle serait également une sécurité par rapport à la législation européenne, où le statut des AOVDQS est moins reconnu et beaucoup plus flou qu'en France.'Plus au sud, les côtes de la Malepère (Languedoc) aimeraient elles aussi décrocher l'AOC. 'Nous avons déposé un dossier en 1996, rappelle Marie-Noëlle Grojean, directrice du syndicat du cru Malepère. Après avoir effectué des modifications sur les conditions de production, notre gros travail consiste maintenant à réviser et à étendre l'aire d'appellation. C'est un challenge pour nos vignerons d'obtenir l'AOC. Nous avons envie de monter d'un cran et de personnaliser un peu plus le produit. L'AOC ne devrait pas nous apporter de changements au niveau des ventes locales, mais nous ouvrir des débouchés à l'exportation.'Si une bonne partie des AOVDQS visent à accéder à l'AOC, certaines appellations ne souhaitent rien modifier. A commencer par la principale AOVDQS, le gros plant nantais. 'Les vignerons se sentent bien en AOVDQS, précise Frédéric Macé, directeur de l'union des producteurs de gros plant. Ce vin n'a pas d'intérêt à passer en AOC, car les rendements et donc la rentabilité seraient moindres.' Le gros plant, comme les autres AOVDQS, est principalement vendu sur place, avec une forte clientèle de touristes. C'est pourquoi le CIVN (Comité interprofessionnel des vins de Nantes) joue la carte des vacances pour communiquer sur 'Le gros plant, le plus proche de l'océan'. La publicité couvre sept départements côtiers, de la Charente-Maritime à l'Ille-et-Vilaine. De mi-juillet à mi-août, le CIVN organisera des animations dans cent hypermarchés et supermarchés côtiers au rayon poissonnerie. Les 166 000 hl sont commercialisés à 90% en grandes surfaces, avec deux places fortes, l'Ouest et la région parisienne. Le cours du vrac reste encore bas, à 415 F/hl, le gros-plant sur lie étant échangé à 500 F/hl. L'équilibre entre l'offre et la demande semble être atteint, après une diminution du vignoble de 600 ha en dix ans. Reste à apporter un peu plus de valorisation à ce produit.Ce souhait d'une meilleure rentabilité est partagé par l'ensemble des producteurs d'AOVDQS, qui souffrent du manque de notoriété de leurs produits au-delà de leur zone de production. Pour garantir la qualité des vins et favoriser les ventes, la fédération des AOVDQS a modifié sa réglementation en février 1999: les vins devront être labellisés chaque année. Un mode d'agrément que la fédération juge plus rigoureux que celui des AOC.