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La restructuration des maisons de négoce commence à payer

La vigne - n°110 - mai 2000 - page 0

Les trois quarts des ventes de cognac sont réalisées par quatre maisons de négoce, une concentration unique en France. Avec la crise, elles ont dû s'adapter, parfois durement: baisse des contrats et réduction des effectifs sont au menu.

Le projet de déplacer le service informatique de Hennessy (Louis Vuitton-Moët-Hennessy) à Epernay sur le site champenois de LVMH, évoqué par la presse charentaise début avril, n'aura pas de suite. C'est la réponse donnée au comité d'entreprise par la direction du numéro un du cognac. Le personnel du service commercial de Renault-Bisquit a eu moins de chance: réduit à sa plus simple expression, il a été pris en main directement en 1999 par le groupe Pernod-Ricard auquel appartient cette entité. Quant à l'activité vente et marketing de Courvoisier, elle avait déjà fait l'objet d'un déménagement à Bristol (Angleterre) en 1995, siège du groupe Allied Domecq, son actionnaire.Voilà quelques exemples de restructurations engagées par les négociants de cognac, appelés localement les 'maisons'. Les raisons? La crise sévère des débouchés rencontrée par ce vignoble... et le fait que les principales maisons sont aux mains de multinationales, les décisions ne sont donc pas toujours prises en fonction des seuls intérêts locaux... A ce climat pour le moins incertain s'ajoutent le ballet des PDG et la vente officieuse de certaines maisons.Du côté de Hennessy, un plan social est annoncé pour réduire l'effectif de 700 personnes aujourd'hui à 600 en 2001. Cette maison a aussi modifié les modalités de paiement aux viticulteurs. Elle a été la première à annoncer une baisse de 10,2% du prix des vins (dans tous les crus) au terme des vendanges 1999, sur laquelle les autres maisons se sont alignées.Chez Courvoisier, les ventes sont passées de 1,4 million de caisses en 1990 à 1,15 M en 1999. L'effectif a aussi baissé: de 400 à 220 personnes sur la même période, à coups de restructuration et de 'dégraissage'. Concernant les accords avec les viticulteurs, les contrats triennaux ont été renouvelés l'an passé avec une baisse générale des achats. Les viticulteurs des Fins bois ont été pénalisés de 5%, ceux de Grande et Petite champagne de 25%. Une première diminution des quantités achetées avait été imposée dès 1997: -15% pour tous les crus.Troisième grand négociant: Martell (du groupe nord-américain Seagram). Les effectifs sont passés de 611 personnes en 1990 à 420 à la fin 1999, année où une soixantaine de départs en préretraite ont été négociés. Sur la même période, les ventes ont chuté de 1,8 M de caisses à 1,35 M. Pour les contrats avec les viticulteurs, Martell avait mis un point d'honneur à honorer ses engagements quand ses concurrents commençaient à serrer les boulons. Mais aux vendanges 1998, les livreurs de la maison, dans tous les crus, ont vu leurs contrats diminués de 35%. Même chose en 1999, avec une baisse des achats supplémentaires de 17%, soit 52% sur deux campagnes!Pour terminer avec le quatuor, Rémy Martin (capitaux français) a vu ses effectifs diminuer de près de 20% sur la période, via notamment un plan de retraite progressif. 483 personnes sont employées fin 1999. C'est cette maison française qui a le plus souffert du 'cataclysme' asiatique. A 1,8 M de caisses en 1990, les ventes sont descendues à 1,2 M en 1998. Au dernier pointage de 1999, on annonce une légère reprise à 1,4 M.Toute la question est maintenant de savoir si l'on a atteint le fond ou pas. Les analyses divergent et l'information n'est pas toujours transparente car les centres de décision sont parfois hors de France.Fait rassurant, des investissements ont lieu: 50 MF consacrés par Courvoisier à l'amélioration de son outil de travail; gigantesque budget de promotion de 600 MF annoncé par Hennessy; efforts de reconquête des marchés engagés par Martell et Rémy Martin. Les premiers frémissements d'une reprise sont apparus en 1999, à l'exportation mais aussi sur le marché français. Dans l'Hexagone, les ventes ont progressé de plus de 9% depuis quatre ans et le Bureau interprofessionnel du cognac a triplé son budget de promotion pour l'année 2000, soit 24 MF (voir page 66).

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